Le sort de la minorité polonaise en Biélorussie inquiète l’UE

, par Benoît Pélerin

Le sort de la minorité polonaise en Biélorussie inquiète l'UE

L’Union Européenne a réagi fermement le mois dernier à la suite de nouvelles répressions visant la minorité polonaise du pays en Biélorussie.

Les tensions entre l’UE et la Biélorussie se sont ravivées à la fin du mois de février, après que les autorités biélorusses aient arrêté la présidente de l’Union des Polonais de Biélorussie ( ZPB : Związek Polaków na Białorusi ), Angelika Borys, ainsi qu’environ 70 de ses membres en l’espace d’une semaine. Les autorités ont également fait fermer le centre culturel polonais de la petite ville d’Iwieniec, géré par la ZPB malgré une gestion et un statut en conformité avec les lois biélorusses. La ZPB s’était scindée en 2005 entre une branche indépendante – à laquelle tous les membres arrêtés appartiennent - et une branche loyale au régime du président Loukashenko, laquelle a repris la direction du centre culturel sur décision d’un tribunal biélorusse.

Les réactions ne se sont pas fait attendre, le ministre polonais des affaires étrangères Radosław Sikorski, a adressé une mise en garde au gouvernement biélorusse après avoir rencontré son homologue biélorusse. De son côté l’UE a réagi par la voix de la ministre des affaires étrangères, Catherine Ashton, qui, dans un communiqué de presse, a « fermement condamné toute répression à l’encontre de la ZPB » et prévenu le gouvernement biélorusse que tout cela ne pouvait mener qu’à une détérioration de ses relations avec l’UE, avant de conclure « que c’est [...] en assurant l’engagement européen en Biélorussie qu’on pourra favoriser l’introduction de ce pays au sein de l’Union Européenne et ainsi aboutir à un processus de démocratisation et de développement des libertés fondamentales dans ce même pays, qui pour l’instant est pris en otage par le gouvernement biélorusse. ».

La dernière dictature européenne

Les ministres des affaires étrangères des 27 ont réagi dans le même sens en mettant en garde la Biélorussie contre une dégradation des relations bilatérales si ce genre d’événements venaient à se reproduire. Les relations avec la Biélorussie gelées depuis les élections législatives frauduleuses de 2008, s’étaient pourtant réchauffées courant 2009. Mme Ashton a annoncé une réexamen de la situation pour avril.

Seulement voilà le chemin vers la normalisation des relations semble encore long car les tensions entre la Pologne et la Biélorussie ne datent pas d’hier. Au sortir de l’époque communiste tandis que la première se tourne résolument vers l’Ouest et la démocratie, la dernière reste dans le giron de la Russie et se distingue, notamment depuis l’arrivée au pouvoir en 1994 d’Alexandre Loukashenko par ses manquements répétés aux principes démocratiques au point que Condoleezza Rice qualifiera le pays de « dernière dictature d’Europe » en 2005.

Au cœur des tensions entre les deux pays se trouve la minorité polonaise en Biélorussie. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, en accord avec les dispositions des accords de Yalta, les frontières de la Pologne d’avant-guerre se sont trouvées repoussées vers l’ouest et des milliers de Polonais se sont ainsi retrouvés en territoire ukrainien, lituanien ou biélorusse. Contrairement aux Polonais d’Ukraine, les Polonais furent largement empêchés de retrouver leur patrie dans l’immédiat après-guerre malgré les efforts de la Pologne. Ce n’est qu’à l’effondrement de l’URSS, qu’une partie d’entre eux a pu rejoindre leur patrie d’origine grâce à des « programmes d’échanges » entre Biélorusses de Pologne et Polonais de Biélorussie.

Une campagne antipolonaise

Aujourd’hui, la minorité polonaise représente 400 000 habitants sur les 10 millions de biélorusses, ce qui en fait la deuxième minorité du pays après les Russes. Le régime de Lukashenko accuse ouvertement depuis 2005 les polonais de Biélorussie de vouloir déstabiliser le régime sur ordre du gouvernement polonais. Des accusations peu surprenantes dans un pays où le président s’est publiquement déclaré nostalgique de l’époque soviétique. Cette campagne antipolonaise s’est traduite par une interdiction d’un journal en langue polonaise, l’expulsion d’un diplomate polonais et le remplacement des représentants démocratiquement élus de la ZPB par des fidèles de Loukashenko.

Ces derniers événements inquiètent d’autant plus le monde démocratique qu’ils se déroulent sur un fond de durcissement du régime biélorusse, qui non content de contrôler déjà les médias traditionnels, a formé comme projet de contrôler l’usage d’internet, restreignant ainsi encore davantage les libertés individuelles et verrouillant un des derniers lieux d’expression de l’opposition, revigorée depuis quelques années par les révolutions démocratiques - ou « révolutions de couleurs » - d’Ukraine de Géorgie et du Kirghizistan.

Illustration : Action Stop Lukashenko 2010 à Varsovie

Source : la page Flickr de la JEF Europe

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