Le président de la Commission a reçu, lundi 16 mars à Londres, le soutien “très clair” du premier ministre britannique en vue d’un second mandat à ce poste. “Je veux dire de façon très claire que nous le soutiendrons (…) lors de l’élection du prochain président”, a indiqué Gordon Brown, à l’issue d’entretiens avec l’intéressé : “Il a fait un excellent travail.”
Début mars, le président français, Nicolas Sarkozy, s’était montré plus ambigu, en suggérant d’attendre l’issue du second référendum en Irlande, au plus tôt en septembre, avant de désigner le patron de la future Commission. Les Vingt-Sept envisagent en principe de fixer leur choix en juin, à l’issue du scrutin européen. Le coup de pouce de M. Brown tombe donc à pic pour M. Barroso, à l’aube d’une campagne qui s’annonce délicate pour lui.
Un coup de force institutionnel des États
Dans le traité de Lisbonne, il est indiqué que le président de la Commission européenne sera élue par le Parlement européen sur proposition des Etats membres. Les partisans d’une Europe politique ont ainsi sauté sur la brèche pour réclamer aux partis politiques européens de présenter un candidat aux élections européennes pour se poste. L’idée est la suivante : “si les Etats ne suivent pas le choix du parti majoritaire au Parlement européen en choisissant un autre candidat, leur proposition ne sera pas suivie”. Déjà en 2004, cette règle “dans l’esprit” avait été utilisée pour mettre Barroso à la tête de la Commission et éviter qu’un candidat du centre soit choisi.
L’année dernière, Nicolas Sarkozy s’était déclaré favorable à la solution d’un nouveau mandat pour José Manuel Barroso, suscitant l’émoi parmi les associations pro-européennes. Or, cette nouvelle déclaration de Gordon a un unique but : montrer que ce sont les Etats qui décident, quelques soient la couleur politique du personnage. Le Parlement européen n’aurait donc plus son mot à dire durant les élections et la nomination de Barroso serait déjà “actée”.
Pour une campagne des Européennes personnalisée
Or, nous manquons dans cette campagne d’un véritable enjeu visible pour les électeurs. Les travaux du Parlement européen sont injustement mal suivis par les médias nationaux. Ceux-ci ne s’intéressent qu’à la sphère nationale en attendant la constitution d’un hypothétique espace public européen.
De plus, la manière dont est nommée le président de la Commission le rend d’autant plus loin des citoyens :
– nous ne savons pas quelles sont les tractations et leurs enjeux.
– nous ne savons pas quand cela se décide puisqu’il est nommé sans concomitance avec les élections européennes.
Voilà un enjeu qui serait plus clair pour les citoyens : si nous votons pour l’UMP, on vote pour Barroso. Voilà peut-être la raison pour laquelle l’UMP ne fait pas une trop forte campagne ? Peur du contre-buzz ?
Quoiqu’il en soit, il est très regrettable que Gordon Brown brouille ainsi encore un peu plus les enjeux de cette élection européenne. Ce n’est pas en disant “quoique vous votiez, cela ne changera rien” que nous pourrons inciter les citoyens à aller se déplacer voter pour les élections européennes du 7 juin 2009 !
1. Le 21 mars 2009 à 20:16, par L09 En réponse à : Le travailliste Gordon Brown soutient le libéral Barroso : oh my god !
Je me permets d’ajouter que Mr Zapatero et Mr Socrates ne sont pas en reste à ce sujet pour ce qui est de brouiller les enjeux de cette campagne (malgré un appui au président de la commission actuelle plus discret). Pourtant ceci concerne le PSE dans sa globalité et même des appuis potentiels d’autres formations politiques pour une proposition de candidat commun (je pense aux Verts européens qui ont l’air d’avoir leur idée là-dessus). Il semble que la campagne démarre officiellement le 1er avril ; une dizaine de jours pour surmonter ce « point mort » plus que déplorable seront-ils suffisants ou faut-il considérer que la question est déjà pliée par la position explicite de Mr Brown (faisant ainsi l’économie à d’autres dirigeants du PSE de clarifier les choses plus avant ?).
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