Brice Voirin-Métairie : Certaines régions ont développé depuis plusieurs années des mécanismes d’aide à la mobilité en Europe, notamment à destination des jeunes. Quels sont vos objectifs dans ce domaine ?
Aurore Berge : Lors de la Présidence française de l’Union européenne, la France a porté l’idée d’un Erasmus pour les apprentis et nos députés européens d’IDF de la majorité présidentielle se sont engagés à créer les conditions réglementaires adéquates. Il s’agit d’étendre programme Erasmus aux filières professionnelles, qui regroupent près de 79.000 étudiants en Ile-de-France, en créant un programme Erasmus Apprentis. On peut à ce titre regretter que la région socialiste n’ait financé que 79.000 apprentis au lieu des 100.000 prévus.
En outre, les propositions de Michel Barnier sont toujours d’actualité. Elles consistent à :
– Créer dans chaque lycée un club Erasmus proposant pendant les vacances scolaires des stages gratuits de langues étrangères. Les étudiants Erasmus d’aujourd’hui devront être mis à contribution pour la formation des étudiants Erasmus de demain.
– Doubler le montant des bourses Erasmus pour rendre le programme plus accessible : le montant alloué étant insuffisant, seul les étudiants aisés peuvent en bénéficier, et une grande partie des bourses reste non-allouée.
Brice Voirin-Métairie : Avez-vous l’intention de mettre en place ou de renforcer des coopérations avec des régions d’autres pays ? Dans quel but ?
Aurore Berge : Il convient de s’interroger sur la politique de coopération mise en œuvre avec les collectivités infra-étatiques européennes (Ville de Budapest, région de Mazovie et Land de Brandebourg) : seuls 3 accords de coopération qui ne représentent que 2% de la dépense globale. Ces partenariats, utiles à l’émergence d’un sentiment de citoyenneté européenne doivent être valorisés, diversifiés et utiles aux citoyens franciliens : développement du twinning par exemple, lequel consiste en un jumelage inter-lycées.
Brice Voirin-Métairie : Quel bilan faites vous dans votre région des projets réalisés avec l’aide des financements européens au cours des dernières années ?
Aurore Berge : Sur la période 2000-2006, l’Ile-de-France a bénéficié de plus de 750 millions d’euros de fonds européens. Des projets emblématiques ont pu être menés, tels que : la création à Bobigny d’un nouveau laboratoire avec du matériel moderne de haut niveau technologique dans le but d’obtenir la norme ISO 17025 (FEDER : 15% du coût total) ; la construction à Garges-lès-Gonesse de la Maison de quartier Dame Blanche Ouest accueillant un centre social et un centre de ressources associatif (FEDER : 50% du coût total) ou, dans le département de la Seine-Saint-Denis, le soutien au développement des très petites entreprises par l’association MIEL (FSE : 35,74% du coût total)
Toutefois, du fait de la mauvaise gestion des fonds européens par le Conseil régional, on observe une baisse des crédits européens pour la période 2007-2013 : -17% pour le FEDER et -7% pour le FSE soit une perte de 71 millions d’euros par rapport à la programmation 2000-2006.
Brice Voirin-Métairie : Le co-financement des projets réalisés en région à tendance à minorer l’importance des fonds européens, chaque acteur souhaitant mettre en avant sa participation. Comment donner plus de visibilité à ce que l’Europe fait pour vos administrés au quotidien ?
Aurore Berge : À en juger par la faible connaissance de l’existence et du fonctionnement des fonds européens en Ile-de-France, la communication du Conseil Régional est inefficace et insuffisante. Dommage quand on sait que le Conseil régional est prêt à investir 840.000 euros dans une campagne de communication valorisant… sa politique de transports en Ile-de-France !
De plus, il faut savoir que le Vice-président du Conseil Régional d’Ile-de-France en charge des actions internationales et des affaires européennes n’est autre qu’un proche de Benoit Hamon, peu connu pour sa fibre européenne. Au regard des articles publiés sur son blog, il semble malheureusement que l’élu socialiste soit plus préoccupé par les querelles entre les différents courants de son parti que par son devoir d’information des citoyens d’Ile-de-France sur les enjeux européens.
La région doit donc absolument jouer le jeu de la coopération avec l’Union européenne et valoriser ses apports concrets pour notre région, des apports plus que significatifs (750 millions de fonds européens en 6 ans).
Brice Voirin-Métairie : La répartition des compétences entre l’Union, les États et les régions pose un certain nombre de problèmes qui portent atteinte au principe fondamental de subsidiarité. Quel est votre sentiment sur la question ?
Aurore Berge : La subsidiarité n’est, à mon sens, pas mise à mal. Etant donné que ce principe vise justement à garantir l’action de l’échelon le plus optimal dans la prise de décision, il s’agit de définir des compétences précises. En ce sens, il est regrettable que la région Ile de France soit intervenue très régulièrement sur des champs de compétences qui ne sont pas les siens et ne se soit pas concentrée sur ses champs de compétences prioritaires.
La réforme des collectivités territoriales, visant à mettre un terme à la clause de compétence générale –sauf pour les communes- permettra de revaloriser et de clarifier les compétences de chacun des échelons ainsi le principe de subsidiarité pourra être mieux utilisé par les collectivités territoriales.
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