Avenir de l’Europe

L’Europe divise toujours le PS

Après l’avis positif du Parti Socialiste sur la ratification du Traité de Lisbonne

, par Pierre-Marie Giard

L'Europe divise toujours le PS

Le bureau national du Parti Socialiste a adopté mardi 6 novembre dernier une position majoritaire en faveur du traité modificatif européen, le futur traité de Lisbonne. Mais il a reporté sa décision sur la procédure de ratification.

Le Parti Socialiste dit « oui » au traité modificatif européen

Le bureau national a approuvé par 36 voix contre 20 voix sa position en faveur du futur traité de Lisbonne. Cette position a été adoptée par les partisans de Ségolène Royal, ceux de François Hollande, de Bertrand Delanoë et les strauss-kahniens. Les ex-nonistes (les fabiusiens, les emmanuellistes) et la gauche du PS (Jean-Luc Mélenchon et Marie-Noëlle Lienemann) ont plaidé – en vain – pour exiger un référendum en menaçant de s’abstenir ou de ne pas participer au vote du Congrès nécessaire à la ratification du traité.

Le premier secrétaire du parti s’est félicite « d’une volonté commune de sortir du conflit » exprimant un sentiment « d’apaisement » sur ce sujet qui avait coupé ce parti en deux lors de la campagne référendaire sur le traité constitutionnel européen.

La décision du Parti Socialiste est sage. Les outils contenus dans le traité de Lisbonne permettront de donner un nouvel élan à la construction européenne malgré ses lacunes évidentes :
 l’absence de mise en place d’un système de ratification par référendum paneuropéen,
 les faibles progrès sur la coordination des politiques économiques et sociale,
 le retrait des symboles européens,
 l’abandon du nom même de Constitution et d’une dénomination normale des textes européens.

Par pragmatisme, les dirigeants socialistes ont tourné le dos à l’engagement pris par leur candidate lors de l’élection présidentielle d’un référendum sur tout nouveau traité européen. Laurent Fabius y voit « un déni de démocratie ».

Mais reste profondément malade de l’Europe

Il est toutefois fort dommage que ce parti n’est pas pu permettre de dépasser le clivage entre le « oui » et le « non » sur les questions européennes. Le secrétaire national à l’Europe, Benoît Hamon, a remis sa démission au premier secrétaire « profondément déçu que le PS soit divisé en deux blocs ».

Les socialistes ont en effet reporté à plus tard leur prise de position sur la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne. Ce choix a précipité la reformation de l’ex-coalition des « nonistes ». On est loin de la clarification et de la fin des ambiguïtés voulues par la direction du PS.

Il est dommage que la direction du PS n’ait fait que repousser un débat qu’il faudra bien trancher lorsque le processus parlementaire sera lancé.

On ne peut qu’être d’accord avec Jean Quatremer qui, dans un article sur son blog intitulé « Le PS encore et toujours malade de l’Europe », souhaite que le Parti socialiste assume pleinement son virage social-démocrate et se sépare de sa composante sociale-souverainiste anti-européenne.

Illustration : logo du Parti Socialiste issu du blog Design et Typo.

Parmi les sources de cet article :
 Le Figaro, 7 novembre 2007, « Le PS dit oui au minitraité européen malgré Srakozy », Philippe GOULLIAUD
 Libération, 7 novembre 2007, « Le oui difficile sur l’Europe », Mathieu ECOIFFIER
 Libération, 7 novembre 2007, « Les socialistes et l’Europe : le oui de la rénovation », Alain BERGOUNIOUX, Michel DESTOT et Catherine TASCA

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Vos commentaires
  • Le 18 novembre 2007 à 18:41, par Action fédéraliste « Socialisme & Liberté » En réponse à : Merci au PS de ce vote courageux !

    Jean Quatremer, journaliste du quotidien Libération et animateur du blog "Coulisses de Bruxelles, UE" (bruxelles.blogs.liberation.fr) a publié récemment un billet sur son blog, à l’occasion de la définition de la position du Parti socialiste sur le texte du Traité dit de Lisbonne par le bureau national du PS. Vous publiez aussi un message dans le même sens. Tout ceci appelle, nous semble-t-il, quelques remarques.

    Tout d’abord, pour être exact, en plus des deux abstentions, il faut noter un refus de vote et, d’autre part, indiquer aux lecteurs que plusieurs membres du Bureau national présents au début de cette réunion, favorables en outre à une réponse positive, n’ont pu finalement participer au vote, celui-ci intervenant finalement très tard. En conséquence, et contrairement à ce qu’indique Jean Quatremer, l’écart entre, d’une part, celles et ceux qui approuvent un texte qui facilite un meilleur fonctionnement de l’Union européenne à défaut d’en permettre la relance et, d’autre part, les autres, n’est finalement pas aussi réduit que cela : c’est plus ou moins le résultat du référendum interne de décembre 2004 entre militants socialistes, selon un rapport grosso modo de 60/40.

    Est-ce que deux sensibilités sur l’Europe peuvent continuer de cohabiter dans la même formation politique ? C’est la question que pose Jean Quatremer, et à laquelle il apporte sa réponse. Pourtant, à y regarder d’un peu plus près, il n’est pas sûr que les vrais clivages soient là où les situe Quatremer.

    Sur l’Europe, les diverses formations politiques françaises à prétention majoritaire (RPR/UMP et PS notamment) abritent depuis longtemps des sensibilités européennes diverses. Les RPF/UDR/RPR furent longtemps remarquables par leur opposition majoritaire à la construction communautaire, mais en développant peu-à-peu néanmoins, d’abord sous Pompidou et Chaban, puis avec Balladur et finalement Sarkozy un noyau politique singulièrement plus favorable à l’UE. Aujourd’hui cette sensibilité pro-européenne est désormais majoritaire à l’UMP, avec le renfort récent des libéraux ex-Républicains, Indépendants et autres DL, auxquels pour être complet il faut ajouter quelques ex-UDF (Douste-Blazy). Notons cependant que, fort prudemment, le Président de l’UMP Nicolas Sarkozy a évité en 2005 de faire une campagne active en faveur du référendum pour le traité constitutionnel, soucieux de l’équilibre interne de son organisation, avec sur les flancs une frange souverainiste non négligeable menée notamment par Nicolas Dupont-Aignan, et d’éviter de renforcer une initiative du Président Jacques Chirac. Ce clivage interne perdure au sein de l’UMP, même si momentanément et immédiatement, après les élections présidentielles, il est moins visible et audible. Plus, la frange anti-européenne se renforcera vraisemblablement en son sein dans les années à venir, si l’UMP est soucieuse dans la durée de « siphonner » l’électorat FN. Nicolas Sarkozy d’ailleurs ne s’y trompe pas, et s’il n’oublie pas un 11 novembre de pavoiser de drapeaux européens l’Arc de l’Etoile, il n’omet pas non plus de stigmatiser injustement la BCE. Quant au PS, c’est là aussi une fort vieille histoire, qui a peu à voir avec la question de l’économie de marché et du capitalisme. Guy Mollet, cité injustement par Quatremer, en est la meilleure expression : révolutionnaire dans l’opposition et social-démocrate au pouvoir sans doute (et encore faudrait-il expliquer de quoi l’on parle !), mais toujours – avec obstination jusque dans la défaite – résolument européen. A l’inverse, Alain Savary dans les années 50, le radical Pierre Mendès France et quelques autres, sans être ni des gauchistes ni des étatistes invétérés, s’opposèrent qui à la CED, qui au traité CEE. Et en 2005, l’opposition au traité constitutionnel au sein du PS ne peut être comprise à travers le seul prisme droite/gauche, entre partisans de l’économie de marché et anti-libéraux. Laurent Fabius comme expression suprême de l’antilibéralisme ? Allons, soyons sérieux ! La vérité est que, plus que jamais, présidentialisation de notre système politique français aidant, les grands partis majoritaires qui doivent produire et soutenir les candidats à la présidentielle doivent pour cette fin agréger des catégories sociales - mais aussi des aspirations - diverses, parfois concurrentes, quelquefois contradictoires.

    Le Parti socialiste, comme l’UMP ou toute autre formation politique qui se donne pour vocation de devenir majoritaire et de porter son champion à la Présidence de la République doit et devra construire un discours composite susceptible de répondre aux attentes d’électorats multiples. François Bayrou, au cours de la dernière campagne présidentielle, n’a pu échapper lui non plus à cette terrible loi, et celles et ceux qui attendaient de lui – enfin !- un engagement militant en faveur de l’Europe fédérale et un programme politique construit autour de cette exigence en sont restés pour leurs frais. À partir de l’instant où François Bayrou a commencé à croire à la possibilité d’être présent au second tour, il était contraint de mettre la question européenne au second plan.

    Aussi ne faut-il pas cracher sur la soupe, mais au contraire se réjouir du vote courageux des socialistes français ! Comme en 2005, ils ont plus de coups à prendre dans cette affirmation européenne que de gains à en espérer. Aucune autre formation politique française n’a débattu de ce sujet aussi franchement, démocratiquement et ouvertement. L’Action fédéraliste "Socialisme & Liberté" (AFSL) salue le résultat du vote des instances du PS. Sans doute le nouveau traité ne permet-il pas véritablement de relancer la construction européenne, mais il autorise un fonctionnement plus cohérent des institutions communautaires. Il reste maintenant à tracer la voie de l’avenir. Les socialistes, en France comme en Europe, doivent y prendre toute leur part. L’Action fédéraliste "Socialisme & Liberté " s’attachera au cours des mois prochains à susciter diverses initiatives en ce sens.

    Action fédéraliste "Socialisme & Liberté" 20, rue des Tournelles 75004 Paris (France) Tel : +33 1 42 72 71 24 actionfed chez yahoo.fr www.afsl.eu

  • Le 18 novembre 2007 à 19:15, par Fabien Cazenave En réponse à : Merci au PS de ce vote courageux !

    Merci pour votre point de vue ! Les débats qui continuent au PS alors que le vote a eu lieu énnervent pourtant pas mal les militants...

    On a l’impression que l’Europe est exactement sur la tension de fracture au sein du PS.

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