Les causes d’une renaissance
Pourquoi ce regain ? La crise économique, d’abord, est passée par là laissant des économies meurtries, des chômeurs en nombre et des hommes politiques bien impuissants face à l’ampleur du phénomène. L’immigration ensuite, et l’échec du « modèle multiculturel » que déplorait il y a peu Angela Merkel. Deux faits générateurs d’inquiétude, de préoccupation et de peurs pour les citoyens. Deux chevaux de bataille pour ces nouveaux partis d’extrême droite. Renouer avec un idéal national, fermer les frontières, promouvoir une économie plus autarcique. Telles sont les revendications de ces partis populistes florissants en Europe. Des revendications assez peu uniformes en général, des revendications qui sont moins des propositions qu’une manière forte d’exprimer un « NON » général et assez vide de sens. Ce qui caractérise ces mouvements c’est surtout la xénophobie et en particulier la peur de l’Islam, souvent pris pour cible.
Modification de paysage politique européen
Ces partis ont le vent en poupe et bouleversent l’équilibre politique européen. Certains pays doivent déjà les intégrer dans leur politique interne. En Italie, Silvio Berlusconi compose déjà depuis quelques années avec la Ligue du Nord dont est membre son ministre de l’intérieur, Roberto Maroni. L’extrême droite est également entrée au gouvernement au Danemark. Aux Pays-Bas, le PVV, autre parti d’extrême droite est devenu en juin dernier la troisième force politique du pays, le plongeant dans une paralysie de plusieurs mois due à la difficulté de former une coalition dans un tel contexte. Dans les pays où les urnes plébiscitent moins ces partis, ils s’invitent tout de même dans le débat. Et les partis de droite classiques d’aller chasser sur les terres de l’extrême droite de façon à endiguer le phénomène. Ainsi, les idées nationalistes et parfois xénophobes s’invitent partout dans le débat politique européen.
Il y a près d’un an, les Suisses votaient ainsi par référendum l’interdiction des minarets au terme d’un débat politique houleux. En Allemagne c’est un livre qui a créé la polémique. Celui du Social-démocrate, Thilo Sarrazin : « L’Allemagne court à sa perte ». Dans cet essai, l’auteur affirme que les musulmans minent l’Allemagne et abaissent l’intelligence moyenne. Des propos d’un extrémisme peu mesuré qui semblent pourtant rassembler puisque le livre est un véritable best-seller et que certains sondages montrent qu’une majorité des allemands approuvent son argumentation. C’est en partie l’impact de ce livre qui a amené Angela Merkel, tout en condamnant les propos de Thilo Sarrazin, à durcir son discours dans le débat sur l’immigration qui agite la scène politique allemande. Elle a ainsi déploré « l’échec du modèle multiculturel » et remet en cause sa politique de manière douce en demandant aux migrants un plus grand effort d’intégration. Un thème tel que l’immigration, cher jusqu’ici à l’extrême-droite semble s’être effectivement invité dans le débat politique.
En France, c’est un choix assumé depuis la création du « ministère de l’immigration » et les reconduites massives à la frontière. On a enfoncé le clou avec le débat sur « l’identité nationale ». Mais là non plus on n’est pas à l’abri de dérives douteuses. Face aux événements de cet été, que ce soit le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy ou les mesures d’expulsion de Roms, peu sont restés indifférents et au sein même de la majorité présidentielle certains ont dénoncé ces dérives. Et la couverture de Newsweek de venir enfoncer le clou en présentant en une un portrait de Nicolas Sarkozy pour illustrer un sujet sur ladite montée de l’extrême droite en Europe. C’est excessif, et l’amalgame est facile et ne présente que peu d’intérêt.
Ceci dit, la montée de l’extrême droite, pousse les partis traditionnels de droite à devenir extrêmes dans leurs discours où leurs actions. Que cela endigue la montée en puissance de l’extrême-droite ou au contraire renforce son pouvoir, on ne peut que difficilement le savoir pour le moment. Au-delà de cette question, la popularité actuelle de ces partis représente pour une Europe bâtie entre autres sur la liberté de religion et l’ouverture des frontières une réelle menace. Espérons que l’Europe unie sera assez forte pour lutter contre cette dangereuse expansion.
1. Le 11 novembre 2010 à 14:15, par Nicolas Delmas En réponse à : Extrême droite et droites extrêmes
Je me permets de te citer : « On a enfoncé le clou avec le débat sur »l’identité nationale« . Mais là non plus on n’est pas à l’abri de dérives douteuses. » La dérive douteuse avait commencé avec ce débat.
Quant aux relents nationalistes, ils accompagneront indubitablement la construction fédérale de l’Europe, car à tout mouvement d’unification du plus grand nombre répondra toujours un mouvement de rejet de certains.
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