Wien, ce 21 décembre 2005.

L’UE, médiatrice internationale face à la menace nucléaire.

Nouveau ’’round’’ dans les conversations diplomatiques entre l’UE et l’Iran.

, par Ronan Blaise

L'UE, médiatrice internationale face à la menace nucléaire.

C’est dans un contexte difficile, pour ne pas dire brûlant, marqué par les récentes déclarations publiques du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad que reprennent, ce jour, les discussions entre l’UE et l’Iran concernant le désarmement et la non-prolifération nucléaire.

C’est, en effet, en ce mercredi 21 décembre que doivent normalement reprendre, à Vienne (Autriche), les discussions entre l’Union européenne (représentée, sur ce dossier, par une ’’Troïka’’ composée de l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni...) et la République islamique d’Iran à propos des graves enjeux diplomatiques que l’on sait : principalement le respect du Droit international et, en particulier, le respect des traités de non-prolifération nucléaire.

Et ce, alors que l’Iran prétend pouvoir se doter, en toute souveraineté et contrairement à certains de ses engagements antérieurs, de tous les attributs de la puissance nucléaire, civile comme militaire.

Or les pays européens, soutenus par les Etats-Unis ne veulent pas que l’Iran ne se dote d’une telle puissance, de peur qu’un tel programme civil ne cache en fait un volet militaire lui permettant d’obtenir, à terme, l’arme atomique.

D’où l’intérêt de la mise en place de négociations multilatérales entre la Communauté internationale (ONU et AIEA) et la République islamique d’Iran, par l’intermédaire de l’UE et de la Russie.

Des discussions diplomatiques souvent contrariées...

Des négociations ’’UE / Iran’’ qui, déjà suspendues au printemps dernier (au moment des élections présidentielles iraniennes), ont donc été interrompues, en août dernier, après l’annonce unilatérale -par Téhéran- d’une reprise de ses activités de retraîtement et d’enrichissement d’uranium, matériaux indispensables à la production du combustible destiné au bon fonctionnement d’une centrale nucléaire (mais aussi susceptibles d’acquérir là la ’’qualité’’ militaire requise pour devenir la charge d’une bombe atomique, arme de destruction massive...).

A la suite de quoi, dans sa récente résolution datant de septembre dernier, l’Agence internationale pour l’énergie atomique, AIEA (dont le Président, l’Iranien Mohamed El Baradaï, a récemment reçu le prix nobel de la paix, précisément en raison de ses efforts pour lutter contre la prolifération nucléaire...) avait alors solennellement demandé à l’Iran qu’elle suspende ’’entièrement et de façon continue’’ toutes ses ’’activités relatives à l’enrichissement".

Or ces conversations diplomatiques entre l’UE, la Russie et l’Iran, suspendues en août dernier, vont reprendre précisément alors que le récemment élu Président iranien Mahmoud Ahmadinejad (ancien milicien ’’pasdaran’’, gardien de la révolution islamique, et ouvertement d’obédience islamique et nationaliste...) commet déclarations provocantes sur déclarations provocatrices à l’égard de l’Etat d’Israël et à propos de la Shoah : appellant à la suppression de celui-ci et allant jusqu’à nier l’historicité de celle-là (déclarations justement et officiellement condamnées par l’UE lors du dernier sommet européen de Bruxelles, en ce mois de décembre...).

La médiation de la dernière chance ?

Et c’est donc alors dans un contexte tout particulièrement brûlant que l’Europe s’apprête à cette médiation que d’aucuns présentent comme celle de la dernière chance : dans la mesure où il se murmure de plus en plus (Cf. édition du ’’Sunday Times’’ du 11 décembre dernier...) que les USA ou l’Etat d’Israël pourraient très bien, l’un ou l’autre, attaquer militairement l’Iran avant mars 2006.

Et pour cause : selon des sources diverses, le mois de mars 2006 pourrait effectivement marquer un point de non-retour au-delà duquel les Iraniens disposeraient en effet de l’expertise technologique nécessaire et suffisante pour leur permettre d’enrichir, eux seuls, l’uranium jusqu’à lui faire acquérir la ’’qualité’’ militaire requise pour en dôter des armes de destruction massive.

Donc, inutile de préciser qu’il vaudrait mieux que l’actuelle ’’Troïka’’ européenne (Allemagne, France, Royaume-Uni) et la Russie réussissent dans leur mission conjointe de sortie de crise avec l’Iran ; au risque, sinon, d’ouvrir là une funeste ’’boite à Pandore’’ aux incertitudes explosives, voire atomiques...

C’est à ce prix qu’on verra alors où en est le rayonnement international de l’Europe (bien malmené, ces derniers temps...), où en est exactement sa capacité de résoudre pacifiquement les conflits et quelle sa force d’influence, pour la paix, pour le respect du Droit international et pour tenter de délivrer le monde de la menace nucléaire.

 Si on veut en savoir plus sur les problématiques liées à la prolifération nucléaire et à l’armement de l’Iran en la matière, on se reportera à l’excellent « Affaires atomiques » de la journaliste Dominique Lorentz, excellent ouvrage (de 605 pages) préfacé par Alexandre Adler, paru en février 2001, aux « Editions des Arènes » (www.arenes.fr).

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