Qui a tué la Yougoslavie ?
Pour nous ce sera là l’occasion de nous interroger sur les raisons profondes de l’éclatement, de l’implosion, du démembrement de l’ancienne Yougoslavie :
Cet Etat multinational mort de ne pas avoir su se transformer à temps en une véritable Démocratie et en un véritable Etat fédéral vraiment dignes de ce nom.
Serbie, Monténégro, Kosovo...
Ce sera aussi pour nous l’occasion de nous pencher sur le cas très spécifique du Kosovo, deux mois après le référendum d’autodétermination (des 21 et 22 mai derniers) qui aura vu le Monténégro finalement décider de prendre son indépendance vis à vis de la Serbie après 88 ans de ’’vie commune’’ : cette Serbie qui s’interroge aujourd’hui encore sur son identité politique et sur son destin.
Le Kosovo : une région des Balkans au peuplement mixte mais conflictuel (serbe et albanais) où de bonnes volontés s’efforcent aujourd’hui d’y dépasser les ’’querelles d’héritage’’ territoriales et inter-ethniques pour y construire une société civile plurielle, moderne et démocratique.
Et ce, à l’heure où reprennent à Vienne (depuis ce lundi dernier, 24 juillet 2006) les négociations internationales sur le statut futur de cette actuelle province serbe aujourd’hui majoritairement peuplée de Kosovars albanais et placée sous protectorat onusien international depuis la guerre de 1999.
Récit de voyage en Bosnie-Herzégovine
De même, ces prochains jours nous vous inviterons à lire le témoignage de deux de nos adhérents actuellement en voyage en Europe centrale et balkanique. Ainsi, cette semaine, vous trouverez dans votre webzine le récit de leur escale en Bosnie-Herzégovine : cette ancienne République yougoslave tout particulièrement meurtrie par les combats des années 1992-1995.
Une Bosnie-Herzégovine récemment encore cruellement frappée par la guerre civile entre Bosniens de nationalités différentes : Bosniaques (musulmans), Croates (catholiques), Serbes (orthodoxes) et anciens Yougoslaves (de toutes confessions).
Une Bosnie-Herzégovine depuis peu en voie de stabilisation mais, aujourd’hui encore, traversée par de graves tensions nationalistes à l’heure où le récent référendum d’autodétermination au Monténégro semble avoir relancé les projets séparatistes des nationalistes serbes de Bosnie [1].
Celles-là même qui ont menées au siège de Sarajevo et aux massacres de Srebrenica, il y a seize ans déjà. Et sur lesquels nous reviendrons à l’heure où, depuis le 14 juillet dernier (à La Haye), s’ouvre le procès de sept responsables de ces atrocités.
Des Balkans en mutation
Mais, comme on va le voir ici, tout n’est pas non plus complètement désespéré pour cette région des Balkans occidentaux aujourd’hui en mutation : une région meurtrie et encore convalescente mais qui - perspectives de partenariat diverses aidant - est aujourd’hui en marche vers l’Europe.
Même si le chemin restant à parcourir vers l’UE peut, cependant encore, nous paraître à tous bien long et bien tortueux. Bonnes lectures, européennes bien sûr.
Ronan Blaise (pour la rédaction)
1. Le 31 juillet 2006 à 22:11, par Ronan Blaise
En réponse à : Le Monténégro, un nouvel Etat en Europe
Le 28 juin dernier (jour de la fête nationale serbe), le Monténégro ou ’’Crna Gora’’ (i. e : ’’pays de la Montagne noire’’) -Etat montagneux des Balkans de 670 000 habitants (capitale : Podgorica, anciennement Titograd)- est devenu le 192’ Etat membre des Nations unies (Président : M. Filip Vujanovic ; PM : M. Milo Djukanovic).
En effet, lors du référendum des 21 et 22 mai derniers (avec un taux de participation proche des 80%), 55,5% des Monténégrins s’étaient alors prononcés pour l’indépendance, presque immédiatement reconnue par Belgrade.
Depuis 1992, le Monténégro formait avec la Serbie la « République fédérale de Yougoslavie » (RFY), rebaptisée « Serbie-et-Monténégro » (SCG) en 2003, suite à des accords bilatéraux passés sous l’égide de l’ONU et de l’UE en mai 2002. Il ne s’agissait là que d’un ’’partenariat souple’’ entre les deux entités, avec un Président, un Parlement, une diplomatie et une armée commune.
Mais les tensions étaient quasi permanentes entre les deux parties et il n’y avait plus une seule fonction économique commune aux deux entités, ni drapeau, ni monnaie commune (la Serbie utilisant le dinar, mais le Monténégro utilisant l’euro). Un Etat ’’provisoire’’ dont il était admis d’entrée qu’il pourrait être dissous par référendum au bout de trois ans.
Un ’’antagonisme’’ serbo-monténégrin qui prend ses racines dans l’histoire dans la mesure où ce petit Etat des Balkans (constitué dès le Moyen Age et internationalement reconnu au Congrès de Berlin de 1878) avait cependant été incorporé au « Royaume des Serbes et Slovènes et Croates » dès 1918, au prix de ’’procédures irrégulières’’ (ou en tout cas dénoncées comme telles par les partisans de l’indépendance...).
Inaugurant là une longue période de mise sous tutelle de la part de la Serbie et de nostalgie de l’indépendance perdue, souvenirs difficiles dont le pays est aujourd’hui affranchi.
(Sources : Nombreux articles de la presse nationale et internationale des 20 et 22 mai 2006).
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