Donnons une voix au Parlement européen !

, par Christoph Sebald, traduit par Jean-Mathieu Duchêne

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Donnons une voix au Parlement européen !
Le Parlement européen (Bruxelles) © Services audiovisuels du Parlement européen

Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne le premier décembre 2013, quelques décisions seulement peuvent encore être prises sans la participation du Parlement européen. Seule institution européenne directement élue, le Parlement représente les citoyens au niveau européen. Cependant, cette institution reste méconnue. La situation doit changer ! C’est l’objectif de la rédaction !

Cinq visages, une série

Dans les jours à venir, un vent démocratique soufflera sur le Taurillon. Au nom de la rédaction, je me réjouis d’annoncer la parution sur ce site d’une série particulière d’articles. En effet, nous publierons les articles de cinq eurodéputés issus de différents groupes du Parlement.

Ces articles abordent des thèmes assez larges et traitent de sujets allant des garanties pour les jeunes aux réseaux ferroviaires transeuropéens, en passant par le tout nouveau Centre européen de lutte contre la cybercriminalité. Le Taurillon va vous faire découvrir les préoccupations actuelles de vos représentants à Strasbourg. Et puis, pourquoi cela revêt-il tant d’importance ?

L’empreinte des citoyens dans l’enceinte du pouvoir

Depuis sa création, le Parlement a vu son influence croître sans arrêt. C’est une bonne chose, parce que le Parlement est le seul organe de l’Union européenne qui est élu directement. En plus de ses compétences en matière de codécision, le Parlement dispose d’importants droits de contrôle des organes de l’Union qui ne sont pas élus directement, en particulier de la Commission et du Conseil. Si une institution incarne l’empreinte des citoyens dans les rouages du processus législatif européen, c’est bien le Parlement européen.

Par le passé, le Parlement s’est souvent illustré en tant que défenseur des intérêts des citoyens européens. Par exemple, il a critiqué la directive « services » et l’éventuelle privatisation menaçante des systèmes communaux d’approvisionnement en eau qui aurait pu en résulter. En 2011, il a décidé de geler une partie du budget destiné aux groupes d’experts de la Commission pour exiger une plus grande transparence et une meilleure protection contre un accaparement de ceux-ci par des lobbyistes. À ces moments-là, le Parlement a prouvé sa responsabilité envers les citoyens. Et la liste est d’ailleurs loin d’être terminée...

Indépendant, mais inaperçu

Ni les gouvernements nationaux, ni la Commission ne proviennent du Parlement. C’est la grande force de ce dernier. Ce n’est que grâce à son indépendance vis-à-vis de la Commission que le Parlement peut exercer pleinement son rôle d’organe de contrôle indépendant.

Le contrôle efficace des institutions européennes part cependant du principe que les débats sont relayés par une couverture médiatique appropriée, afin de créer une pression de l’opinion publique, de sorte que des propositions de lois qui ne viseraient pas primairement le bien commun de la population soient écartées. Dans cet objectif, le Parlement doit avoir le soutien des citoyens et, pour ce faire, a donc besoin d’une forte attention de la part des médias. Jusqu’à présent, ça n’a pas été le cas.

Donnons une voix au Parlement européen

Selon la vision erronée des choses, les parlements nationaux sont la source primaire de la responsabilité démocratique. Ce n’est pourtant pas le cas, parce que ce ne sont pas les parlements nationaux, mais bien les gouvernements nationaux et leurs représentants à Bruxelles qui codécident. Et la responsabilité de ces derniers envers leurs parlements nationaux reste limitée, parce que les parlements nationaux représentent des majorités gouvernementales et que les responsables politiques d’opposition préfèrent orienter le débat public vers des thèmes nationaux. Même lorsque des députés de parlements nationaux abordent des thèmes européens, ils préfèrent les présenter et en discuter dans un cadre national.

En plus de la barrière linguistique apparaît maintenant la barrière des colorations nationales, qui représentent une forte cause d’incompréhension. Cette difficulté est tout aussi difficile à surmonter que la barrière linguistique, même si elle repose sur des perspectives différentes, voire parfois opposées.

Il est fonctionnellement illogique d’attribuer une tâche primairement supranationale à un organe national. C’est le meilleur moyen d’étouffer dans l’œuf tout vrai discours européen, sans compter que cela nuit à la fonction sociétale de l’institution, à savoir la mise en place d’un dialogue supranational. Dans ses prises de position, le Parlement européen a déjà surmonté plusieurs fois cet obstacle. Le Parlement européen, en tant qu’institution européenne et dans sa volonté de renforcer son rôle, a par ailleurs un besoin profond de s’emparer des thèmes politiques européens et d’en discuter ouvertement. La meilleure des choses qui contribuerait à la responsabilisation de la politique européenne et aiderait à donner une dimension européenne au débat sur des thèmes européens serait que les députés lancent les discussions sur les politiques européennes au Parlement et que le débat se poursuive ensuite dans l’espace public.

Mais d’ici à ce que le Parlement dispose de l’attention médiatique nécessaire à l’accomplissement total de sa fonction démocratique, il reste un bout de chemin à parcourir. En tant que rédaction du Taurillon, nous voulons apporter notre modeste contribution et vous inviter à vous engager pour que le Parlement européen fasse entendre sa voix dans les discussions nationales. Les citoyens de l’Union européenne ont bien besoin d’un représentant à la voix forte et à l’accent européen.

Vos commentaires
  • Le 26 février 2013 à 14:31, par Xavier En réponse à : Donnons une voix au Parlement européen !

    Avoir un PE uniquement à Strasbourg serait déjà un début !

    Bruxelles c’est comme une forêt. Chacun essaie d’aller plus haut pour capter la lumière, l’attention des médias.

    Avec un PE uniquement à Strasbourg, ça l’aiderait. Notamment parce qu’il y aurait des journalistes à Bruxelles et d’autres à Strasbourg. Dans la tête des citoyens ça les aiderait également à faire la distinction entre le PE (Strasbourg) et les autres institutions (Bruxelles ou ailleurs).

    Sans parler des autres multiples avantages.

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