Big brother is watching Europe

, par Ferghane Azihari

Big brother is watching Europe
Auteur : charlesfettinger

Depuis quelques semaines, les USA sont au cœur d’un scandale lié à un vaste programme d’espionnage que l’on nomme PRISM. Révélé par un ancien employé de la NSA et de la CIA du nom d’Edward Snowden, ce programme signe l’arrêt de mort de la philosophie individualiste sur laquelle se sont pourtant construits les États-Unis d’Amérique. Mais bien plus que cela, ce programme peut (doit ?) déclencher une véritable crise diplomatique entre les USA et sa présupposée principale alliée, l’Europe, qui a été victime de ce programme d’espionnage.

Les USA, de l’État de droit à l’État policier

On avait cru comprendre, après la tuerie de Newton, le caractère intouchable sinon sacré du deuxième amendement de la Constitution américaine garantissant à chaque américain le droit de porter une arme à feu. Mais qu’en est-il du quatrième et du cinquième ? Ceux qui protègent l’individu d’une intrusion disproportionnée des pouvoirs publics ? Il semble qu’ils aient été purement et simplement écartés par la toute puissance de l’exécutif américain. Dans ces conditions Tocqueville ne peut que se retourner dans sa tombe s’il voyait l’état calamiteux des contre-pouvoirs de la tant adulée « démocratie » américaine qui voit son administration dotée de pouvoirs non démocratiquement contrôlés, qui agit grâce à un mandat délivré par une juridiction secrète , et qui mène ses actions en dehors de ses frontières. Mais il existe un point positif dans tout cela, en particulier pour ceux qui dénonçaient la toute puissante domination de la culture occidentale dans la mondialisation. Le soft power chinois vient désormais la tempérer, preuve que le centre du monde se réajuste vers l’empire du milieu.

Réjouissons nous du soft power chinois !

L’universalisation de l’économie de marché est souvent utilisée pour montrer l’influence considérable du modèle américain sur l’ensemble du globe au détriment des autres cultures. Mais désormais, la Chine doit être elle aussi considérée comme tenant d’un véritable soft power en ce qu’elle a finalement convaincu son premier rival du fait que la liberté économique ne va pas forcément de paire avec la liberté politique. Quoi de plus réjouissant que le brassage des cultures ? Mais il convient sans doute de se pencher plus sérieusement sur les causes de telles actions. A cet égard, la pilule de la lutte contre le terrorisme sera plus difficile à avaler.

La lutte contre le terrorisme, un prétexte fallacieux

Quand on reprochait au gouvernement américain d’espionner les ressortissants européens par le biais des réseaux sociaux, ce dernier rétorquait en brandissant l’argument du salut public via la lutte contre le terrorisme. Mais alors que le journal allemand Der Spiegel révèle que les institutions communautaires ont elles aussi été victimes d’espionnage , il y a lieu de considérer que le terrorisme n’est en fait qu’un prétexte pour légitimer l’action d’une puissance qui se croit être au dessus de la souveraineté des autres États du monde, y compris européens, à moins que nos dirigeants et nos diplomates aient effectivement un lien avec les organisations terroristes qui gangrènent tant de sociétés à travers le globe ? Pour l’heure on attend encore les explications du ministère de la véri...euh de la maison blanche.

L’Union européenne doit agir de manière ferme

Il est difficile d’envisager des sanctions économiques contre l’État le plus riche de la planète même si certains eurodéputés comme Daniel Cohn-Bendit appellent à une rupture des négociations commerciales jusqu’à la signature d’un accord sur la protection des données. Mais si l’on constate que les USA violent sans problème leur propre constitution, alors il y a lieu d’être sceptique sur la portée d’un simple accord de droit international... L’Union européenne ne doit pas ignorer un tel scandale pour autant. Elle doit renforcer sa propre sécurité. Elle doit afficher son unité la plus totale face aux infractions américaines et envisager des sanctions diplomatiques. L’une d’elles pourrait être d’aller devant une juridiction internationale ou encore d’accorder l’asile politique à Edward Snowden conformément aux principes humanistes et individualistes que l’Europe dit vouloir porter sur la scène internationale à la différence désormais visible des USA et surtout pour montrer que l’on humilie pas près de 27 États impunément. A cet égard, on peut se demander ce qu’attendent les autorités nationales pour convoquer les ambassadeurs américains à propos de ce scandale. De plus la place que tiennent le Royaume-Uni, qui n’est apparemment pas visé par le programme PRISM , et l’Autriche, qui accueille une antenne de la NSA doit être clarifiée.

Une note légère pour conclure

Il faut désormais espérer tirer quelque chose de bien de toute cette affaire. Pourquoi pas une population plus cultivée ? En effet le site d’informations Slate rapporte que la vente du livre 1984 de George Orwell a crû de plus de 5000% depuis les révélations d’Edward Snowden. Une occasion de revisiter les chefs d’oeuvre de la littérature occidentale. Quoi que non...après tout « l’ignorance, c’est la force »...

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Vos commentaires
  • Le 2 juillet 2013 à 12:19, par Alexandre Marin. En réponse à : Big brother is watching Europe

    Je crois que le titre est mal choisi. En effet, Orwell dresse un tableau de la société stalinienne où tout est surveillé, où Big Brother est obligé de regarder en permanence ce qui se passe. D’ailleurs, les ressortissants de l’ancien bloc de l’Ouest étaient accablés par la surveillance dont ils étaient l’objet à chaque instant dès qu’ils traversaient le rideau de fer. Le manque de liberté était asphyxiant et diverses activités propres aux régimes totalitaires tels que le culte de la personnalité étaient nécessaires pour maintenir le pouvoir en place.

    De nos jours, on n’a plus besoin de surveiller. A travers Internet, les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, on n’a plus besoin de « regarder », de surveiller en permanence, puisqu’on peut savoir à n’importe quel moment ce que quelqu’un a fait en tel lieu et à tel moment. Ce n’est pas le cas dans 1984, où tout se fonde sur la surveillance permanente et sur la dénonciation. Plus besoin de ces chimères, au temps où la société peut se permettre d’avoir une apparence démocratique et un goût « totalitaire », où la liberté, faute d’être réelle, est réellement illusoire, où ne règne plus que le sentiment de liberté. Internet permet une marge de liberté très large, c’est pourquoi ce système est tant redouté dans les dictatures comme la Chine ou la Corée du Nord. Mais la médaille a son revers, qui peut facilement avoir le dessus, lorsque les citoyens ne sont pas assez avertis.

    Quant à un accord avec les Etats-Unis sur la protection des données, il faut exiger, comme condition sine qua non à sa signature, que les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, et autres plateformes du ciber-espace basés aux Etats-Unis soient soumis au(x) droit(s) européen(s) lorsqu’ils opèrent sur le territoire de l’Union. Il faut aussi prévoir des sanctions en cas de transgression du traité, qu’elles soient appliquées par un des signataires de l’accord ou qu’elles soient appliquées par les Nations Unies.

  • Le 2 juillet 2013 à 19:14, par Jacques Duclos En réponse à : Big brother is watching Europe

    Comme si les dirigeants européens n’étaient pas au courant des activités d’espionnage menées sur le Vieux Continent par les services américains...

    Ca remue un tout petit peu, tout simplement parce que l’info a été jetée en place publique.

    Bref, cette affaire apporte une nouvelle preuve quant au fait que le continent européen n’est plus qu’un pauvre petit vassal des Etats-Unis et de leurs intérêts.

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