Un constat s’est imposé dès le début, l’inquiétante situation des jeunes d’aujourd’hui en termes de travail. 5 millions de chercheurs d’emplois, soit une moyenne européenne de 22.3%, mais jusqu’à 50% en Espagne où en Grèce. C’est leur préoccupation majeure, et comme le précisait d’ailleurs Mme Bir, qui compare le fardeau des jeunes enchainant emplois précaires et périodes de chômage au perpétuel recommencement de Sisyphe, l’urgence est telle que le sujet a occupé tout l’atelier.
Il est essentiel pour elle, d’instaurer plus de « stabilité, de qualité, et de sécurité de l’emploi », fondamentaux pour retrouver une confiance chez les jeunes d’Europe. Confiance dans l’avenir, mais aussi dans les institutions, pour assurer la construction future de l’Union, dont ils sont les porteurs. Fabrice Comptour l’affirme, l’Europe est consciente du sujet. Bien que son action soit contrainte par les prérogatives des États et un faible budget qu’il appelle à doubler, elle s’est engagée dans des mesures actives et prometteuses. Son premier levier d’action est de stimuler la mise en place d’un vrai marché du travail à l’échelle continentale, dont le potentiel dormant et considérable.
Si l’on juge par l’hétérogénéité stupéfiante des taux de chômage dans l’UE qui tombent à 6.5% dans les pays scandinaves, on comprend facilement comme l’emploi retrouverait une dynamique si l’on permettait un appariement des besoins et des compétences à l’échelle fédérale. L’exemple utilisé samedi pour illustrer ce coût d’opportunité fut celui des milliers d’ingénieurs espagnols désespérément en recherche d’emploi, alors que quelques centaines de kilomètres au Nord les entreprises allemandes sont prêtes à surenchérir pour leur compétences.
Pour parvenir à cet objectif, la première variable à considérer reste avec certitude celle des compétences individuelles, avec une pondération accrue sur les langues. Pour M. Comptour il faudrait allouer plus de fonds aux réussites que sont les programmes d’échange Erasmus et Leonardo (pour les formations en alternance), et pour même envisager à terme un échange annuel obligatoire pour tous les élèves européens du secondaire. La Commission a aussi été dotée depuis le sommet du 31 janvier dernier, d’une mission de recommandation auprès des États dont l’emploi des jeunes affiche les plus faibles performances, pour les aider à réformer en profondeur leurs systèmes éducatifs vieillissants.
L’enjeu principal de ces réformes est bien sûr une meilleure insertion professionnelle à l’issue de l’éducation supérieure, dont le rôle sera de former des jeunes responsables, engagés, et mieux conscients de la réalité du monde du travail et à même d’orienter leur carrière comme ils le souhaitent. Telle aura été samedi, la plaidoirie de M. Julien, qui a insisté sur une refonte du système éducatif dès le primaire, le jugeant trop magistral et entravant l’épanouissement de qualités telles que le travail en équipe ou la confiance, qui sont tout autant valorisées que les connaissances académiques par les entreprises.
Celles-ci, ayant déjà engagé 24 milliards d’euros dans le système en alternance dual, sont aussi grandement intéressées pour investir dans des formations en commun avec les universités, et permettre une plus rapide transposition pratique des avancées théoriques. Ces « alliances de la connaissance » défendues par la Commission européenne favoriseront aussi l’innovation et le progrès technique, principales sources du progrès technique à long terme.
Rien d’extraordinaire
Les protestations croissantes à travers le continent, dont le mouvement des « Indignados » espagnols est un emblème né de la crise, témoignent de l’impératif pour les dirigeants politiques de se saisir de la situation des jeunes en Europe. Comme M. Cicchelli le faisait d’ailleurs remarquer, les revendications de ces indignés sont d’autant plus touchantes qu’elles ne font que défendre un accès aux fondamentaux d’une vie décente que sont l’accès à l’emploi et au logement. Les mesures lancées récemment sont porteuses d’espoir, mais il est aussi nécessaire d’insister sur d’avantage de dialogue et de partage entre les acteurs concernés car c’est de l’échange que naissent les avancées concrètes. Pour une action efficace et réussie, pour que les jeunes renouent leur confiance dans l’Europe, pour qu’ils reconnaissent enfin en elle le reflet de leur avenir.
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