La présidence connut un départ sur les chapeaux de roue lors de l’escalade du conflit entre le Liban et Israël au début du mois de juillet. L’UE, souvent critiquée pour sa politique éclatée et désordonnée, parvint à adopter une position unie et forte sur la question. L’UE prit une position ferme au Conseil de Sécurité des Nations Unies et facilita rapidement le déploiement d’une opération de maintien de la paix par l’envoi sous l’égide de l’ONU de près de 15 000 hommes.
Ainsi le Mouvement Européen – Finlande a-t-il estimé que la Présidence finlandaise devrait défendre le principe d’un Ministre des Affaires étrangères commun, tel que prévu par le Traité constitutionnel.
L’Unité dans la diversité ?
L’unité de la politique étrangère européenne a semblé être la préoccupation principale de la présidence finlandaise. L’ASEM6, pour commencer, a rassemblé à Helsinki les chefs d’Etats des pays d’Europe et d’Asie pour discuter les relations UE-Asie et de l’avenir du processus. Très vite après, les chefs d’Etat et de gouvernements se sont réunis à Lahti pour discuter des relations extérieures et tout particulièrement de l’énergie, en présence du président russe Vladimir Poutine.
Les résultats de ces deux sommets ont pu paraître montrer que les dirigeants de l’UE étaient capables de présenter un front uni, et l’on a même parlé d’un « esprit de Lahti », au vu de l’approche constructive et couronnée de succès des discussions avec la Russie.
Toutefois, l’« esprit de Lahti » d’octobre s’est rapidement réfrigéré lorsque le sommet UE-Russie fut éclipsé par le désaccord sur les exportations de viande polonaise vers la Russie. Le veto mis par la Pologne à l’accord de partenariat a démontré combien l’Europe a besoin de la réforme constitutionnelle.
Beaucoup de mots, peu d’actes ?
La présidence finlandaise ne s’est pas résumée à de belles paroles. Les discussions prolongées sur le cadre législatif européen dans le domaine des produits chimiques s’est finalement conclu par l’adoption du Règlement REACH. Autre percée, l’adoption de la Directive Services, qui créera le plus grand marché des services du monde. L’importance économique de cette nouvelle directive est très grande, car les services représentent environ 70% de l’activité économique dans l’UE.
Question liée à la Directive Services, la compétitivité de l’UE a également constitué l’une des clés de voûte du programme de la présidence finlandaise. Toutefois, on ne peut qu’être frustré par la lenteur des avancées vers une Europe plus dynamique et plus compétitive. Les minuscules pas accomplis sous la forme de réformes ponctuelles dans certains domaines sont éclipsés par le manque d’engagement des parlements nationaux à respecter les principes du processus de Lisbonne.
Et au final ?
Il semble que la présidence finlandaise ait montré, à bien des égards, combien les problèmes que rencontre aujourd’hui l’UE nous ramènent tous au Traité constitutionnel : l’UE a besoin d’une seule voix, forte, pour devenir un acteur mondial ; elle a besoin de pouvoir adopter ses décisions à la majorité qualifiée ; elle a besoin de transparence. Mais ne laissons pas la gueule de bois constitutionnelle ou la « période de réflexion » empêcher toute avancée.
les problèmes que rencontre aujourd’hui l’UE nous ramènent tous au Traité constitutionnel : devenir un acteur mondial, majorité qualifiée, transparence...
De nombreuses discussions ont eu lieu sur l’avenir du Traité constitutionnel. Certains suggèrent une mini-Constitution à la mode sarkozienne ; d’autres préfèrent une nouvelle Convention (peut-être sans président français, cette fois-ci ?)
La Finlande a organisé des réunions systématiques avec chaque Etat membre afin de connaître leurs souhaits et leurs opinions sur l’avenir du Traité constitutionnel. Ces consultations restent confidentielles, et on ne connaît pas la nature exacte de ce qui s’y est dit. Toutefois, d’après ce qu’a déclaré le Premier Ministre finlandais Matti Vanhanen lors de son discours au Parlement européen le 18 décembre, « il y a un large consensus sur le fait que reprendre les négociations à zéro comme s’il n’y avait pas eu d’accord, n’est pas une option. »
Il semble que, à la suite des consultations, la présidence finlandaise soit arrivée à la conclusion qu’il nous faut défendre une « Constitution plus ». Ce traité réactualisé devrait s’attaquer aux problèmes principaux et rediscuter des plus grandes sujets de préoccupation. Il va sans dire que la réouverture de la discussion sur le paquet constitutionnel décevra les seize pays (ou dix-huit en 2008) qui l’ont déjà ratifié. Toutefois, un compromis qui trouverait son aboutissement dans une grande Constitution avant les élections législatives de 2009 offrirait la meilleure base qui soit pour continuer à avancer.
Quelle que soit la solution finalement adoptée, les parlements nationaux devront assumer leur responsabilité devant les citoyens européens. La façon qu’ils auront de justifier le développement constitutionnel sera cruciale pour le rythme du processus. C’est là que nous devons assumer notre responsabilité et souligner l’importance d’une action rapide et décisive pour adopter la nouvelle Constitution.
Article traduit de l’anglais par Emmanuel Vallens, Rédacteur en chef du Jungstier, Magazin der Europabürger. Le document initial d’où est tiré cet article ayant déjà fait l’objet d’une première publication dans nos colonnes : le 23 décembre dernier.
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