Sauvons l’Europe : Que pensez-vous du résultat du nouveau référendum organisé en Irlande sur le traité de Lisbonne ?
Élisabeth Guigou : C’est une très bonne nouvelle, d’autant que les Irlandais ont voté massivement pour le traité de Lisbonne. Ils ont reçu des assurances sur leur commissaire, la fiscalité, leur neutralité... La crise est passée par là aussi : il valait mieux pour eux être dedans que dehors. C’est une très bonne nouvelle pour l’Irlande et pour l’Europe aussi.
Sauvons l’Europe : Que pensez-vous de l’attitude du président tchèque Vaclav Klaus qui refuse de signer la ratification du traité de Lisbonne ?
Élisabeth Guigou : Ce n’est pas une surprise. Ce qu’on peut craindre c’est que les recours se multiplient et qu’il les fasse durer jusqu’aux élections britanniques (au mois de juin 2010) et qu’il y ait ensuite un référendum comme s’y est engagé David Cameron s’il gagnait les élections qui compromette l’ensemble. C’est le scénario noir.
Je n’y crois pas trop. La République tchèque ne peut pas se résumer à Vaclav Klaus uniquement. On ne sait pas ce que la Cour constitutionnelle va décider. Il faut qu’elle déclare recevable le premier recours. L’Union européenne a aussi des arguments très concrets vis-à-vis de la République tchèque. Il y a un moment où Vaclav Klaus va devoir réfléchir très sérieusement par rapport à son obstruction.
Est-ce que David Cameron lui-même aura intérêt une fois Premier Ministre à ce mettre sur les bras un référendum sur l’Europe ? Je n’en suis pas absolument certaine. L’expérience montre dans tous les pays que lors du passage de l’opposition à la majorité et donc au pouvoir, on devient tout d’un coup beaucoup plus compréhensif vis-à-vis de l’Europe.
Je crois qu’il ne faut pas trop noircir mais qu’il faut être vigilant. Nous avons besoin que le traité entre en vigueur le plus rapidement possible. La présidence suédoise voudrait qu’il entre en vigueur dès fin octobre pour le prochain Conseil européen. C’est un peu optimiste vis-à-vis des décisions de la Cour constitutionnelle tchèque. Il faut qu’il entre en vigueur avant la fin de l’année et que tout le dispositif institutionnel soit en place au 1er janvier de l’année prochaine pour que ça marche. Nous devons passer à des politiques concrètes parce que c’est ça qui intéressent les Européens.
Que va-t-on faire sur le climat, en matière d’énergie, pour sortir de la crise et lutter contre le chômage, pour que ne recommencent pas les pratiques financières qui nous ont mené dans le mur ? C’est tout ça qui est important. Et plus vite on a un schéma institutionnel stabilisé, mieux c’est.
Sauvons l’Europe : Et maintenant ?
Élisabeth Guigou : Quand on aura un président (ou une présidente) du Conseil européen, un haut (ou une haute) représentant pour la politique étrangère... Il faut quand même qu’on s’interroge sur la présence d’une femme à ces postes, mais enfin... Une fois qu’on aura ces deux personnages en place, l’Europe recommencera à être visible.
Ce qui me navre, c’est qu’en raison des problèmes institutionnels depuis cinq ans, l’Europe disparaît en tant que telle dans tous les grands rendez-vous internationaux. Au G20, c’était flagrant. C’est vrai que G7, G8 et autres ne sont pas très favorables à la visibilité de l’Union européenne, mais c’est la première fois qu’on la voit à ce point disparaître derrière les États-Nations. Il faut que ça change et cela changera quand nous aurons un (ou une) nouveau président du Conseil européen et un (ou une) Haut représentant de la politique étrangère commune.
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