Beaucoup (pro-européens ou non) paraissent prendre au pied de la lettre les propos actuels. Ainsi, récemment, c’est Hervé Morin qui s’est félicité du discours de Toulon du président de la République. Dans le courant opposé, c’est Marine Le Pen qui s’est indignée face à la même déclaration. Les deux décèlent la même « intention fédérale » pour en tirer un avis différent selon leurs opinions respectives. Or, dans les deux cas, c’est au mieux dévoyer la notion de fédéralisme en vendant des inepties à la presse, c’est au pire méconnaître sa définition.
Il ne suffit pas de parler d’Europe pour être fédéraliste. Soyons honnêtes. Aujourd’hui, plus personne ne s’affiche contre toute organisation en Europe. Le débat porte sur l’évolution (voire même pour certains, la révolution) que doit subir la construction européenne. Le régime actuel de l’Union européenne a le mérite de ne satisfaire personne et de rassembler partisans et contempteurs du fédéralisme, comités de soutien à l’Europe et personnes favorables à la nation.
C’est en raison de cette coalition baroque que nait une confusion dans les esprits. Tout discours en faveur de l’Europe se voit désormais qualifié d’appel au fédéralisme. Néanmoins, une telle interprétation pourrait être considérée comme une manœuvre politicienne si le sujet dont il est question n’apparaissait pas aussi abscons/incompréhensible pour le citoyen lambda.
Ici, avec ces mélanges de positions, le citoyen se perd. Monsieur Sarkozy ou Madame Merkel sont désormais vus comme des défenseurs ardents de l’Union. Pourtant, derrière cette agitation de façade, se cache la seule envie de protéger les nations, française et allemande, qui appartiennent à l’Union. Or, la démocratie nécessite de la pédagogie sous peine de basculer dans la démagogie.
Les enjeux doivent être clairement dégagés et mis sur la place publique. Oui, le fédéralisme est la seule solution pour sortir l’Europe de l’ornière. Mais, ce jeu dangereux des amalgames détruit les efforts réels de différenciation entre l’Europe des États et l’Europe fédérale. Cette dernière ne doit pas être identifiée au jeu risqué auquel se livrent les gouvernements nationaux. Il faut rappeler le poids de chaque mot et ne pas avoir peur de choisir le vrai changement.
Il ne suffit pas de faire une annonce grandiloquente pour devenir fédéraliste. Il serait temps, qu’aux discours d’intention, succèdent les actes d’attention. Le projet européen mérite d’être pleinement défendu.
Cependant, ce déluge de paroles bienveillantes du personnel politique finit par cacher le comportement malveillant de certains chefs d’État ou de gouvernement. On ne peut pas vouloir promouvoir l’Europe et mettre en place des inconnus totalement inaudibles en cette période de crise.
1. Le 5 décembre 2011 à 20:07, par Roni
En réponse à : N’est pas fédéraliste qui l’annonce !
L’inverse fonctionne bien aussi : Il ne suffit pas de parler de fédéralisme pour être européen
Suivre les commentaires :
|
