D’ores et déjà, le double affichage des prix est pratiqué. Si le passage à l’euro est une priorité pour les milieux d’affaires et les responsables politiques, la population reste partagée sur le sujet. A l’exception des Etats qui bénéficient d’opting-out (Danemark et Royaume-Uni), les pays membres de l’UE devraient adopter la monnaie unique. Dans le cadre de leurs traités d’adhésion, les pays ayant adhéré à l’UE en 2004 et 2007 doivent reprendre l’ensemble de l’acquis communautaire.
Le long chemin pour rejoindre la zone euro
Depuis 1992, l’Estonie a mis en place une caisse d’émission. Elle a renoncé aux instruments macroéconomiques que sont la politique des taux de change et la politique monétaire. Ce régime, qui assure la convertibilité de la couronne estonienne (EEK) en euro, a permis d’accompagner la transition vers une économie de marché [1] . En juin 2004, l’Estonie est entrée dans le Mécanisme de Change Européen (MCE II). La couronne estonienne est depuis liée à l’euro (1 € = 15,65 EEK). Le pays doit appliquer d’autres mécanismes, notamment budgétaires, pour maintenir la stabilité et la confiance, et afficher une économie solide et convergente.
Le respect des critères de Maastricht permet d’intégrer la zone euro. La décision est adoptée par le Conseil sur la base des rapports de convergence réalisés par la Commission et la Banque centrale européenne. Le commissaire européen chargé des Affaires économiques, M. Joaquín Almunia, a estimé en novembre 2009 que l’Estonie adopterait l’euro le 1er janvier 2011. L’objectif est partagé par le directeur pour l’Europe du Fonds monétaire international.
L’euro, priorité et bouclier protecteur ?
La banque centrale et le gouvernement estoniens mettent tout en œuvre pour atteindre les objectifs macroéconomiques requis dans les prochains mois. L’adoption de l’euro devrait contribuer au redressement d’une économie en récession et « va accroître la confiance dans l’économie estonienne, ce qui attirera plus d’investissements et contribuera a créer de nouveaux emplois", selon le porte-parole du ministère des Finances d’Estonie, Kristi Joesaar [2].
L’Estonie serait la première des Républiques baltes à adopter l’euro. Echouant de peu en 2007 (taux d’inflation de 3,5% au lieu de 3%), la Lituanie est durement touchée par la crise et confrontée à un déficit galopant de ses finances publiques. La Lettonie bénéficie quant à elle d’un plan de sauvetage mené sous l’égide du FMI avec la participation de l’UE. Ces deux pays ne devraient pas rejoindre la zone euro avant 2013 voire 2015.
Si les difficultés grecques ne sont pas contenues dans le pays, on pourrait craindre un retardement du calendrier [3] . L’UE sera sans doute plus stricte sur le respect des critères de Maastricht et la fiabilité des statistiques. L’Estonie fera donc figure de prochain test. Toujours est-il que l’euro ne protège pas les économies d’une insuffisante gouvernance économique et de l’indiscipline budgétaire et financière.
« Trois monnaies en quelques décennies »
La population est partagée sur le passage à la monnaie unique si l’on en croit un sondage réalisé en novembre 2009 [4] . Seuls 47% des Estoniens souhaitent l’adoption de la monnaie unique, contre 50% un an auparavant. 41% des personnes interrogées s’y opposent.
L’euro représentera pour une partie des 1,3 million d’habitants l’usage d’une troisième monnaie comme le souligne Jürgen, étudiant à Tallinn : « Mes grands-parents ont encore des références en rouble, monnaie utilisée lorsque l’Estonie était une République soviétique ». Favorable à la monnaie unique, il s’interroge sur la capacité d’adaptation des personnes âgées comme sur le calendrier (entrée en vigueur de l’euro, période de double circulation…). L’information des citoyens s’avère donc cruciale. Déjà, le double affichage est en cours (étiquettes, tickets de caisse, factures, relevés de comptes, timbres…).
En fonction dans un ministère, Oleg attend avec impatience le passage à l’euro pour des raisons pratiques et professionnelles. « L’utilisation de l’euro évitera les manipulations de différentes monnaies et les frais de change » souligne t-il. Andrei, commerçant dans la capitale et russophone, est en revanche sceptique : « La couronne estonienne est un élément de l’identité nationale ». A ses yeux, l’Union européenne détient de plus en plus de pouvoirs au détriment des États alors que l’Estonie a récemment accédé à l’indépendance. La situation en Grèce, les effets de la crise ainsi que les risques d’inflation renforcent son opinion. « De toute façon, tout est entre les mains des politiques » conclut-il, résigné.
1. Le 6 avril 2010 à 11:41, par vida18 En réponse à : L’Estonie en bonne voie pour adopter l’euro ?
Le passage à l’euro en Estonie plaira aussi aux Finlandais qui ont l’habitude de faire leurs achats dans ce pays (les spiritueux estoniens sont très appréciés des Finlandais).
2. Le 8 avril 2010 à 11:03, par justin En réponse à : L’Estonie en bonne voie pour adopter l’euro ?
L’Euro comme facteur de développement de l’alcoolisme ? Étonnant.
3. Le 9 avril 2010 à 11:55, par vida18 En réponse à : L’Estonie en bonne voie pour adopter l’euro ?
J’ai situé les spiritueux car ceux-ci sont moins taxés et donc moins cher en Estonie qu’en Finlande.
http://estonie-ilus-on-maa.over-blo...
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