Un projet innovant unique au monde
M. Benoit Fontaine, chercheur au Muséum d’histoire naturelle, nous explique plus avant ce projet. « C’est une base de données recensant la liste de toutes les espèces animales d’Europe. L’Europe étant comprise de l’Oural à la Macaronésie (ensemble des îles des Açores, de Madère, des îles Canaries et des îles du Cap-Vert). L’idée qui est née vers 1998 est de créer un outil capable de remettre à plat les connaissances en matière de biodiversité. La tâche est herculéenne tant le nombre d’espèces est important. L’Europe est le premier espace régional à avoir pu terminer un tel travail. Cet outil est d’une importance capitale puisqu’il permet de connaitre précisément le nombre et le type d’espèces vivant en Europe grâce à un long mais salutaire travail de nettoyage des données. » Il est à noter que les données ainsi obtenues sont utilisables par tous puisqu’un site internet a été créé.
Cette œuvre titanesque a été mise en œuvre par la Commission européenne qui a aussi permis son financement. Il apparaissait essentiel voire logique qu’un tel effort soit mis en place au niveau européen. Le nombre d’experts capables de valider la qualité de l’information allant en décroissant, seul un effort à l’échelle du continent pouvait permettre d’établir le bilan nécessaire. De plus, un des principaux objectifs, comme l’a souligné M. Benoit Fontaine était de nettoyer les données en supprimant les identifications doubles d’une même espèce, ce qui nécessite inévitablement une centralisation des données au niveau continental. L’effort fait par la Commission place désormais l’Europe à la pointe de la connaissance en matière de diversité.
Une organisation efficace liant professionnels et amateurs
L’organisation du projet a fait appel à toute la communauté scientifique. La coordination s’est faite autour de trois grands instituts de recherche européens : le Muséum à Paris, l’université d’Amsterdam et celle de Copenhague dont chacun avait un rôle spécifique dans le processus (collecte de données, validation des données, traitement informatique…). Mais cette coordination n’a en aucun cas remis en cause le rôle des autres chercheurs et même des amateurs. M. Benoit Fontaine nous rappelle ainsi le rôle prépondérant des amateurs en taxonomie (science ayant pour objet la recherche et la classification de nouvelles espèces). Ils ont fait partie intégrante du processus de collecte d’informations. Ainsi mis en lien avec les chercheurs, leur travail a pu permettre au bilan d’être établi dans un temps record (seulement une dizaine d’années).
Une telle organisation pour un projet européen joignant si efficacement les communautés d’amateurs et de professionnels ne peut être que saluée. S’il est vrai que la science est une matière privilégiée de coopération entre les connaisseurs, ce qui a été mis en place ne peut que servir de modèle pour d’autres domaines.
Fauna Europaea, symbole de la volonté européenne en matière d’environnement
Le communiqué de presse nous informe qu’une intégration avancée des bases de données de ces projets est maintenant réalisée au moyen d’une interconnexion, un « Euro-Hub », un effort consenti par Species 2000 Europe, autre projet financé par la communauté européenne. Effort qui permettra une intégration future dans le système d’information global sur la biodiversité mondiale qui s’est mis en place. L’UE s’inscrit ainsi dans une posture de leader mondial en la matière. Elle ouvre la voie à la mise en place de tels projets dans les autres endroits du monde et un nouvel avenir pour la taxonomie.
Mais elle n’est pas en reste dans les autres matières. Un certain nombre d’outils permettent la protection de cette biodiversité. C’est le cas de Natura 2000, créé par la directive Habitat Naturel et qui consiste en un réseau écologique de zones spéciales protégées. On peut aussi citer Life, instrument financier qui a soutenu des projets de démonstration qui améliorent l’environnement, sur de nombreux aspects comme la gestion de l’eau, ou l’aménagement du territoire. Ces outils montrent la volonté de l’Union de jouer un rôle en matière environnementale.
Dans un secteur où les moyens se font de plus en plus rares, l’UE, même si elle réduit ses contributions met toujours en place des projets innovants et complexes. On ne peut que se féliciter de ces actions. Elles restent cependant insuffisantes et l’UE a toujours du mal à s’imposer sur la scène internationale. Dernier exemple en date, le sommet de Rio dont seul quelques éclairés auront eu des échos tant il a été peu médiatisé. Si les Européens étaient massivement présents, ils n’ont pas réussi à faire pencher la balance vers un accord ambitieux qui, à l’image de Fauna Europaea, pourrait donner des résultats concrets très probants.
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