De 2005 on se souvient encore que les débats entourant le référendum sur le Traité constitutionnel s’étaient mués pour certains en un référendum pour ou contre Jacques Chirac, ou pour d’autres encore en référendum pour ou contre le libéralisme.
En 2009, la campagne des européennes fut aussi rythmée autour de débats pour ou contre Nicolas Sarkozy… Très peu ont débattu des problématiques liées à l’Europe : démocratie européenne, politique économique communautaire, élargissement, politique étrangère etc. Les débats se contentaient de faire intervenir des politiciens français sans jamais se demander ce qu’il se passait ailleurs, chez nos voisins qui votaient pourtant pour le même Parlement.
Deux grandes raisons aux désintérêts pour les Européennes
Derrière cette parfaite inadéquation entre la finalité de ces élections et la campagne les précédant, se cache deux principales causes.
La première, c’est le système médiatique en France, très franco-centré, qui dans son ensemble fait très peu d’effort pour retransmettre la campagne qui se déroule chez nos voisins ou même donner aux sujets européens l’importance qu’ils méritent. Les médias confortent l’impression que l’actualité n’existe que dans le cadre de l’espace public national.
La deuxième raison est que les formations politiques qui se présentent à ces élections sont des émanations de partis nationaux très différents. Réunis en coalitions au niveau européen, ces dernières sont parfois très hétéroclites. Malgré des propositions communes, celles-ci ne s’imposent pas pendant la campagne. De même, les candidats qui s’y présentent sont souvent bien plus intéressés par un destin national que par un engagement au sein de l’Europe, comme en témoignent les taux de présence de certains élus au Parlement européen. Enfin, en France, la stratégie de campagne est orchestrée par et pour des Français, sans réussir à dépasser ce cadre national.
Comment européaniser les élections ?
Pour remédier à ce problème, les partis politiques doivent proposer aux électeurs un projet véritablement européen, sur le long terme et qui ne laisse aucune place aux enjeux nationaux. Il faut créer un espace public européen où les enjeux et les débats dépassent les frontières et concernent directement tous les Européens.
Pour ce faire, se dessine un véritable besoin de partis politiques transnationaux, avec une stratégie, un programme et des instances communes pour tous les pays Européens. Les coalitions de partis nationaux ne marchent pas et ne font que reproduire au sein du Parlement européen le modèle intergouvernemental qui nous handicape tant. Parlement pourtant censé représenté l’ensemble des électeurs en Europe.
A court terme, la Commission européenne doit devenir ce gouvernement légitime dont a besoin l’Europe, avec une opposition claire au sein du Parlement, et une majorité pour la soutenir. Cela permettrait à tout un chacun de constater que la démocratie européenne n’est pas une farce mais est vivante.
A l’aube du centenaire du début de la grande guerre, il est temps de tourner définitivement la page des divisions européennes en instaurant cet espace public européen par la voie politique.
1. Le 26 octobre 2012 à 17:47, par giraud jean-guy En réponse à : Elections européennes de 2014 : dépasser les enjeux nationaux
Beaucoup plus prosaîquement, les associations pro-européennes - dont les JEF - devraient inviter les partis à ne présenter que des candidats motivés, compétents, disponibles et dévoués . Cela pourrait passer par un système de jury ou de primaires citoyens ouverts au public. ! De même, un processus d’évaluation publique des programmes européens des partis pourrait être organisé. Beaucoup de choses sont possibles avec un peu d’imagination et d’initiative ! JGGIRAUD
2. Le 28 octobre 2012 à 11:30, par Julien-223 En réponse à : Elections européennes de 2014 : dépasser les enjeux nationaux
@JG Giraud
L’idée de jurys me paraît illusoire. Je ne crois pas que les grands partis vont consentir à déléguer leur processus d’investiture à des associations extérieures de quelques centaines ou milliers de membres, sans élus, sans ressources propres conséquentes, et ne correspondant que marginalement à leur plateforme politique.
De même, on peut exiger des candidats motivés, compétents et disponibles ; d’ailleurs ne soyons pas trop négatifs, les partis en proposent. Mais il y aura toujours un pourcentage plus ou moins important de déchets tant que notre pays d’appellera la France et qu’un réforme structurelle des européennes ne sera pas engagée, car ce sera la vocation des élections européennes de servir de placard aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’enjeu réel dans cette élection et que le scrutin de liste facilitera la logique du placard.
De mon point de vue, si les associations fédéralistes veulent des candidats fedéralistes aux européennes, pourquoi ne pas simplement et plus prosaiquement encore en proposer elles-mêmes, ne serait-ce que par l’intermédiaire du Parti fédéraliste européen ?
Enfin, je n’ai pas vraiment l’impression que l’UEF se mobilise pour renforcer le statut des partis politiques européens, qui est actuellement en débat au Parlement européen ? http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/sefcovic/documents/com_2012_499_fr.pdf
3. Le 25 avril 2014 à 13:35, par Lame En réponse à : Elections européennes de 2014 : dépasser les enjeux nationaux
Rappelons que Sarko étaient en train de rechuter dans les sondages fin mai. Ses discours forts/critiques/eurosceptiques de dernière minute dope la popularité de l’UMP qui remporte le scrutin le 6 et 7 juin et le PS perd 17 sièges. Les Français n’ont donc pas plebiscité Sarko qui est bien vite retombé dans les sondages : Ils ont opté pour sa ligne politique anti-commission. Les législatives européennes de 2009 étaient peut-être un plebiscite sur Barroso mais pas sur Sarkozy.
Cela fait des années que les choix électoraux des Français sont traduits, avec mépris, comme des plebiscites pour ou contre le Gouvernement. Ce discours convenu n’est fondé sur rien, revient à mettre tous les Français dans le même panier et réfute tout simplement la possibilité qu’ils puissent voter en fonction des programmes qui leur sont présentés ou du bilan des sortants. C’est une attitude commode qui permet à la Commission européenne de ne jamais se remettre en cause.
La désaffection pour les élections européennes tient à trois choses : 1) Le progamme du PPE est inscrit dans les traités et il est impossible de persuader l’électorat du contraire. 2) L’application du programme du PPE relève essentiellement de la Commission et du Conseil de l’Union. A l’instar de la Douma de Nicolas II, le rôle du Parlement européen se limite encore essentiellement à être leur caution démocratique. 3) Pour faire une analogie avec Rome, les lobbies sont le patriciat de l’Europe, les dirigeants européens, députés inclus, jouant le rôle de caste équestre. Puisque le véritable électorat sont les lobbyistes, pourquoi aller voter ?
Personnellement, je vais toujours voter à tous les scrutins et uniquement sur base des programmes. S’abstenir ne sert qu’à doper les scores des partis extrémistes. Dans mon cas, cela reviendrait aussi à priver des candidates de mon vote ; je ne vote que pour des femmes.
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