Suivant la Slovénie qui avait adhéré en 2004, la Croatie devient ainsi le deuxième des six pays de l’ex-Yougoslavie à rejoindre l’Union. Les responsables politiques croates, avaient par ailleurs souligné que le vote en faveur de l’intégration dans l’UE constituait la décision la plus importante pour ce pays depuis l’indépendance obtenue au prix d’une guerre ( de 1991 à 1995) contre la Serbie, ayant fait vingt mille morts.
Parallèlement, la condamnation du Général Gotovina par le Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie ( TPIY) de La Haye, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, commis en 1995 contre les Serbes de Croatie, avait suscité de vives réactions du côté croate. Celui-ci était en effet considéré comme le héros de l’indépendance par ses concitoyens. L’arrestation du Général constituait une condition de Bruxelles dans le cadre des négociations pour l’adhésion de la Croatie.
Peu de temps avant le référendum, le Général Gotovina avait appelé le peuple Croate à voter en faveur de l’adhésion à l’Union européenne. Demande qui a finalement une réponse positive de la part des électeurs.
Suite au résultat du référendum, les réactions de la presse croate ont été diverses. Ainsi,l’éditorialiste de Novi List, Neven Santic, se réjouissant du « oui » obtenu, relevait que la Croatie allait devoir trouver sa place au sein de l’Union, « communauté d’intérêts », tout en considérant qu’il s’agissait là d’un grand pas pour cette jeune République, qui ne perd rien et encore moins sa souveraineté, mais qui au contraire, a tout à y gagner.
A l’inverse, le journal Jutarnji List, avait choisi de se concentrer sur le « ouf de soulagement » pour Bruxelles. Si en votant oui, les citoyens croates ont démontré que le projet européen avait leur soutien, la faible participation a également été retenue. Selon le journal, tout en voulant faire partie de l’Union, le peuple croate n’en attendrait beaucoup venant de sa part .
Cette adhésion de la Croatie fut un travail de longue haleine. En effet, si la volonté de rejoindre le bloc européen l’emportait en 2003 ( 80%), ce sentiment pro-européen s’est estompé au fil des négociations ( qui ont duré de 2005 à 2011), ceci en raison des critères et exigences de Bruxelles, qui furent vues parfois comme du chantage. La crise que traverse la zone euro a accentué ce sentiment. Face à cela, les gouvernants croates avaient tenté de marquer la différence entre la crise que traverse la zone euro et la crise économique touchant la Croatie, et soulignant que l’adhésion à l’Union apporterait « un environnement financier et macroéconomique stable (...), ce qui va relancer le développement de l’économie ».
Une chance pour l’économie croate ?
En effet, si le pays avait enregistré entre 2003 et 2006 (+ 5% de croissance annuelle en moyenne) de bonnes performances économiques, et avait été qualifié d’ « économie la plus avancée de la zone Danube-Balkans » (PIB par hab de 10200 €/hab), il connaît depuis 2008 une période de récession. - 6% en 2009, -1, 2 % en 2010. S’il est prévu une stagnation pour l’année 2012, une nouvelle récession n’est néanmoins pas à exclure.
La crise que nous traversons actuellement a eu également pour effet de mettre en exergue les limites du modèle de croissance local, à savoir la consommation des ménages. Ainsi, les principaux moteurs économiques ont révélé que durant les dix premiers mois de l’année 2011 les taux de croissance étaient négatifs ou faiblement positifs (industrie -1,3%, construction -7,3%, commerce de détail +1,8%). Comme ailleurs dans la région, l’investissement direct étranger qui s’était effondré en 2010 (-89% par rapport à 2009) a encore chuté de 20% en glissement annuel durant le 1er semestre 2011.
A l’inverse, les revenus liés au tourisme qui s’étaient stabilisés en 2010 après une baisse de 6 % en 2009 (6,5 Md EUR) ont augmenté de 9% au 1er semestre. Les exportations qui quant à elles avaient fortement progressé en 2010 (+18%), se tassent sur les trois premiers trimestres 2011 (+0,8%) sous l’effet du ralentissement de croissance économique observé dans l’eurozone.
Face à cela, des réformes structurelles ont été mises en œuvre afin de renforcer la compétitivité, avec un poids non négligeable de l’économie informelle, estimée à 15% du PIB par la Banque centrale.
En raison de la crise que connaît actuellement la zone euro, certains peuvent se demander quel était finalement l’intérêt pour la Croatie de rejoindre l’Union maintenant. A cela, il peut être répondu que l’adhésion de la Croatie pourra permettre d’augmenter ses exportations dans le cadre des échanges intra-communautaires. Il s’agit également de rejoindre une véritable communauté européenne et ainsi finalement après une dure période, de tourner la page du passé pour plus d’Europe.
Le projet européen, un espoir pour les Croates
Retenons que la Croatie a démontré que son intégration au sein de l’Union constituait pour elle une réelle volonté, laquelle a été confirmée par le référendum et donc par les citoyens. Cette volonté a été démontrée par la satisfaction aux exigences de Bruxelles portant par exemple sur le règlement du différend frontalier avec la Slovénie, pour lequel la Croatie avait accepté qu’un tribunal arbitral soit mis en place. De par les négociations avec les Institutions de l’Union, la Croatie intègre l’acquis communautaire et devient ainsi, le vingt huitième État membre. Retenons ainsi le chemin parcouru par cette jeune République, ce que l’Europe peut lui apporter, et ce qu’elle peut apporter en retour aux autres européens.
Au delà des critiques à l’égard des Bruxelles et inquiétudes liées à la crise économique actuelle, bien que certains voient l’approche de fin de l’Union européenne, l’adhésion de la Croatie montre qu’en dépit des difficultés que connaissent les États, ainsi que la zone euro, le projet européen, continue d’attirer les États, et le volet intégration, lui continue de fonctionner, ce qui, pour les pro-européens peut être une source d’encouragement.
Souhaitons donc la bienvenue à la Croatie, ou plutôt : Dobrodošli !
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