L’Europe face à trois crises majeures - Interview de Herman Van Rompuy

Interview de Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen

, par Pierre-Alexandre Denoël, Traduit par Marc-Antoine Coursaget

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L'Europe face à trois crises majeures - Interview de Herman Van Rompuy

Il y a un an et demi, le Conseil européen élisait Herman Van Rompuy Président de la plus haute instance politique de l’Union européenne. Cet ancien Premier ministre belge est renommé pour avoir restauré temporairement une paix communautaire alors que la Belgique traversait une crise existentielle sans précédent. Une fois en poste, cet économiste de formation s’est d’abord attelé au projet de gouvernance économique, avant d’être confronté à la crise libyenne et à la remise en cause de Schengen. A mi-mandat, le Président du Conseil européen partage avec nous son expérience et discute l’avenir de l’Europe sur le court-terme.

Le Taurillon : Votre nomination à la tête du Conseil européen a soulevé des inquiétudes. Comment êtes-vous parvenus à vous affirmer face aux 27 chefs de gouvernement ?

Herman Van Rompuy : Les 27 chefs d’État ou de gouvernement et le Président de la Commission européenne forment ensemble le Conseil européen, et m’ont élu le 19 novembre 2009 à ce nouveau poste. J’ai donc 27 électeurs. Avec les chefs d’État ou de gouvernement, le Conseil européen donne des priorités et une direction politique pour le futur de l’Union européenne. Dans ce cadre, je voie mon rôle comme celui d’un facilitateur, ambitionnant d’accomplir autant de progrès que possible.

Le Taurillon : La situation en Libye reste inquiétante. Comment pouvez-vous, à la tête de l’institution politique la plus importante de l’Union européenne, contribuer à la résolution de ce conflit ?

Herman Van Rompuy : L’Europe est en première ligne parmi les pays qui soutiennent le – ou plutôt les Printemps Arabes. L’Union européenne se mobilise aujourd’hui pour répondre aux besoins immédiats, afin notamment d’apporter son aide face aux déplacements de populations, mais de façon à assurer sa présence sur le long-terme. Il nous faut aider ces pays afin d’organiser des élections, de soutenir la société civile, et pour établir l’État de droit tout en revitalisant leur économie. À ces pays du Sud de la Méditerranée, nous offrons un partenariat solide. Pour faire de la région méditerranéenne un espace de liberté et de prospérité, ces pays peuvent en outre s’inspirer du succès de l’intégration européenne, commencée il y a 60 ans.

Le Taurillon : Des rumeurs circulent concernant une restructuration partielle de la dette grecque. Que va décider le Conseil européen de juin à cet égard ?

Herman Van Rompuy : Je suis tout-à-fait conscient qu’il s’agit d’un enjeu sensible. Nous travaillons encore à une solution avec nos partenaires. Il nous faut parvenir à un accord. D’importantes décisions devront être prises dans les cinq prochains jours concernant la situation générale de la zone euro, et les récents développements en Grèce en particulier. Ce pays doit trouver un accord sur une nouvelle série de mesures, par le truchement de son Parlement. À ce moment charnière, j’appelle tous les partis de Grèce à prendre leurs responsabilités et à agir de manière unie.

En vertu de cet accord, le FMI et la zone euro devront être prêts à verser la prochaine tranche du programme ainsi qu’indiqué par le FMI. Au-delà de cet accord, nous travaillons à un nouveau programme comportant des fonds supplémentaires et devant être rapidement finalisé. Celui-ci devrait également intégrer le financement volontaire par le secteur privé. Selon mon opinion, deux lignes rouges doivent être impérativement respectées : ce programme ne doit pas déclencher de nouveaux évènements de crédit, ou encore un défaut de crédit. Nous affrontons des temps difficiles, et nous avons tendance à oublier que la zone euro prise dans son ensemble repose sur des fondamentaux économiques solides.

D’une importance prédominante, le redressement économique de la zone euro est encourageant, avec des prévisions de croissance globale proches des 2 pourcents en 2011 et 2012.

Le Taurillon : Le Conseil européen de juin promet d’être difficile. Quels sont vos objectifs pour l’Union européenne concernant l’espace Schengen ?

Herman Van Rompuy : Il y a un accord unanime au sein du Conseil européen selon lequel la libre circulation des personnes est l’une des réalisations les plus tangibles et les plus fructueuses de l’intégration européenne, tout autant qu’un droit fondamental des citoyens. Personne ne souhaite affaiblir l’espace Schengen, au contraire : l’orientation et la coopération politiques dans l’espace Schengen doivent être encore renforcées, car l’élément-clé d’une zone de libre circulation qui fonctionne est la confiance mutuelle entre les États membres. Pour cette raison, chacun doit prendre la responsabilité d’assurer que les règles de Schengen sont bien appliquées, en accord avec les normes communes convenues. Au fondement de tout ceci la responsabilité commune, la solidarité, et une coopération pratique renforcée.

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