Russie

Le rôle de l’Union européenne dans les conflits qui opposent ses membres à la Russie

Otage ou protecteur ?

, par Katarzyna Korolko

Le rôle de l'Union européenne dans les conflits qui opposent ses membres à la Russie

Quand Vladimir Poutine a décidé de donner la leçon aux Polonais en mettant l’embargo sur leur viande, personne en Europe n’a protesté. Quand il a interrompu de l’approvisionnement en pétrole de la raffinerie lituanienne de Mazeikiu, la réaction de l’Union européenne a été modérée. Maintenant, au moment de la crise diplomatique entre la Russie et l’Estonie, tout le monde a paru soudain inquiet...

La rhétorique du président Poutine se raidit peu à peu. Personne ne doute que président russe met au point sa tactique pour les élections présidentiels en Russie prévues en 2008. Ces conflits servent en réalité surtout sa politique intérieure. Il s’agit, en fait, de renforcer l’unité du peuple russe face à ses adversaires et, de cette façon, accroître son influence présidentielle. Il a aussi un autre intention : tester l’unité et la solidarité de l’Union européenne.

« Non » à la politique d’arrogance

Les dirigeants européens doivent comprendre qu’ils ont intérêt à trouver une solution à ces conflits. Pourquoi ? Non seulement, à cause des profits économiques résultant de leur propre coopération avec la Russie, mais aussi, parce que la politique d’arrogance de Vladimir Poutine met à mal les fondements même de l’Union européenne. La Russie n’a jamais accepté la perte de ces territoires constituant la partie de l’ancienne URSS. Aujourd’hui, ils sont l’un des pions avancés par Moscou dans son jeu avec Washington. La Russie, pour cacher sa faiblesse, cherche des victimes.

La Russie, pour cacher sa faiblesse, cherche des victimes

Cela lui permet de continuer à exercer son influence. L’Union européenne doit faire perdre ses illusions en lui démontrant que cette Communauté d’Etats fondée sur l’égalité de droits de ses membres ne peut pas être infirmée facilement. Cela est aussi un geste important à l’égard de ces nouveaux pays qui ont adhéré à l’Union européenne, espérant être aidés pour sortir de l’orbite russe.

Une responsabilité vis-à-vis des pays de l’Est

Aujourd’hui, Moscou menace à nouveau ces jeunes démocraties. Elles utilisent, en effet, des mécanismes différents pour protéger leur souveraineté (comme par exemple : le veto polonais au lancement des négociations d’un accord de partenariat UE-Russie ou bien le déplacement du Soldat de bronze en Estonie). Cela irrite les dirigeants des anciens pays de l’Ouest : mais elles ont bien le droit de défendre leur propres intérêts comme l’Allemagne et la France protègent les leur. Est-ce que les nouveaux membres doivent simplement « se taire », comme l’avait dit M. Chirac ? La solidarité européenne permet de dépasser la responsabilité des « grands pays » de défendre les plus faibles en fonction de leurs propres intérêts. Telle est le rôle de la puissance européenne.

Maintenir le dialogue

Même si l’Union européenne entreprend des négociations avec la Russie, ceux de ses membres restant en conflit avec Moscou sont obligés de maintenir le dialogue bilatéral : pour afficher sa bonne volonté d’une part, et pour éviter que la Communauté devienne « l’otage » d’un de ses membres, d’autre part. Sinon, cela pourrait geler la suite de ses réformes institutionnelles et rendre plus difficile son fonctionnement. Il est aussi important pour l’Union européenne d’élaborer une politique étrangère qui permettrait de pratiquer une diplomatie plus apaisée avec la Russie.

La solidarité, une condition de la paix

C’est pourquoi nous avons besoin d’une Europe fédérale : pour ne parler qu’une seule voix en terme de la politique étrangère au sein de l’Union européenne. Sinon, chaque membre s’exprime seul et, en lieu de se renforcer, l’Europe devient de plus en plus faible.

La Russie compte sur la division de l’Union européenne. Heureusement, le sommet de Samara a prouvé que le contraire est impossible. Visiblement la position des « 27 » à l’égard de Moscou se durcit. Et il ne s’agit pas de la nouvelle guerre froide comme le prétend aujourd’hui le président Poutine. Il s’agit de la solidarité que doit avoir naturellement l’Union européenne avec ses propres membres.

Illustration : logo tirée de la médiathèque de la Commission européenne.

A lire :
 Ryszard Bobrowski, odejść od Nicei czy odejść od idei integracji europejskiej, Central European Review.
 Timofeï Bordatchev, l’UE en crise : les opportunités à saisir pour la Russie ?, Russie.Nei.Visions, n°7, octobre 2005

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