Commission Barroso II : le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein ?

, par Les Jeunes Européens - France

Commission Barroso II : le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein ?

Alors que la seconde commission du Président Barroso prend ses fonctions, un air de déjà vu semble faire l’unanimité. Les commentaires se sont fait nombreux pour railler une Europe dont le traité de Lisbonne devait sortir de sa supposée opacité, en lui donnant institutions et acteurs clefs du mouvement.

Patatra, voilà que l’investiture de la commission, au plein cœur d’une série noire pour l’Europe, a semblé marquer le retour aux bonnes vieilles mauvaises habitudes.

En effet, l’entrée en matière de cette nouvelle Commission se fait dans un contexte qu’on aurait pu lui rêver plus clément. La crise économique et les perspectives d’une faillite grecque mettent sérieusement à mal la solidarité de l’Union, les premiers pas décevants de Cahterine Ashton empêchent à son rôle de prendre toute son envergure rêvée.

Et la persistance espagnole à marquer sa présidence semestrielle pourrait bien avoir coûté à tous la le venue du Président Obama au sommet UE-Etats-Unis, reconnaissant qu’il ne savait plus trop vers qui se tourner. Cerise sur le gâteau, voilà donc que le Président de la Commission sortant, José Manuel Barroso, notoirement reconnu pour son silence lors du déclenchement de la crise économique et sa vision plus que floue de la construction d’une Europe politique, est reconduit dans ses foncions, accompagné d’une nouvelle équipe, au terme d’une savante négociation entre Etats dont l’Union n’a que trop le secret.

L’espoir réside au Parlement

Ce tableau noir dressé, les plus fervents des europhiles pourraient avoir renoncé à tout optimisme. Mais à y regarder de plus près, il y a pourtant fort à parier que tout ne soit pas perdu. L’audition successive de chacun des commissaires par les parlementaires européens a en effet constitué l’une des avancées les plus emblématiques de cette nouvelle Europe « de Lisbonne ». Instant fort de démocratie, chaque futur commissaire, pure émanation des tractations inter-étatiques, a ainsi du justifier de son ambition, de son projet pour son portefeuille, devant des députés européens qui ne les ont pas ménagés.

Si la presse retiendra de ces auditions les hésitations, voire les faiblesses, de certains commissaires, l’Histoire retiendra sûrement qu’un Parlement européen, institution supranationale représentante des peuples d’Europe, a réussi à pousser hors de la Commission une commissaire bulgare un peu trop obscure. Cet événement illustre la volonté des eurodéputés de se saisir des nouvelles prérogatives que Lisbonne leur offre, et laisse espérer un contrôle renforcé de l’action de la Commission par les élus des peuples européens. Par ces auditions, le Parlement a imposé son style, montré combien il ne s’agirait plus désormais de le considérer comme un acteur de second rang mais bien comme un pilier du projet politique européen.

Tout ça pour quoi diront certains ? Tout ça pour une Commission investie dans son ensemble, après des négociations entre groupes politiques dont le Parlement a encore trop l’habitude. Et le coup de colère de Daniel Cohn Bendit n’y suffira pas. Les logiques de négociation opaques ont encore de belles pages à écrire. Ne nous y trompons pas, les progrès sont bien au rendez-vous, réels, et la route est encore longue. Mais un jour, prenons nous à rêver d’un Parlement qui puisse investir une Commission, commissaire par commissaire, compétence par compétence, qui vote en l’âme et conscience des peuples qu’il représente plutôt que des intérêts politiques de ses groupes.

Alors, l’Europe se sera offert les moyens de son ambition, une Europe au pouvoir entre les mains de ses peuples, qui pourra prendre son destin en main. Voilà pourquoi au delà des critiques bien légitimes que l’on peut faire à cette Commission investie, il y a une belle dose d’Histoire et d’optimisme dans la page qui vient de s’écrire au Parlement.

Illustration : Logo des Jeunes Européens France

Vos commentaires
  • Le 18 février 2010 à 09:46, par Cédric En réponse à : Commission Barroso II : le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein ?

    Bonne analyse.

    Mais je ne vois pas vraiment l’intérêt d’instituer un procédure d’investiture individuelle des candidats-commissaires par le Parlement.

    D’ailleurs, dans les faits, le Parlement a déjà un pouvoir (informel) d’investiture et de censure individuels des commissaires : les auditions sont individuelles, elles donnent lieu à des décisions individuelles, et le futur accord interinstitutionnel PE-Comission prévoit la censure individuelle par le PE. Tout cela est donc en place ou pratiquement en place, et ça ne change rien.

    La clé est plutôt dans l’élection du Président de la Commission. Si le Parlement commençait par élire un président de la Commission solide, issu d’une majorité cohérente au Parlement, on n’aurait pas besoin de recourir à des tractations interétatiques et intergroupe de marchands de tapis pour former la Commission. Car cette Commission serait constituée pour réaliser un programme européen, pas pour satisfaire des intérêts éparses.

  • Le 2 mars 2010 à 01:42, par Christophe TAVERNIER En réponse à : Commission Barroso II : le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein ?

    J’ai jamais autant aussi déçu et embobiné par un Homme Politique non français que Barroso.

    ça me cause un stress profond de ne plus pouvoir être inspiré par une alternative au nationalisme ambiant et dépassé.

    Si vous avez comme moi, découvert l’Europe et ses promesses, alors depuis 2000, vous tombez chaque année, plus des nues ...!

    Barroso, c’est le DéSESPOIR Incarné. C’est l’échec totalement écrasant de la Stratégie de Lisbonne.

    DES LEADERS DU PASSE POUR UN PROJET D’AVENIR C’est quasiment le MODELE D’HOMME POLITIQUE EUROPEEN d’ HYPER-FONCTIONNAIRE qu’il faut abattre à Bruxelles :

     promets beaucoup
     en plus en plusieurs langues
     réussi peu
     mal élu
     convainc UNIQUEMENT les fonctionnaires de Bruxelles et de Washington, Paris
     est incapable de se faire RESPECTER POLITIQUE par ses collègues et la

    LE BAL DES GOUVERNEURS si Blair avait pas toutes ses fantomes de la guerre en Irak, sa carrière de conférencier barroudeur et leveur de fonds pour son réseau personnel de fondations philantropiques... Si Angela était plus Jeune et Sexy... Si Sarkosy était moins nationaliste et populiste, si les Grecs étaient... moins grecs...

    Conclusion : il faudrait STOPPER de suite la Stratégie de Lisbonne et faire autre chose d’urgence. La balle est dans le camps de la Jeunesse Européenne !!! Commençons par prévoir d’exister dans le jeu SINO-AMERICAIN :-(

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