L’égalité hommes/femmes, des situations légales différentes selon les Etats
Ce qui est frappant dans l’Union européenne c’est qu’entre deux Etats frontaliers la question féminine peut être traitée de façons presque diamétralement opposées. Le droit à l’avortement est par exemple autorisé en Allemagne tandis qu’il est n’est pas reconnu en Pologne (sauf en cas de viol). De même les femmes allemandes sont bien plus intégrées dans le monde du travail que leurs voisines polonaises et pour cause plus de deux tiers des femmes allemandes exercent une activité professionnelle, ce qui est par ailleurs loin d’être le cas en Pologne (Dans toute l’Union, le taux d’activité des femmes varie de 73.2% à 36.9% selon les Etats membres).
Derrière cet exemple, volontairement « provocateur » se cache le cœur du problème concernant l’égalité entre hommes et femmes en Europe, à savoir une très grande disparité des situations. Certains Etats ont des lois très avancées dans ce domaine, c’est le cas de l’Espagne, la Suède ou encore la Finlande. D’autres, comme la Hongrie ou la Pologne n’ont consacré l’égalité entre hommes et femmes que très récemment, « l’égalité en fait » dans ces pays étant elle loin d’être achevée.
Une « égalité en fait » elle aussi très variable selon les Etats
Si le cadre légal varie fortement d’un Etat à l’autre, l’égalité en fait, notamment professionnelle est-elle aussi variable d’un Etat à l’autre. Globalement, la parité au travail et dans la politique n’a cessé d’augmenter et des lois ont été adoptées dans ce sens. Par exemple, la XIIIe législature française (2007) était composée de 107 femmes contre 155 pour la XIVe législature (2012), certes la parité est loin d’être atteinte (288 députés) mais l’augmentation n’est pas négligeable. Au Parlement européen la proportion de femmes est légèrement supérieure avec 245 femmes sur 785 députés européens soit 31% des députés européens.
Il semble que le manque de caractère véritablement contraignant de ces lois ne contribue pas à accélérer ce processus d’égalité entre hommes et femmes, que ce soit au conseil d’administration des sociétés ou dans les différences de salaire [1] . En 2005, les femmes gagnaient en moyenne 15 % de moins que les hommes à l’échelle de l’Union européenne, soit une amélioration de seulement 2 points de pourcentage par rapport à 1995 [2].
L’Union européenne, première sur la question de l’égalité hommes/femmes
L’Union européenne a très tôt commencé à légiférer sur le sujet de l’égalité entre hommes et femmes (mais également sur celui des violences faites aux femmes). L’article 23 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne dit notamment que « L’égalité entre les hommes et les femmes doit être assurée dans tous les domaines, y compris en matière d’emploi, de travail et de rémunération. » La charte complète en mentionnant que « Le principe de l’égalité n’empêche pas le maintien ou l’adoption de mesures prévoyant des avantages spécifiques en faveur du sexe sous-représenté. »
Ce qui ressort de cet article, c’est que l’Union européenne s’est particulièrement attachée aux inégalités sur le marché du travail, le but étant que les femmes puissent avoir la même vie professionnelle que les hommes. Néanmoins, cette égalité dans les textes est freinée dans les faits par des situations nationales hétérogènes. Les structures d’accueil d’enfants sont un exemple frappant de ces disparités. Si en France ces structures sont particulièrement développées et permettent aux femmes et aux hommes d’avoir une vie professionnelle en même temps que des enfants, en Allemagne par contre, les couples ont souvent à choisir entre emploi pour les deux conjoints ou emploi pour un seul conjoint et enfants. Cette situation a entraîné en Allemagne une baisse de la natalité.
Aller plus loin ?
Il est clair que les textes législatifs européens sont nombreux concernant l’égalité hommes/femmes. Néanmoins sur certains sujets sensibles tels que l’avortement l’Union européenne refuse d’intervenir, laissant aux Etats le soin de légiférer nationalement. Les textes européens ne sont par ailleurs que trop peu assortis d’un caractère contraignant, ce qui fait que l’avancée vers l’égalité entre hommes et femmes un processus plutôt lent.
Il ne faut cependant pas dresser un tableau noir de cette situation. Ce qui est marquant c’est que l’égalité entre les deux sexes a fortement augmenté entre les années 1950 et aujourd’hui. Il reste certes beaucoup à faire, mais c’est certainement dans les mentalités que les changements doivent en partie se faire. Cela passe par l’éducation et la lutte contre les stéréotypes.
1. Le 15 janvier 2013 à 14:23, par Gustave En réponse à : L’Union européenne et les femmes
C’est vrai qu’il reste encore du chemin à faire pour tendre vers l’égalité hommes-femmes et en général vers l’autonomie des femmes de manière efficace. Vous évoquez là un point très intéressant : les structures d’accueil pour les enfants. Qui de nos jours n’a pas été confronté au problème. Il est presque nécessaire d’inscrire son enfant en crèche avant sa naissance...sans pourtant autant avoir une place au final bien sûr. La situation est vraiment ubuesque.
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