J’ai rencontré des manifestants, des chefs de l’opposition et des diplomates de l’Union et conclu que la démission de Moubarak vendredi soir est attendue comme la voie vers un futur démocratique même si les intérêts de l’armée ont besoin d’être protégés pendant la transition.
La révolte achevée et le climat de peur dissipé
J’ai fréquemment visité l’Égypte au fil des ans – je suis un descendant de Lawrence d’Arabie – mais cette fois c’est différent. Le climat de peur s’est dissipé. Les familles flânent joyeusement ensemble : les gens m’ont montré des signes de Victoire. La place Tahrir, l’épicentre des protestations, était presque vide quand je suis parti hier matin.
Cet étalage de calme et d’ordre était planifié par la Constitution pour le Changement – un groupe formé il y a presque un an par plusieurs partis d’opposition – dont j’ai rencontré les dirigeants à un dîner de travail samedi. J’ai aussi rencontré avant-hier les ambassadeurs britannique et de l’UE qui travaillent en étroite relation avec leur homologue américain.
L’administration provisoire a déclaré dimanche que les élections présidentielles et législatives seraient tenues dans les six mois ; elle a suspendu la constitution et dissout le parlement. Plusieurs autres réformes clés ont été annoncées. Le sentiment parmi les réformistes au Caire est que l’armée a tenu parole jusqu’à présent.
Le Parlement européen engagé pour que justice soit faite en Égypte
Hier, lors d’une conférence de presse avec moi-même et le Dr Ayman Nour, l’un des principaux dissidents politiques égyptien et leader du parti libéral El Ghad (« Le Lendemain »), il a remercié l’armée pour son rôle de stabilisation.
Nour avait été emprisonné à deux reprises pour avoir participé aux élections présidentielles de 2005 contre Moubarak. Armée d’une forte volonté du Parlement européen, mon intervention aida à libérer Nour lors de la première Assemblée parlementaire de l’EuroMed en mars 2005 au Caire.
Alors que nous nous réjouissons, nous devrions nous souvenir des nombreuses personnes tuées ou battues durant les récentes violences et des prisonniers politiques, estimés à plusieurs milliers, qui sont toujours emprisonnés en Égypte.
La loi martiale s’applique maintenant et nous devons continuer à réclamer le retrait complet des lois d’urgence de Moubarak. De plus, nous devons être vigilants sur les droits de l’Homme. Il est essentiel pour les égyptiens de décider comment les autres crimes, y compris ceux commis durant la précédente révolution populaire, devraient être résolus.
L’UE doit soutenir l’organisation d’élections démocratiques et le respect des droits de l’Homme
J’ai présidé la mission d’observateurs non officiels du Parlement européen pour les élections parlementaires de novembre 2005. Elles étaient une imposture. Nous devons insister pour que les élections à venir soient non seulement bien préparées mais pour qu’elles soient tenues dans des conditions exemplaires et sous l’observation d’experts internationaux.
N’importe quelle réforme devrait être à la fois transparente et inclusive. Nous ne devons pas autoriser que les candidats d’une faction ou d’une autre soient privilégiés financièrement ou de toute autre manière. Le sacrifice de tant de personnes ne doit pas être vain.
L’économie égyptienne est dans un état déplorable, tout comme ses systèmes de santé, d’éducation et de transport ainsi que l’environnement.
Le futur gouvernement fera face à une tâche presque impossible. Nous devons réfléchir à notre rôle à la lumière de la Politique Européenne de Voisinage et différencier clairement entre les pays en cours de réforme et les autres. L’aide européenne à l’Égypte – 110 millions d’euros – est environ identique à l’aide non militaire américaine : il s’agit de sommes nominales pour un pays-clé de 83 millions d’habitants. Je ne peux que conclure que nous devons réviser significativement les priorités de l’UE.
L’Égypte n’est qu’une partie du nouvel esprit de démocratie de notre temps, mais pour le monde arabe et l’Afrique du Nord c’est une partie cruciale. Nous devons aussi suivre de près et soutenir les mouvements démocratiques dans les autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui cherchent à suivre la voie ouverte par l’Égypte et la Tunisie.
J’ai dit hier que je n’étais pas au Caire comme Britannique ou Européen mais en tant qu’Égyptien honoraire. Nous ne devons pas interférer mais nous devons être prêts à aider. J’attends impatiemment de développer ce rapport lors des débats à venir.
1. Le 17 février 2011 à 10:24, par HR En réponse à : Egypte : « cette fois c’est différent » !
Les Egyptiens peuvent donc compter sur le Parlement européen pour recevoir des promesses sans aucune portée concrète.
Peut importe, tout le monde sait que pour ce qui est de l’Occident, et depuis Suez, les descendants de Laurence d’Arabie sont mieux placés que quiconque pour le savoir, tout se joue entre le Caire et Washington.
Cette fois encore, ce ne sera pas différent.
2. Le 18 février 2011 à 07:26, par Martina Latina En réponse à : Égypte : « cette fois c’est différent » !
Il est surtout temps pour l’UE et spécialement pour le Parlement Européen de travailler, concrètement, courageusement, à la liberté solidaire inaugurée par le Proche-Orient : plus exactement par la figure antique et mythique de la jeune Phénicienne EUR-OPE. Son nom, comme on le sait, a vite signifié VASTE-VUE chez les Grecs qui, après son enlèvement par le TAURILLON légendaire, l’adoptèrent ainsi que les inventions nées sur la même terre qu’elle et toujours fondatrices pour la démocratie : les techniques nautiques et l’art alphabétique.
Afin d’être toujours plus digne de cette désignation, cette vocation, cette vivante tradition, l’Union Européenne doit et peut mobiliser ses forces, présentes et futures, en aiguisant le sens des responsabilités comme du bien commun : car ainsi se fédèrent les énergies ; ainsi se développent les dynamiques de la liberté solidaire lancée par Europe, relayée par EuroMed comme par la Politique Européenne de Voisinage. Regardons plus loin que nos querelles de clochers et d’intérêts, agissons à longue échéance dans la concertation, la cohérence et la clarté dont les « eurocitoyens » sont porteurs.
3. Le 19 février 2011 à 13:34, par Schams En réponse à : Égypte : « cette fois c’est différent » !
Attention aux traductions rapides, McMillan Scott est l’un des vice presidents de la Ss-Commission aux Droits de l’Homme plus precisement. A observer qu’il n’avait rien dit sur l’Egypt ces 2 dernieres annees en delegation Mashrek au Parlement europeen, absent, mais maintenant c’est different !
4. Le 23 février 2011 à 22:29, par Marc-Antoine Coursaget En réponse à : Égypte : « cette fois c’est différent » !
Pour répondre à Schams, les pages Wikipedia et du Parlement européen de Edward McMillan-Scott indiquent bien qu’il est Vice-Président du Parlement européen mais pas qu’il est membre de la Sous-Commission aux Droits de l’Homme ?!
Suivre les commentaires : |