Le Taurillon sera au rendez-vous des élections européennes de 2009

, par Laurent Nicolas

Le Taurillon sera au rendez-vous des élections européennes de 2009

2009 s’annonce comme une année décisive pour l’avenir de l’Europe politique : élections au Parlement, referendum couperet en Irlande sur le traité de Lisbonne et renouvellement de la Commission. Si ces trois moments clés peuvent marquer un tournant pour l’Union, l’enjeu des élections de juin est énorme.

Chaque étape de la construction européenne a renforcé le poids du Parlement et aujourd’hui députés et groupes politiques européens sont des acteurs incontournables de l’action de l’Union. Même dans les domaines où l’accord du Parlement n’est pas impératif, le Conseil des ministres et la Commission savent que le compromis avec les parlementaires est nécessaire.

Faire exister le Parlement en dehors de ses murs

Cette capacité du Parlement à instituer un rapport de force est d’autant plus précieuse que la Commission Barroso a failli politiquement, redonnant l’initiative aux grandes nations comme l’Allemagne et la France, au détriment des petits pays et de l’intérêt communautaire.

Pour pallier à ce déséquilibre croissant des institutions de l’Union, nous avons plus que jamais besoin d’un Parlement fort, où le débat est porté par des groupes politiques transnationaux, aptes à négocier les textes, à proposer des amendements, à obtenir un compromis. Le renforcement du Parlement dans la pratique quotidienne de la politique européenne est l’avenir de l’Europe politique.

Pour passer un nouveau cap, les parlementaires et les formations politiques européennes doivent communiquer. Le Parlement a besoin d’exister en dehors de ses murs : combien d’électeurs connaissent les différents partis européens ? Quel pourcentage de la population connaît le nom de son député à Strasbourg, en dehors des périodes électorales ? L’Europe politique s’anime lors des campagnes pour les européennes : le débat se personnifie, les candidats se montrent tout comme les partis. Mais dès que l’agenda national reprend le dessus, les parlementaires européens perdent la bataille de la communication ; et l’indifférence fait le lit de l’abstention.

Plus que jamais besoin de politique en Europe

Pourtant l’Europe politique a besoin de l’adhésion des populations pour faire face aux défis des mois et des années à venir. L’Europe de la défense, la réforme de la gouvernance économique de la zone euro, l’indépendance énergétique, l’Europe de la recherche et de l’investissement… Ce sont les députés élus en juin prochain qui vont devoir porter ces textes et préparer l’Europe de demain. Mais si l’abstention est trop élevée, le Parlement sera durablement décrédibilisé et l’équilibre précaire des institutions communautaires penchera encore un peu plus en faveur des Etats.

A l’inverse, une forte participation aux prochaines élections ferait exister l’Europe politique aux yeux des autres puissances du monde. Avec Barack Obama à la Maison Blanche, l’Europe doit s’affirmer pour devenir un partenaire respecté. Et les occasions ne vont pas manquer, que ce soit dans les négociations sur le changement climatique ou dans la définition de nouvelles règles financières : l’Europe devra faire ses preuves.

Réussir les européennes ?

Qu’est- ce qui fera de ce scrutin une réussite ou un échec ? Pour les candidats, leur élection ou celle de leurs colistiers. Pour les partis nationaux d’opposition, leur bon score sera un désaveu de la politique menée par le gouvernement ; et vice-versa. Pour les partis européens, l’enjeu est non seulement de maintenir un groupe quantitativement important pour peser dans les décisions, mais également de réussir à créer une dynamique entre des députés de toute l’Europe, dont la sensibilité politique peut varier malgré une étiquette commune.

Pour nous, militants d’une Europe démocratique, supranationale, et solidaire, comment juger ? Que peut-on attendre de ce vote si important ? Une forte participation, c’est une évidence. Mais la participation que nous attendons n’est pas seulement un pourcentage de citoyens ayant mis leur bulletin dans l’urne. Nous sommes exigeants, nous voulons plus.

L’offre politique européenne a besoin d’être plus lisible. Nous voulons que les partis et les candidats mouillent le maillot et proposent leur vision de l’Europe, confrontent leurs projets, justifient leurs bilans respectifs. Les citoyens doivent avoir des repères sur cette politique qui semble se faire si loin d’eux et qui modifie pourtant leur existence au quotidien.

Prendre le taureau par les cornes !

Pour combattre l’abstention en juin, on pourra toujours espérer qu’il pleuve le jour du vote afin que personne ne trouve mieux à faire que de choisir son député. On peut aussi attendre des médias qu’ils fassent leur travail et qu’ils s’arrachent à l’actualité nationale pour faire vivre le débat européen. Nous aimerions par exemple que les journalistes du Monde ou de TF1 demandent aux candidats s’ils soutiendraient un nouveau mandat de Barroso à la tête de la Commission.

Nous nous attendons, par expérience, à être déçus des médias traditionnels. Nous savons également que les eurosceptiques seront présents sur internet pour diffuser leurs contre-vérités et leurs clichés : internet est un enjeu pour toute campagne, mais peut être encore plus lors des européennes. Si un embryon d’espace public européen existe, c’est bien sur internet. La blogosphère europhile l’a bien compris, et nos camarades de Cafebabel, des Eurosduvillage ou des Coulisses de Bruxelles auront, à n’en pas douter, eux aussi l’œil affûté pendant la campagne.

Les Jeunes Européens vont prendre le taureau par les cornes : nous passerons au crible les programmes, les prises de position. Nous porterons la voix de nos adhérents qui, partout en Europe, iront à la rencontre des candidats et des citoyens pour animer le débat et faire vivre la démocratie européenne. Nous continuerons d’être exigeants envers les politiques et les médias, car nous sommes plus que jamais ambitieux pour l’Europe. Le futur Parlement aura des décisions fondamentales à prendre pour l’avenir de l’Europe et le débat public doit être à la hauteur de l’enjeu. Nous ferons tout, sur le Taurillon, pour l’être aussi.

Vos commentaires
  • Le 1er janvier 2009 à 21:43, par Placebo En réponse à : Le Taurillon sera au rendez-vous des élections européennes de 2009

    Les enjeux de ces élections législatives apparaissent avec d’autant plus d’acuité que l’Union européenne a fait preuve, au travers des 6 derniers mois de présidence française et des crises qui l’ont traversée, d’un retour à un mode de gouvernance des chefs d’Etat (qui plus est, de quelques états membres, les plus grands) allant à l’encontre du fonctionnement institutionnel supranational censé la consacrer. Si l’on ne peut que se féliciter que le Conseil, par la voie de son président, et les initiatives de l’eurogroupe aient redonné un leadership, une force politique à l’UE sur la scène internationale, on est donc loin du fonctionnement des institutions européennes et notamment de l’expression du Parlement. Aussi, pour le citoyen européen peu ou faiblement informé du rôle des institutions européennes dans le quotidien et l’avenir qu’il se façonne (parce qu’il s’agit bien d’éclairer nos concitoyens sur leur responsabilité à se déplacer à ces élections et à s’exprimer), je crains bien que ces 6 derniers mois aient été, paradoxalement, la seule véritable expression politique de l’UE parce que « visible », et donc bien loin des potentialités démocratiques inscrites dans les Traités. Seulement, pour promouvoir plus efficacement l’UE auprès de nos concitoyens, il faudra plus que leur rabâcher les principes des Traités dont on sait qu’ils sont trop aisément repris et bêtement retournés pas les opposants.

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