Des déclarations polonaises qui vont à l’encontre de sa propre adhésion au Conseil de l’Europe
« Avec cette position, a poursuivi Monsieur van der Linden, le Gouvernement polonais empêche d’autres Etats membres de l’UE d’adresser un signal clair à tous les pays qui continuent d’appliquer la peine de capitale dans le monde. Il en va de même pour les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, organisation qui marque 10 années en tant que zone d’exempte de peine de mort.
« L’application de la peine de mort représente un acte de torture et une peine inhumaine ou dégradante au sens de l’article 3 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. La volonté de décréter un moratoire immédiat concernant les exécutions et d’abolir la peine de mort est devenue une condition préalable pour pouvoir adhérer à l’organisation » a souligné Monsieur van der Linden en rappelant « qu’il y a un an, la Ligue des Familles polonaises (LPR – parti membre de la coalition gouvernementale en Pologne), avait appelé à la réintroduction de la peine de mort, pétition qui avait alors reçu le soutien du Président Kaczynski. L’APCE continuera à suivre de près la situation en Pologne » a conclu le Président de l’APCE.
Le Taurillon se félicite de cette position claire et ferme de René van der Linden.
La Saga des Jumeaux fait du mal à la Pologne et donc à l’Europe
Après les déclarations fleurant bon la xénophobie à l’égard des Allemands, après les déclarations tonitruantes des membres de la coalition gouvernementale en particulier ceux de la LPR, nous voilà de nouveau face à une provocation des dirigeants polonais. Début juillet, ils n’avaient pas hésité à sous-entendre que sans la guerre de 1939-1945, la Pologne serait aujourd’hui un pays de 66 millions d’habitants, après avoir comparée l’Allemagne d’Angela Merkel à celle d’Hitler dans les années 30.
Autre atteinte aux valeurs européennes, il n’avait pas hésité à déclarer qu’il était "favorable à la tolérance, mais contre les conduites à connotations homosexuelles« ... Il faut dire que les jumeaux polonais à la tête de ce grand Etat sont souvent présents dans notre rubrique »Carton rouge" [1]
En ce qui concerne la Pologne elle-même, ce dernier épisode de la « saga des jumeaux Kaczynski » ne peut que nous confirmer dans le souhait que les prochaines élections parlementaires en Pologne abouttisent à une nouvelle majorité gouvernementale pro-européenne et en phase avec les valeurs fondamentales de l’UE dont la question de l’abolition de la peine de mort est l’une des valeurs essentielles. Cela pourra aussi permettre d’avancer sur l’élaboration du futur traité modificatif.
Car ne croyons pas que l’Union européenne n’est pas fragile : si un de ses Etats en son sein connait de telles crises intérieures, l’interraction sociale, économique et politique qu’il existe entre chacun des membres aura une répercussion. C’est pourquoi nous ne devons pas laisser ce genre d’attaque contre l’abolition de la peine de mort passer.
1. Le 29 septembre 2007 à 09:55, par Ronan En réponse à : Peine de mort : carton rouge au gouvernement polonais
Et, pendant ce temps là, la Cour européenne des droits de l’homme condamne le gouvernement polonais sur la question de l’avortement dans le cadre - très singulier - d’une prescription d’une IVG thérapeutique (Nb : Atteinte d’une grave maladie des yeux, la mère - ne pouvant suivre son traîtement médical durant sa grossesse - risquait de devenir aveugle).
AFFAIRE TYSIAC • Le gouvernement polonais condamné par la justice européenne
La Cour européenne des droits de l’homme a confirmé son verdict au sujet d’Alicja Tysiac, une Polonaise qui avait porté plainte contre son pays pour violation de son droit à l’avortement thérapeutique.
Bien que très restrictive, la législation polonaise autorise toujours l’IVG si la grossesse menace la santé de la future mère. Or, malgré les recommandations des spécialistes, Alicja Tysiac n’a pas pu avorter. Elle voulait bénéficier d’une IVG thérapeutique car elle souffrait d’une grave maladie des yeux ; menée à terme, sa grossesse risquait de la rendre aveugle. Aujourd’hui, elle a pratiquement perdu la vue.
« Cela valait la peine de se battre jusqu’au bout », se félicite le quotidien de gauche Trybuna, proche des postcommunistes de l’Alliance de la gauche démocratique, après la décision de la cour du 25 septembre confirmant celle du 20 mars dernier. « Le verdict signifie qu’à présent cette femme doit obtenir un dédommagement pour le préjudice qu’elle avait subi dans son propre pays. »
« La Pologne va payer pour le droit à l’avortement. » Le quotidien conservateur de droite Rzeczpospolita insiste sur le côté matériel de l’affaire : 25 000 euros de dédommagement et 14 000 euros pour les frais de justice, c’est peu pour une femme qui ne peut pas travailler et qui élève seule ses trois enfants. « Le gouvernement polonais a trois mois pour régler la facture. La somme sera intégralement engloutie dans le paiement du loyer en retard et des frais scolaires », précise Rzeczpospolita.
Dans une interview accordée au quotidien de droite Dziennik, Alicja Tysiac raconte les pressions qu’elle a subies dans sa paroisse. « Je fréquente maintenant une autre église », déclare cette catholique convaincue. « J’ai reçu de nombreuses lettres m’incitant à me ’réveiller’ enfin, plus d’une soixantaine d’organisations ’pro life’ ont envoyé des pétitions à mon sujet à la cour, pour qu’elle ne reconnaisse pas ma demande. Mais aucune d’entre elles ne m’est jamais venue en aide. J’ai été très surprise de l’énergie qu’elles mettaient dans cette bataille, mais aucune ne m’a jamais soutenue, ni mes enfants. »
Le verdict a été salué par les féministes. « Heureusement, la Cour européenne des droits de l’homme est entièrement indépendante de nos influences politiques, donc on peut être sûr de l’impartialité de son jugement. C’est une victoire du droit et de la justice ; et le gouvernement polonais a perdu », considère Magdalena Sroda, philosophe et l’ancienne ministre de l’Egalité entre les sexes.
Le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski a déclaré au quotidien Gazeta Wyborcza qu’il fallait accepter la décision de la justice européenne. Il a également annoncé la création d’une commission chargée d’arbitrer des cas semblables à celui de Mme Tysiac.
Iwona Ostapkowicz (Courrier international, 26 septembre 2007)
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