20 ans après, les jeunesses européennes se dressent contre les nouveaux murs à l’Est

20 ans après, les jeunesses européennes se dressent contre les nouveaux murs à l'Est

20 ans après la chute du Mur de Berlin, l’Histoire n’est pas finie et l’idée européenne demeure un combat.

Ont signé cette tribune : Dominique Sopo (Président de SOS Racisme), Arielle Schwab ( Présidente de l’UEJF), Baki Youssoufou (Président de la Confédération Etudiante), Le collectif FreeCaucasus, La Maison de l’Europe et d’Orient, l’Association des Géorgiens de France, Nicolas Jean (Président des Jeunes Européens - France), Badere Karba (Président du collectif du 28 Septembre), Gauthier Caron-Thiebault (Elu PS), Patrick Klugman (Elu PS), Julien Boucher (Militant associatif, Jeudi Noir, Macaq), Nicolas Papiachvili (Président de la Fédération Jeunes Populaires du Nord), Eric Kragbé (Jeunes PRG).

Les peuples et les gouvernements de l’Union Européenne s’apprêtent à célébrer le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, événement libérateur qui lança le processus de réunification de notre continent et forgea le rapport au monde de notre génération. Nous participerons avec allégresse et conviction à ces célébrations. 

Mais, alors que les commémorations officielles se limiteront à évoquer au passé un mur dont il ne reste que quelques tronçons soigneusement conservés comme autant de témoins d’une histoire supposée révolue, nous - jeunes citoyens européens - entendons rappeler qu’il existe à nouveau, en Europe, des murs divisant les peuples et les sociétés. 

Un mur, aujourd’hui, traverse la Géorgie, délimitant les régions occupées d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Construit précisément par les gens dont les idées ont été défaites le 9 novembre 1989, il vient sceller une politique d’épuration ethnique qu’un rapport commandé par l’Union Européenne vient de dénoncer et qui a conduit des centaines de milliers de civils à être expulsés de leurs villes et villages sur des critères racistes ou politiques, dans les années 1990 et en août 2008. 

Des murs, physiques ou invisibles enferment des peuples entiers dans un système oppressif que nous espérions à tout jamais disparu de notre continent. Ils maintiennent les jeunesses caucasiennes, abkhazes, ossètes, tchétchènes, ingouches ou daghestanaises, mais aussi les jeunesses russes ou biélorusses, dans la peur et l’enfermement.

20 après la chute du Mur de Berlin et l’ouverture du rideau de fer, comment justifier que des centaines de jeunes Tchétchènes puissent être arrêtés ou enlevés chaque année ? Comment tolérer la chasse aux « culs noirs » (citoyens du Caucase ou d’Asie Centrale) qui s’organise impunément dans les rues de Saint-Pétersbourg ou de Moscou ? Comment comprendre qu’un Géorgien originaire d’Ossétie ou d’Abkhazie ne puisse se rendre sur la tombe de ses parents ? Comment admettre que les militants des droits de l’homme et les journalistes indépendants puissent être à nouveau emprisonnés ou assassinés en Russie ? Comment supporter que la Pologne soit libre et non la Biélorussie ?

L’homme qui a envoyé la 58e armée russe raser Grozny, une capitale de 400 000 habitants, et ensuite envahir la Géorgie, Vladimir Poutine, a qualifié la chute de l’URSS de « pire catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Nous pensons au contraire qu’il s’agissait d’un nouveau départ pour l’idée européenne. Ce nouveau départ a porté d’indéniables fruits. Mais il n’a pas marqué le dépassement des combats politiques et éthiques. Loin s’en faut.

Les premières pierres du Mur construit par l’armée russe en Géorgie sont là pour nous le rappeler : la construction européenne, qui est la grande aventure politique de notre génération, demeure, comme elle l’a toujours été, un combat. Contre le racisme, contre le nationalisme, contre les idéologies totalitaires. Contre les murs qui divisent et asservissent les peuples.

Ce combat politique et éthique ne sera pas gagné par de simples commémorations. Il le sera par la conviction, le dévouement, l’enthousiasme des jeunesses européennes. Il le sera si nous n’acceptons pas qu’un pays européen soit à nouveau occupé et divisé. Voilà pourquoi la Géorgie nous préoccupe et nous concerne. Voilà pourquoi nous appelons à manifester le 8 novembre à 15h sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Donnons un sens actuel aux professions de foi européennes de nos élites politiques, ancrons ces commémorations dans l’actualité.

Illustration : photographie du mur.

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Vos commentaires
  • Le 9 novembre 2009 à 06:04, par Martina Latina En réponse à : 20 ans après, les jeunesses européennes se dressent contre les nouveaux murs à l’Est

    Merci de vouloir « ancrer » les anniversaires dans le présent et de montrer le cap d’autres libérations nécessaires.

    Si la chute d’un mur fut possible d’une manière aussi pacifique et retentissante, d’autres doivent tomber, notamment à l’est : les Européens sont à la fois les témoins et les dépositaires de l’émancipation toujours en cours dans le sillage d’EUROPE, la jeune éclaireuse sortie de l’Antiquité comme de l’Orient sur un TAURILLON plus prodigieux qu’un cheval de Troie, puisqu’il allait donner la victoire non pas à un peuple, mais à la civilisation.

    Par la vigilance, par l’audace, par l’innovation, montrons-nous donc dignes, responsables et solidaires de la démocratie en marche vers la justice et la paix qui rouvrent sans fin le chemin. « Ecrivons les murs » pour que mains et rencontres fraternelles effritent les remparts de la peur à coups de lettres, de dialogues, d’actions concertées, pour que la liberté s’« écrive » dans l’histoire, pour que les passerelles formées par l’alphabet et la navigation phéniciens qui portèrent l’élan européen continuent de tisser l’humanité.

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