La société civile, un ami critique de l’Union européenne pour Pauline Gessant

, par Aurélien Brouillet

La société civile, un ami critique de l'Union européenne pour Pauline Gessant
Pauline Gessant Présidente des Jeunes Européens Fédéralistes

Les Jeunes Européens Fédéralistes se réunissent en Congrès du 1er au 3 novembre. A cette occasion, le Taurillon est allé interroger Pauline Gessant, présidente du mouvement.

Le Taurillon : Le thème du séminaire et du Congrès de la JEF Europe est cette année : « la culture, ciment de notre citoyenneté européenne ». A votre avis, quel rôle joue concrètement la culture dans le projet européen ?

Pauline Gessant : On demande souvent s’il existe une culture européenne. Je répondrai en citant Catherine Lalumière : « Il y a bien une identité culturelle européenne mais l’originalité de cette identité, son paradoxe, c’est d’abord sa diversité. L’identité européenne, c’est d’être multiculturelle. Depuis toujours, les siècles nous ont légué cet héritage, nous sommes pluriels, nous sommes multiculturels, nous sommes divers, nous sommes une mosaïque ».

La culture et surtout le dialogue interculturel jouent un rôle essentiel dans la prévention de l’intolérance et des conflits. En ce sens, la culture doit constituer un élément fondamental du projet européen. L’Europe a toujours été le continent de la liberté de circulation des talents, des idées et des œuvres. Il suffit de penser à Erasme, de Rotterdam à Bologne ou à Rubens d’Anvers à Gêne. Depuis l’époque médiévale les universités européennes échangent entre elles.

Dès 1954, la culture a d’ailleurs été reconnue comme un ciment de l’Europe avec l’adoption par le Conseil de l’Europe de la Convention culturelle européenne, qui fut le premier et est toujours le seul instrument général de droit international visant à encourager le développement d’une identité culturelle européenne, à sauvegarder la culture européenne et à promouvoir les contributions nationales à l’héritage culturel commun de l’Europe. Cette convention encourage l’émergence d’un espace culturel européen, par l’étude des langues, de l’histoire et de la civilisation du Continent.

Malheureusement ce sont bien ces aspects qui manquent encore aujourd’hui et qui sont nécessaires à l’émergence d’un sentiment européen. Les systèmes éducatifs devraient permettre à chaque citoyen de connaître au moins deux langues européennes en plus de la sienne. L’enseignement de l’histoire ne devrait plus reposer sur des visions nationales mais bien sur une perspective européenne des événements qui ont marqué le continent européen. Les médias ne jouent pas non plus suffisamment leur rôle de médiateur culturel et de connaissances réciproques entre les Européens.

Le projet européen doit promouvoir un modèle de dialogue interculturel reposant sur le respect des cultures et leur enrichissement mutuel. Umberto Eco disait « la langue de l’Europe, c’est la traduction » ; une belle image qui traduit la richesse que représente la combinaison entre une diversité linguistique européenne exceptionnelle et la volonté permanente d’échanger, se comprendre et construire ensemble.

Le Taurillon : Quelle est selon vous le rôle de la société civile en cette année d’élection européenne ?

Pauline Gessant : La société civile doit jouer le rôle d’ « ami critique » de l’Union européenne. C’est-à-dire expliquer pourquoi il est important de voter pour les élections européennes en soulignant les réalisations de l’Union européenne. Mais elle ne doit pas avoir peur de dire que tout ne fonctionne pas parfaitement et que des réformes sont nécessaires pour une Europe plus démocratique et plus efficace. Dans ce sens, la société civile doit aussi se faire le relais des aspirations et préoccupations des citoyens européens.

Parce que les organisations de la société civile à l’échelle européenne contribuent à la création d’une sphère publique véritablement paneuropéenne, la prochaine Commission européenne devrait mettre à l’ordre du jour dès que possible le statut juridique d’association européenne, trop longtemps repoussé. L’un des droits fondamentaux dans une démocratie est le droit d’association. L’Union européenne se doit de le reconnaître aussi au niveau communautaire.

Le Taurillon : Quel futur voyez-vous à l’Europe une fois le nouveau parlement élu ?

Pauline Gessant : Certes cela dépend de la future composition du Parlement européen mais il faut être honnête cela dépend avant tout de la volonté et du courage des femmes et des hommes politiques qui composeront le Parlement européen et la Commission.

J’espère ainsi que les nouveaux parlementaires européens sauront faire preuve de courage et prendront l’initiative de demander la réunion d’une convention afin de réaliser les réformes nécessaires pour une Europe plus efficace et démocratique, une Europe fédérale. De plus en plus de voix se font entendre et appellent à la convocation d’une convention. Espérons qu’elles seront entendues car nous avons besoin d’un débat démocratique sur l’avenir de l’Europe et d’une intégration plus poussée pour répondre aux défis actuels.

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