Obama, président des Européens

Pourquoi Barack Obama plaît-il tant aux Européens ?

, par Kerstin Bacher

Obama, président des Européens

Les sondages parlent d’eux-mêmes : 68% des Espagnols, 72% des Allemands et 78% des Français voteraient pour Barack Obama, le candidat démocrate aux élections présidentielles aux Etats-Unis [1].

Le sénateur de l’Illinois n’a pas seulement inspiré des millions d’Américains, mais il reçoit également un énorme soutien en Europe. Comment expliquer un tel enthousiasme pour Obama et le fort intérêt suscité par les élections de novembre 2008 en Europe ?

Le changement attendu par les Européens

Le message « Change » [2] d’Obama semble avoir eu un écho et correspondu aux attentes des deux côtés de l’Atlantique. Les Européens ont un désir du changement : changement des relations transatlantiques, changement de la politique extérieure américaine, changement de l’administration Bush, tout simplement. Les critiques concernant le leadership américain des huit dernières années formulées par le candidat démocrate présentent de fortes similitudes avec le discours et les attentes des dirigeants européens.

Mettre fin à la guerre en Irak, qui déclencha la grande vague d’antiaméricanisme en Europe, ne plus agir unilatéralement mais via l’Organisation des Nations Unies, sauf dans le cas d’auto-défense, coopérer avec une Europe qui se veut forte et unifiée…Bref, Obama propose un modèle de relations à l’opposé de celui du président Bush qui a divisé les Etats européens en deux camps avec son slogan « with us or against us » : avec nous, ou contre nous.

Une véritable conscience écologique

En fin de compte, Obama se présente comme un président qui entend se rapprocher des Européens sur les grandes thématiques de la gouvernance mondiale, à commencer par la lutte contre les changements climatiques. Le candidat démocrate prends en effet pour modèle ces Etats européens qui font figure de pionniers en la matière, comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Finlande ; des Etats qui sont résolument tournés vers les énergies renouvelables.

Plus généralement, sur ce thème de l’environnement, Barack Obama rejoint ce que l’on pourrait appeler l’« European way of life » [3] en développant une véritable conscience écologique chez les Américains. Cependant, la plupart des Européens sont très peu informés sur les projets politiques d’Obama.

Un outsider à l’establishment de Washington

Ce qui rend les rend si enthousiastes c’est en particulier qu’Obama représente aussi un changement de la scène politique américaine. Jeune et très peu connu aux Etats-Unis même, jusqu’au discours qu’il prononça en 2004, pendant la campagne présidentielle de John Kerry à l’occasion de la Convention démocrate, et encore moins en Europe jusqu’au début de cette année, Obama est un outsider parfait face à l’establishment de Washington : il n’aurait lui-même jamais envisagé de prétendre au poste le plus puissant du monde jusqu’à il y a seulement deux ans.

L’image de ce noir charismatique, issu d’une famille modeste, devenant président des Etats-Unis, change profondément la perception de l’Amérique dans le monde. D’un coup, le rêve américain semble ressurgir et la soft power se rétablir.

photo issue site officiel de Barack Obama

Notes

[1voir le sondage sur le site de France 24.

[2en français : « changement »

[3en français : « la manière de vivre européenne »

Vos commentaires
  • Le 5 novembre 2008 à 13:27, par Ronan Blaise En réponse à : Obama, président des Européens

    Après sa grande « crise inaugurale » du 11 septembre 2001 (et la « suréaction » républicaine des deux mandats Bush, illustrée par la tragique « expédition punitive » menée en Irak...), le XXIe siècle mondialisé, diversifié et métissé ne viendrait-il pas là de se trouver un nouveau leader à son image ?!

    L’Amérique (qu’on disait enterrée...) et l’American dream (qu’on disait à bout de souffle...) nous étonnent là par ces ressources, son dynamisme et ses étonnentes capacités de renouvellement et de rebond.

    Plus que jamais, les Etats-Unis - qu’on disait, complaisamment sur le déclin (souvent, parfois, parce que ça nous arrange bien...) - restent la grande puissance du moment.

    Celle qui dicte les modes et l’agenda mondial, pour le meilleur comme pour le pire (le nouveau président américain n’avait t-il pas préconisé l’intervention publique dans la crise financière - initialement américiane - avant même les timides premières initiatives européennes ?!).

    En tout cas, les « contestataires » Hugo Chavez, Raul Castro, Evo Morales, Mahmoud Ahmadinedjad (et le tandem russe Medvedev-Poutine...) se sont littéralement bousculé pour féliciter le vainqueur... Quel message, envoyé au reste du monde !

    Et que n’aurait-on pas dit - sur l’impasse militaire en Irak, sur le repli identitaire et le raidissement droitiste républicain, sur les relents de ségrégations d’un échec électoral, et sur le fondamentalisme religieux de sa colistière Sarah Palin (et des évangélistes...) - si McCain l’avait finalement emporté ?! Beaucoup aurait alors eu le sentiment que les Etats-Unis étaient « perdus » pour toujours et définitivement sur la voie du déclin (moi le premier...).

    Mais, dans l’exercice du leadership mondial, les Etats-Unis ne viennent-ils donc pas là de reprendre la main sur une Europe atteinte - au moins depuis l’échec HISTORIQUE de 2005 - de langueur chronique, sinon de sclérose en plaques ?! Quel message, envoyé au reste du monde ! (et quel défi pour l’Europe !)

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