Créons une carte d’identité européenne !

, par Fabien Cazenave

Créons une carte d'identité européenne !

Les 10, 11 et 12 octobre 2013, le Nouvel Observateur organise les "Journées de Bruxelles« avec pour mot d’ordre »Ré-inventer l’Europe" et pour hashtag #MonEurope. Le Taurillon soutient cette belle initiative et fait des propositions. Par exemple : créons une carte d’identité européenne.

Depuis janvier 2013, nous avons un permis de conduire européen, le même pour tous les citoyens européens. Il est grand temps de passer à une prochaine innovation, une carte d’identité européenne.

Cette idée, pourtant simple, n’a jamais pu voir le jour jusqu’à présent. Souvent il est opposé que le Royaume-Uni n’a pas de carte d’identité papier et que l’idée y serait impopulaire pour des raisons culturelles propres à ce pays. Pareil pour le Danemark et l’Irlande.

Pourtant, une carte commune serait un beau symbole de cette construction européenne. Cela voudrait dire que nous allons au-delà de la dimension étrangère du pays d’à côté. Nous aurions ainsi plus en commun qu’un passeport, document de voyage en dehors des frontières.

Cette européanisation de la carte d’identité marquerait la fin de la séparation entre citoyens nationaux ou non. Aujourd’hui, la capacité à se déplacer d’un citoyen en Europe est censée être totale. Que cela soit pour voyager ou pour s’installer. Or, par notre élément le plus fort du point de vue officiel pour marquer notre identité, nous sommes séparés et différents du fait de notre origine. C’est la preuve permanente que notre identité commune n’est pas complète.

De plus, avoir 27 documents (puisque le Royaume-Uni n’en a pas) d’identité, cela demande à nos administrations et notre police de connaître 27 différentes façons de prouver son identité. Cela est source de confusion, au profit des mafias et de tous ceux qui veulent utiliser une carte d’identité contrefaite. Sa détection est ainsi très difficile pour les agents sur le terrain.

Surtout, ce serait un symbole concret, dans notre poche, de notre appartenance commune à l’Union européenne. Souvenons-nous en 2005 de ces jeunes des quartiers populaires qui brandissaient leur carte d’identité pour montrer qu’ils étaient Français devant les caméras de télévision. Aujourd’hui, les symboles européens présents dans notre quotidien sont peu nombreux, comme si l’Europe était extérieure à notre vie. Le symbole « CE » pour assurer le niveau de sécurité d’un produit proposé à la vente, la mention « Union européenne » sur nos passeports, le drapeau européen devant un édifice public si l’administration le veut bien. Le permis de conduire européen prochainement.

Avoir une identité multiple : nationale et européenne

Cela ne veut pas dire que nous allons perdre notre identité française. Il s’agit juste d’une identité plus globale. On est toujours Breton ou Corse, né à La Rochelle ou Strasbourg, malgré notre carte d’identité française. Il s’agit néanmoins d’un papier d’identité en commun qui nous rassemble autant qu’il nous définit vis-à-vis de l’administration.

Bien sûr, cela nous obligerait à nous interroger sur notre rapport à la nationalité et au vote. Notre identité française se définit-elle seulement par notre nationalité ? Pour des raisons historiques en France, nous lions souvent citoyenneté et nationalité. Notamment, par ce qu’au moment de la Révolution française, il fallait justifier d’aller se battre contre d’autres Français, les nobles qui voulaient le retour de la monarchie. Devenait alors Français, celui prêt à se battre pour la République et ses valeurs communes.

Nous devons dépasser cet horizon national qui nous étouffe dans un monde globalisé où les "grands pays" sont désormais continents. Un Polonais venu s’installer en France, qui paye ses impôts chez nous et qui construit sa vie sur notre territoire ne doit pas perdre pour autant son identité d’origine au profit de la seule nationalité française.

Si nous avions une carte d’identité européenne, nous serions toujours Français, mais nous serions aussi Européen.

Les Journées de Bruxelles, c’est trois jours de débats organisés par « le Nouvel Observateur » dans la capitale belge, du 10 au 12 octobre 2013. C’est aussi 60 propositions sur l’Europe publiée à l’issue de cet événement. A suivre sur Twitter avec le hashtag #MonEurope

L’édito de Laurent Joffrin : SOS Europe...

D’année en année, les peuples se détachent de l’idée européenne. D’année en année, le continent reste confiné dans la stagnation économique et le chômage de masse. D’année en année, on doute de plus en plus que l’Union européenne soit capable de sortir de son apathie et de jouer à nouveau un rôle sur le scène mondiale. Incohérence des Etats-membres qui paralysent l’Union avant de la désigner comme bouc émissaire ? Impuissance des institutions comunautaires si lentes à produire des décisions en période de crise ? Désenchantement des opinions qui attendaient protection de l’Europe et n’en reçoivent qu’injonctions et demandes de sacrifices ? Il est temps de réagir. Au train où vont les choses, la coalition des anti-européens peut devenir majoritaire dans la prochaine élection du Parlement européen ; faute d’un sursaut, le continent risque à terme de sortir doucement de l’Histoire pour devenir un simple objet du jeu mondial. Comment démocratiser la politique de l’Europe ? Comment relancer son économie ? Comment perfectionner son modèle social ? Comment assurer son rayonnement culturel ? Pour répondre à ces questions cruciales, le Nouvel Observateur a convié les plus haut responsables et les meilleurs experts aux Journées de Bruxelles avec ce mot d’ordre urgent et décisif : Réinventons l’Europe !

POLITIQUE ET GEOPOLITIQUE : Martti Ahtisaari (Finlande), président de la République (1994-2000), prix Nobel de la paix 2008 / Joaquín Almunia (Espagne), vice-président de la Commission européenne, commissaire européen à la Concurrence / László Andor (Hongrie), commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Inclusion / Clémentine Autain (France), conseillère de Paris (2001-2008) / Michel Barnier (France), commissaire européen au Marché intérieur et aux Services / François Chérèque (France), secrétaire général de la CFDT (2002-2012), président du conseil d’administration du think tank Terra Nova / Jean Daniel (France), fondateur et éditorialiste « Nouvel Observateur » / William Dartmouth (Grande-Bretagne), député européen, membre du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni / Kemal Dervis (Turquie), ministre de l’Économie (2001-2002) / Ánna Diamantopoúlou (Grèce), présidente du DIKTYO-NETWORK pour la Réforme en Grèce et en Europe, ministre de l’éducation (2009-2012), commissaire européenne à l’Emploi et aux Affaires sociales (1999-2004) / Isabelle Durant (Belgique), vice-présidente du Parlement européen, groupe des Verts/Alliance libre européenne / Philippe Etienne, réprésentant permanant de la France auprès de l’Union européenne / Mariya Gabriel (Bulgarie), députée européenne / Peter Galbraith (Etats-Unis), sénateur du Vermont, premier ambassadeur des États-Unis en Croatie / Felipe Gonzalez (Espagne), président du gouvernement (1982-1996) / Sylvie Goulard (France), députée européenne MoDem / Karel de Gucht (Belgique), commissaire européen au Commerce / Bernard Guetta (France), éditorialiste spécialiste de géopolitique internationale / Elisabeth Guigou (France), députée PS de Seine Saint-Denis, présidente de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, ancienne ministre / Eneko Landaburu (Espagne), ancien Directeur général Relex de la Commission Européenne / Yves Leterme (Belgique), premier ministre (2009-2011), secrétaire général adjoint de l’OCDE / Denis MacShane (Grande-Bretagne), ministre des Affaires européennes (2002-2005) / Paul Magnette (Belgique), président du Parti socialiste, bourgmestre de Charleroi / Philippe Maystadt (Belgique), vice-Premier ministre et ministre des Finances et du commerce Extérieur (1995-1998), président de la Banque européenne d’Investissement (2000-2011), Président de Microstart, institution de microcrédit qui finance des chômeurs / Mario Monti (Italie), président du Conseil des Ministres (2011-2013), sénateur de la République / Matteo Renzi (Italie), maire de Florence / Thierry Repentin (France), ministre des Affaires européennes / Didier Reynders (Belgique), vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes / Alex Salmond (Ecosse), premier ministre / Freddy Thielemans (Belgique), bourgmestre de Bruxelles / Hubert Védrine (France), ministre des Affaires étrangères (1997-2002) / Evángelos Venizélos (Grèce), ministre des Affaires étrangères / Guy Verhofstadt (Belgique), Premier ministre (1999-2008), président du groupe ADLE au Parlement européen / António Vitorino (Portugal), commissaire européen à la Justice et aux Affaires intérieures (1999-2004), président de Notre Europe-Institut Jacques Delors / Henri Weber (France), député européen / José Luis Rodriguez Zapatero (Espagne), président du gouvernement (2004-2011)

ECONOMIE, FINANCE ET ENTREPRISE : Charles Beigbeder (France), fondateur de Poweo et d’Audacia / Yves Bertoncini (France), directeur de Notre Europe-Institut / Jacques Delors / Kostas Botopoulos (Grèce), président de l’autorité grecque des marchés financiers / Jean-Pierre Clamadieu (France), président du groupe belge Solvay / Daniel Cohen (France), économiste / Étienne Davignon (Belgique), vice-président de la Commission européenne (1981-1985), vice-président de Suez-tractebel, président de la Fondation Paul-Henri Spaak / Paul De Grauwe (Belgique), économiste / Henry Hermand (France), administrateur de Terra Nova / Pascal Lamy (France), directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (2005-2013) / Pierre Larrouturou (France), économiste / Pascal Lizin (Belgique), directeur des Affaires internationales de GlaxoSmithKline / Emma Marcegaglia (Italie), présidente de Business Europe / Christophe de Margerie (France), président de Total / Gérard Mestrallet (France), président de GDF-Suez / Guillaume Pepy (France), président de la SNCF / Claude Perdriel (France), président du conseil de surveillance du « Nouvel Observateur » / Thomas Piketty (France), économiste / Stéphane Richard (France), président d’Orange / Robert Salais (France), économiste / Nicolas Vernicos (Grèce), président de la chambre de commerce internationale

CULTURE, RECHERCHE ET SOCIETE : Peter de Caluwe (Belgique), directeur général du Théâtre de la Monnaie / Philippe Cayla (France), président d’Euronews Development / Juan Luis Cebrián (Espagne), président du groupe de presse PRISA / Luc Dardenne (Belgique), cinéaste / Stéphane De Groodt (Belgique), comédien et humoriste / Paul Dujardin (Belgique), directeur de BOZAR / Niall Ferguson (Grande-Bretagne), historien, professeur à Harvard, auteur de « Civilization. The West and the Rest » / Costa Gavras (Grèce), cinéaste / Olivier Guez (France), écrivain / Douglas Kennedy (Etats-Unis), écrivain / Cédric Klapisch (France), cinéaste / Etienne Klein (France), physicien, directeur de recherches au Commissariat à l’Énergie atomique et aux Énergies alternatives / Tom Lanoye (Belgique), romancier, scénariste et auteur de théâtre / Richard Laub, président de Stand Up for the US of Europe / Bernard-Henri Lévy (France), philosophe / Marc Lévy (France), écrivain / Geert Mak (Pays-Bas), journaliste et écrivain / Norman Manea (Roumanie), écrivain / Félix Marquardt (France), cofondateur du mouvement Europeans Now / Matthias Matussek (Allemagne), journaliste et écrivain / Luuk van Middelaar (Pays-Bas), philosophe / Jörg Monar (Allemagne), recteur du Collège d’Europe / Gérard Mortier (Belgique), directeur du Théâtre royal de Madrid / Michel Onfray (France), philosophe / Jean-Michel Ribes (France), directeur du Théâtre du Rond-Point / Paolo Rumiz (Italie), écrivain et journaliste / Eric-Emmanuel Schmitt (Belgique), écrivain / Peter Schneider (Allemagne), écrivain / Vijay Singh (Inde), réalisateur / Marc Weitzmann (France), écrivain

« avec le soutien des autorités fédérales belges, en partenariat avec la Représentation en Belgique de la Commission européenne et le Bureau d’information du Parlement européen en Belgique »

Vos commentaires
  • Le 20 février 2015 à 17:15, par Dr Son En réponse à : Créons une carte d’identité européenne !

    Tout à fait d’accord avec l’auteur de cet article. Pour renforcer le projet d’une conscience européenne, il faut faire entrer l’Europe dans notre quotidien. Une carte d’identité européenne serait un outil symbolique et effectif de la citoyenneté européenne qui reste pour l’instant trop théorique. En attendant, il y a le permis de conduire européen qui existe depuis 2013 et qui peut servir de transition douce.

  • Le 4 mars 2017 à 09:21, par ALONSO En réponse à : Créons une carte d’identité européenne !

    Convaincu par l’obtention d’une carte d’identité Européenne, Comment et quand ?...

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