Je vais peut-être passer pour un fédéraliste inhumain, en reconnaissant que je suis beaucoup plus triste pour un empilement d’articles que pour Monsieur le Président. [1]
Lorsqu’il sera renvoyé par les Français dans moins d’un an, de nouveaux horizons pourront peut-être s’ouvrir. On pourra alors évaluer la situation et tirer des enseignements des misères de Monsieur Chirac et de ses camarades de buffet - euh, de sommet - européen.
Le problème des promesses non tenues
S’il y a une chose à retenir à jamais des référendums néerlandais, français, espagnol et luxembourgeois, c’est que le grand nombre des abstentionnistes est du à leur mécontentement vis-à-vis de leur gouvernement, vis-à-vis de la situation économique ou de leurs craintes par rapport au principes de la mondialisation et du « néo-libéralisme » en général.
Si nous voulons (et a fortiori si les gouvernements veulent) regagner ces gens à la cause de l’intégration européenne, il faut effectivement répondre au problème des promesses non tenues. Les liens historiques, la paix et la prospérité économique réalisée ne sont pas, on peut le comprendre, le genre de chose dont les chômeurs de longue durée d’Allemagne de l’Est se préoccupent vraiment. Ainsi, l’Europe et les gouvernements nationaux doivent réaliser plus et mieux. Mais nous savons tous qu’il y a des limites à ce que l’Europe intergouvernementale peut faire en termes de gestion macro-économique et de création d’emplois.
Il va sans dire qu’apporter une réponse aux préoccupations sociales des citoyens est la priorité d’un gouvernement. Je suis d’autant plus attristé de voir que la Commission et le Conseil européen commencent à se préoccuper des résultats concrets. Ils n’en ont donc eu aucun jusqu’ici ? Mais surtout, ce programme ne conduit-il pas à créer des attentes plus élevées encore par rapport à ce que l’Europe peut vraiment faire avec les limites des processus décisionnels actuels ?
Communiquer. Et argumenter
Ce programme introduit un deuxième défi : comment défendre l’Europe ? On ne peut accepter qu’un Premier ministre (néerlandais) dise à son électorat que le « non » au référendum amènera à nouveau la guerre en Europe centrale. Si c’est là tout ce qu’il a à dire pour défendre le traité constitutionnel ou a fortiori pour toute étape supplémentaire de l’intégration européenne, autant s’acheter une villa et s’exiler à Ventotene [2]. Au contraire, mon sentiment est que la JEF était la seule organisation proactive, aussi bien au niveau national qu’européen, à organiser des actions pour faire remonter les préoccupations des citoyens, tant pour influencer la rédaction du traité que plus tard, lors des ratifications.
Nous faisons cependant face à trois difficultés, qu’il faut résoudre si l’on ne veut pas perdre (une nouvelle fois) en 2007-2009. Il faut d’abord renforcer nos arguments, utiliser les bons exemples, viser les bons auditoires, et enfin sortir et aller là où nous pouvons influencer les gens. Deuxièmement, nous ne sommes pas les seuls dans la « famille européenne » : aussi bien au niveau national qu’européen, je crois que l’UEF et le Mouvement européen peuvent faire bien plus avec nous. Changeons-les de l’intérieur et faisons-en des organisations militantes qui permettront une émulation.
Finalement, il faut que nous touchions les gens au-delà de nos cercles habituels. Combien de nouveau groupes, intéressants, se sont créés pendant et après les campagnes référendaires ? Acceptons-les à notre bord par le biais de réunions, de réponses aux appels d’offre, de débats au niveau local, d’activité de lobbying ou tout simplement autour d’un verre. Voilà les gens et les discussions vers lesquels nous devons nous tourner. Si nous étions ennuyeux, nous resterions bloqués sur les procédures de ratification. Mais nous sommes l’organisation politique de jeunes la plus excitante d’Europe. Et notre objectif est clairement devant nous : l’adoption de cette Constitution ou d’une Constitution encore meilleure.
(Document traduit de l’anglais par Emmanuel Vallens, membre du bureau national des « Jeunes Européens - France »)
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