A l’époque de la guerre froide, l’Otan, crée en 1949, a pour mission de défendre les nations occidentales, des deux cotés de l’Atlantique, contre toute attaque extérieure. Le traité de Maastricht en 1992 a marqué le passage d’une union économique à une union politique et le besoin d’une défense européenne.
Des pays d’Europe orientale ont adhéré a l’Union européenne (UE) et ont rejoint l’Otan. Tous ces pays faisant partie de l’UE se sont engagés à se protéger mutuellement dans la recherche d’une politique européenne de sécurité et défense (PESD). Cette PESD a-t-elle vocation à être une filiale de l’OTAN ou à s’en affranchir ?
Structures de la PESD
Elles sont calquées sur celles de l’OTAN, mais en modèle réduit, avec un Comité politique et de sécurité (COPS), un Comité militaire (CMUE), un état major (EMUE).
Toutefois la PESD ne dispose pas d’un état major opérationnel permanent, tel le SHAPE de l’OTAN, en Belgique : le Royaume-Uni y est hostile, redoutant que l’Europe de la défense fasse double emploi avec l’OTAN.
Pour y pallier une cellule civilo-militaire de planification et de conduite éventuelle des opérations peut être adjointe à l’EMUE : le Royaume Uni s’oppose à son activation. Pourtant Londres et Paris, piliers du sommet de Saint Malo (1998), dotées d’armées fortes, ont la capacité de porter des projets européens.
Missions dévolues à la PESD
Ce sont les missions dites de Petersberg, autrement dit des missions de préservation de la paix, avec un volet humanitaire –ce qui n’est pas incompatible avec l’utilisation d’armes létales-, et non de défense de l’Europe, du domaine de l’Otan. L’Otan, pour les nations qui en font partie, assure leur défense collective, et reste indispensable à la sécurité européenne.
Où sont présentes actuellement les Forces européennes (EUFOR) ?
– en Bosnie Herzégovine, depuis la fin de l’IFOR (Implementation Forces), mission de l’OTAN
– en République du Congo, en 2006, lors des élections, avec un PC européen à Postdam, hiérarchie du PC sur le terrain.
– au Darfour, opération conduite à partir d’un PC au Mont Valérien… et consommatrice de temps avant que d’être déployée sur le terrain, compte tenu de l’interprétation politique donnée à cette opération par les différents pays devant y participer.
A ne pas confondre avec l’EUROCORPS, héritier de l’ex brigade Franco Allemande, qu’ont rejoint des nations telle l’Espagne, etc.
Forces à la disposition de la PESD
En théorie l’EUFOR est un corps d’armée de 60.000 hommes et ses appuis, constitués par 100 bateaux et 400 avions, soit 80.000 hommes environ (à multiplier par 3 pour tenir compte des relèves), pouvant être mobilisées, acheminées et déployées dans un délai court. Autrement dit 240.000 hommes sur un total, d’environ, 2 millions en age de porter les armes pour l’ensemble des 27.
Ce corps d’armée est constitué de différentes unités obéissant à leur hiérarchie habituelle. Ces soldats, travaillent sous commandement multi national.
Comparaisons PESD / Otan
Au niveau des budgets, il existe un rapport de 1 à 3 entre les budgets alloués par l’UE à la PESD, et les Etats-Unis, principal contributeur du budget de l’OTAN :
– 150 Mds d’Euros pour la PESD/an, 450 Mds d’Euros par les Etats-Unis pour l’OTAN
– 1,3% du PIB de l’UE pour la PESD, 3,8% par les Etats-Unis
400 Euros par habitant dans l’UE, 1200 Euros aux Etats-Unis
L’OTAN dispose de moyens logistiques importants, dont ne dispose pas l’EUFOR, ainsi que d’une courbe d’expérience dans la projection de troupes et leur déploiement sur des théâtres d’opérations extérieurs. Par ailleurs 23 des 27 pays de l’UE appartenant à l’Otan contribuent également à son budget de fonctionnement.
Paradoxes et difficultés
S’il existe bien une complémentarité entre la PESD et l’Otan, la superpuissance militaire des Etats-Unis et le leadership qu’ils exercent tout naturellement au sein de l’OTAN sont un obstacle majeur au renforcement de la PESD. En effet la puissance des Etats-Unis dans l’OTAN conduit à déresponsabiliser les gouvernements européens en matière de défense : les Etats-Unis, au travers de l’Otan, sont censés garantir notre sécurité européenne, notre défense territoriale. Et, in fine, le renforcement souhaitable de l’UE dans le domaine de la PESD conduit à un renforcement de l’Otan ! La volonté et la possibilité d’un transfert de souveraineté au sein de l’UE sont-elles réelles ?
C’est un paradoxe. En effet reprenant le traité de Lisbonne, il y est précisé que le Haut représentant pour la PESD, le Ministre de la Défense européenne, est nommé par le Conseil européen. En développant leurs moyens de défense les pays de l’UE souhaitent avoir plus de poids, à la condition de parler d’une seule voix, et peser d’avantage dans les affaires du monde.
L’absence de chaîne de planification et de commandement permanent, ainsi que d’un véritable marché de l’armement, est déploré par Guy Tessier, Président de la commission de la défense au Palais Bourbon.
Un autre obstacle à l’existence d’une PESD homogène repose sur le statut des soldats : en Allemagne, dans les pays du Nord, ceux-ci sont syndiqués. Alors qu’au sein de l’Otan cet obstacle est plus facilement lissé, compte tenu du poids humain des Etats-Unis au sein de l’organisation atlantiste.
Last but not the least, il convient de rappeler que le Royaume-Uni et les pays de l’Europe orientale, sont essentiellement atlantistes, ce qui n’est pas le cas en France, en Allemagne etc. Cependant Nicolas Sarkozy se rapprochant des Etats-Unis, donc de l’Otan, a aussi rapproché les pays de l’Europe orientale, comptant sur leur soutien pour des avancées dans le domaine de la défense européenne.
Et pourtant, quel que soit le sondage considéré, Eurobaromètre, EADS-IPSOS… L’opinion publique est plus que favorable à une politique européenne de défense commune… mais sans transfert de souveraineté. Alors l’Europe de la défense reste le parent pauvre de l’UE…du fait de l’Otan !
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