L’engagement du Taurillon pour une Europe fédérale

, par Jonathan Leveugle

L'engagement du Taurillon pour une Europe fédérale
Prix du Citoyen européen Tous droits réservés à Jeunes Européens-France

Vendredi 12 octobre les Jeunes Européens-France fêtaient leurs 20 ans. C’est à cette occasion que le Taurillon a reçu le Prix du Citoyen européen, en présence du Ministre des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve et de huit eurodéputés. En tant que rédacteur en chef du Taurillon, j’ai pu prononcer un discours visant à rappeler nos idées en faveur d’une Europe fédérale.

Je tiens à remercier au nom de l’équipe du Taurillon M. Jean Marie Cavada pour avoir porté notre projet au Parlement européen, sans votre aide nous n’aurions pu obtenir cette récompense. Merci à vous, M. Barrau de nous accueillir ici dans cette magnifique salle et de nous remettre ce prix qui couronne des années d’engagement.

M. le Ministre merci de votre présence qui nous honore et nous encourage à poursuivre nos actions auprès du public en faveur d’une Europe unie et fédérale. Le Taurillon est un projet qui fait la fierté des Jeunes Européens et contribue à son dynamisme.

Il est pourtant né dans un moment conflictuel : Le référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe.

2005 fut une date fatidique dans les milieux européens. Une mobilisation de tous les acteurs pour défendre le oui. Donner des arguments, convaincre le plus grand nombre, y compris un public de non avertis et de non spécialistes de l’Europe. C’est en ayant cette idée en tête que des personnes comme Ronan Blaise et Valéry Xavier-Lentz ont créé le Taurillon, un magazine fédéraliste sur internet.

Les tenants du Non ont mis la même énergie à défendre leur conception de l’Europe. Une Europe qui ne se limitait pas à son aspect économique et au libéralisme.

Chacun se disant Européen. Aimant l’Europe. Voulant qu’elle soit plus unie.

Cette querelle est aujourd’hui dépassée et ne correspond plus aux enjeux actuels.

Beaucoup de jeunes européens ici présents n’ont même pas vu voter en 2005. Je n’ai pas pu voter lors de ce référendum.

La zone euro est en crise depuis plus de 2 ans maintenant. Les citoyens ne savent plus où nous allons. Il y a une demande claire d’un projet européen compréhensible et fédérateur.

Il n’y a pas de rejet de l’Europe par principe mais une opposition et un ras le bol de la crise, d’un fonctionnement de l’UE qui a montré ses limites et son incapacité à résoudre les problèmes économiques.

Les pro-européens sont devenus silencieux. Lors de la dernière campagne présidentielle aucun des grands candidats n’a mis en avant un discours ambitieux pour l’avenir de l’Europe, laissant libre cours aux paroles des souverainistes et autres populistes sur le sujet européen.

Comment le sentiment des citoyens français et européens pourrait il changer vis-à-vis de l’Europe si le chemin emprunté reste le même depuis des décennies alors que nous connaissons justement une crise sans précédent ?

Il existe pourtant des solutions. Partout nos voisins veulent raviver la flamme de notre ambition commune et redonner vie au projet européen.

Le 17 septembre dernier 11 ministres européens des Affaires étrangères, dont la France fait partie, ont proposé un projet pour renforcer l’UE. A ce propos, MM. Guido Westervelle et Radek Sikorski ministre des affaires étrangères allemand et polonais déclaraient le même jour, dans une tribune du New York Times :

« Pour que l’Europe soit un acteur majeur sur la scène internationale, elle doit s’appuyer sur un système institutionnel efficace et simplifié, garantissant la séparation des pouvoirs. Elle a besoin d’un président de la Commission européenne directement élu qui nomme les membres de son « gouvernement européen », d’un Parlement européen bénéficiant du pouvoir d’initiative législative et d’une seconde chambre représentant les Etats membres. »

M. le Ministre pourquoi ne pas faire de ce projet le guide immédiat de la politique européenne de la France ?

Nous jeunes citoyens européens reprenons espoir à l’écoute de ces propositions qui ne nous semblent ni utopistes, ni devant être réalisées dans un lointain futur. Les citoyens demandent ces réformes pour qu’elles puissent s’appliquer le plus tôt possible.

Nous nous associons pleinement à la proposition du Parti Socialiste européen de présenter un candidat aux élections européennes de 2014. C’est un changement majeur dans l’approche de la démocratie européenne. L’abstention croissante peut être combattue et vous pouvez compter sur l’équipe du Taurillon pour vous aider à mener ce combat.

L’Europe peut sortir de la crise. C’est ce que s’efforce de montrer le Taurillon et l’ensemble de ses rédacteurs. Par des interviews, des analyses et des études nous prouvons que l’instauration d’une Europe fédérale est nécessaire à la résolution des problèmes que connait aujourd’hui notre continent.

Ce désir existe dans la société et les centaines de jeunes européens venant de France et des quatre coins de l’Europe le prouvent. Pour avoir plus de poids dans la société européenne et pouvoir toucher un grand nombre de citoyens, nous avons développé quatre versions linguistiques. Nos rédacteurs sont des bénévoles venant de toute l’Europe, ce qui fait que nous ne parlons pas d’Europe entre Français, mais bien avec tous les Européens.

Grâce à l’engagement de nombreuses personnes, comme Fabien Cazenave, Laurent Nicolas ou Marc-Antoine Coursaget le Taurillon est passé d’un simple blog à un journal d’opinion reconnu et lu par plus de 100.000 visiteurs uniques par mois et publiant quotidiennement des articles.

En tant que rédacteur en chef du Taurillon, je reçois de nombreux mails ou commentaires de jeunes désirant cette Europe unie et démocratique.

Les sirènes menaçantes du populisme peuvent impressionner mais c’est justement en restant sur un statu quo qu’elles grandiront.

Les Français ont peur et n’ont plus confiance dans des réformes de l’Union en demi-teinte. Il est clair que les dirigeants politiques doivent choisir et annoncer clairement la voie qu’ils prennent. Certains de nos partenaires semblent vouloir se diriger vers une Europe politique. Que fera la France ? Prendra t elle cette direction où restera elle sur le bord du chemin ?

Elle doit maintenant l’annoncer et faire de l’Europe fédérale le seul et unique projet crédible. Car où va-t-on ? Sinon vers un fédéralisme européen qui ne porte pas son nom. Ne donne t on pas plus de pouvoirs à l’UE qui a besoin de se démocratiser ?

Cela divisera et suscitera des oppositions en France comme en Europe. C’est certain. Les souverainistes se réveilleront et crieront au scandale. Mais ne le font ils pas déjà ?

Cependant les citoyens ne veulent plus des demi-choix et voient clair dans ce qui se joue à l’heure actuelle.

La crise de la zone euro a montré qu’il était impossible de faire de la semi-intégration. Elle doit être complète pour qu’elle puisse être efficace.

D’ailleurs, l’histoire nous montre qu’en tant de crise, les confédérations, comme peut l’être l’UE actuellement, ne tiennent pas et mènent à la fédération ou implosent. La Suisse, les Etats-Unis ou l’Allemagne ont tous choisi des systèmes fédéraux.

Le temps des idées doit revenir sur le devant de la scène et les dirigeants doivent faire confiance aux citoyens. L’Europe fédérale n’est pas l’Europe des élites, mais celles des peuples. L’Europe politique est en train de se construire, il ne faut pas que la France passe à côté de cette opportunité. Il est tant de mettre en place l’Europe du XXième siècle.

C’est donc avec un grand espoir et le sentiment d’une certaine responsabilité que nous recevons ce prix qui nous permettra de poursuivre notre engagement et de continuer à nous développer.

C’est d’ailleurs avec une grande joie que je vous annonce le lancement de notre application iPhone grâce au travail de Karim-Pierre Maalej.

Le Prix du citoyen européen est une importante reconnaissance qui nous permet d’apporter notre pierre à la construction d’une Europe unie, démocratique et citoyenne.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait fois

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Vos commentaires
  • Le 21 octobre 2012 à 15:38, par Ronan En réponse à : L’engagement du Taurillon pour une Europe fédérale

    C’est en ayant cette idée en tête que des personnes comme Ronan Blaise et Valéry Xavier-Lentz ont créé le Taurillon, un magazine fédéraliste sur internet.

    1. Avant toute chose, en tant que premier rédacteur en chef dudit webzine (nommé à ce poste un peu par hasard : surtout parce que j’avais alors du temps devant moi pour valoriser mon engagement aux JE-France...) je tiens à préciser que la décision de créer le « Taurillon » incombait alors surtout, loin d’être une initiative privée, ... à la direction de l’association « Jeunes Européens France ».

    A la tête de laquelle (et à l’initiative de cette décision...) l’on trouvait alors des gens comme (liste non exhaustive) : Jessica Chamba-Penet (alors Présidente des JE-France), Valery-Xavier Lentz (alors Vice-Président des JE-France, chargé de la communication, et webmaster émérite de son état), Gwenaël d’Aubenton (Secrétaire général) ainsi que d’autres membres éminents du BN ou de l’association, comme David Soldini (pour l’aspect théorique), Emmanuel Vallens (à la traduction), Jean-Baptiste Matthieu, Dorothée Lefébure, et tant d’autres encore...

    Précisons également que le « Taurillon » est également le prolongement d’un site internet existant pendant la campagne référendaire de 2005 : le site internet « Oui à l’Europe », plate-forme d’expression « on line » alors partagée, sur le net, par les JE-France et leurs différentes associations partenaires du camp du « Oui » lors de cette fameuse campagne référendaire (expérience « on line » à laquelle j’avais alors déjà participé, de même que toutes les personnes déjà mentionnées ci-dessus...).

    De même, juste rappeler que la création du Taurillon (donc le prolongement du site « OALE »...) semble avoir été décidée dans les jardins de Science-Po Paris, en juin 2005, lors d’une réunion d’immédiat « après référendum » du BN : réunion « de crise » du BN alors élargie à des militants disponibles, de Paris et d’ailleurs (réunion à laquelle, alors disponible, je m’étais joint : dans mes souvenirs, ça devait être un samedi, mais je suis actuellement absolument incapable de vous en donner la date précise...).

    Là, les membres du BN et les membres du comité de rédaction du site OALE présents (dont j’étais) se sont alors dit - entre autres choses - que l’expérience OALE méritait d’être poursuivie puisque que nous avions visiblement, au sein même de l’association, les moyens ’’humains" de prolonger l’aventure.

    Pour la suite, juste rappeler que Valéry-Xavier a bossé tout l’été pour proposer à tous une maquette de site lisible et attractive ; on a commencé à y mettre des contenus dès la fin août 2005 (notamment en y rapatriant quelques articles déjà publiés sur le site OALE...). Puis le projet a été proposé à la direction de l’association lors du CA tenu à l’occasion des universités d’été de Bordeaux (en septembre 2005), suscitant alors l’adhésion « de principe » des représentants des différents groupes locaux de l’association.

    Après quoi, le site a continué à se développer, de façon tout d’abord un petit peu expérimentale.

    Projet bientôt repris dans la plate-forme politique présentée par l’équipe menée par Pauline Gessant, en novembre 2005, lors du « renouvellement annuel » du BN de l’association ; équipe « Pauline I » dont je faisais alors partie (en tant que « Rédacteur en chef » possible du webzine...), et projet officialisé - donc - quand Pauline a été élue à la présidence de l’association (de même que son équipe, en tant que BN pour l’année à suivre...).

    Et c’est à ce moment là, qu’émergeant des fonds baptismaux, naît vraiment (officiellement, en tout cas...), le « Taurillon ». Et c’est parti pour l’aventure...

    2. Par ailleurs, c’est pas vraiment très « gentil » de dire qu’avant Fabien Cazenave (Laurent Nicolas ou Marc-Antoine Coursaget...) le Taurillon n’était qu’un simple blog.

    Déjà, dès la fin de mon mandat (en septembre-octobre-novembre 2007), nous alors avions déjà enregistré des données statistiques déjà très encourageantes, nous plaçant dès lors déjà très largement au-dessus de la seule dimension d’un simple « blog » (encore qu’il y a en ait aussi de très fréquentés...).

    Pour preuve ; l’intérêt alors déjà manifesté par la JEF-Europe (et par certaines de ses sections nationales, italiennes et allemandes notamment) de se joindre à nous dans l’aventure du « Taurillon » et dans l’animation de ce site.

    Alors disons juste que cette formulation est juste ... un peu maladroite. Mais bon, c’est pas grave... Cela dit, si vous n’y tenez pas vraiment, vous n’êtes pas obligés de publier ce commentaire d’Ancien combattant. ; - ))

    3. Quoi qu’il en soit, félicitations à toutes et à tous pour avoir su prolonger l’existence de cette espace d’engagement politique, de pédagogie fédéraliste, d’information européenne et de liberté d’expression.

    Le Prix européen récemment reçu doit donc être savouré et apprécié comme une juste reconnaissance du travail accompli par chacune et par chacun des contributeurs ayant oeuvré (par leurs articles, par leurs commentaires, par leurs traductions ainsi que par l’assistance technique, parfois rendue nécessaire...) au bon fonctionnement de ce site (ainsi qu’à la réussite de cette aventure...).

    Sans oublier tous nos partenaires de la JEF-Europe et des autres sections nationales de l’association, ainsi que toutes les associations partenaires avec lesquelles nous avons alors eu l’occasion de travailler (« Euros du Village », « Belles Feuilles », « Europanova », « Nouvelle Europe », etc).

    Bravo à toutes et à tous, donc. Et longue vie au Taurillon.

  • Le 21 octobre 2012 à 15:59, par Jonathan Leveugle En réponse à : L’engagement du Taurillon pour une Europe fédérale

    Un grand merci à toi Ronan. Loin de moi l’idée de niveler l’importance de qui que ce soit dans la mise en place du Taurillon. Tout le monde y a grandement contribué et chacun peut être fier de ce qui a été fait.

    J’en profite alors pour remercier aussi toutes les personnes que tu as cité et que je n’ai pu mentionner dans ce discours. Tu as raison de rappeler que le Taurillon est une belle entreprise commune.

    Bravo à toutes et à tous qui ont permis et permettent à ce beau projet de se poursuivre.

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