9 novembre 1989 – 9 novembre 2009 : cela fait maintenant 20 ans que le Mur de Berlin s’est effondré. Pour célébrer cet événement historique dans l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, les Jeunes Européens Rennes ont répondu à l’appel des Jeunes Européens Fédéralistes. Un mur de carton a été érigé place de la Mairie. Les personnes présentes ont été invitées à taguer des slogans sur les cartons, tandis que les journalistes locaux de Ouest-France, RCF Alpha ou le Mensuel de Rennes venaient couvrir le rassemblement festif.
Célébrer la liberté
Le mot « liberté » est celui qui, en français ou en allemand, revient le plus souvent sur le mur symbolique. Liberté, c’est aussi ce qui retiennent Rutger et Viky, deux étudiants néerlandais nés en 1989, venus étudier en France. « Cela devait vraiment faire bizarre » réagit cette dernière, « c’est comme si l’on était enfermé dans une pièce, sans savoir ce qu’il y a derrière la porte ! ». Tim, étudiant allemand, était trop jeune pour se souvenir de ce jour-là. C’est avec étonnement que plus jeune, son père lui montra lors de vacances l’ancienne frontière entre la RFA et la RDA, confie-t-il. « Ce que j’en retiens aujourd’hui, c’est que cela a permis la réunification de l’Allemagne, de même que le renforcement de l’identité allemande en un ensemble ».
C’est dans la liesse populaire que le mur de Berlin était ouvert il y a 20 ans. C’est au son des tambours d’un groupe de jeunes que le mur de carton de Rennes est mis à terre, à 19h, en présence de Roselyne Le François, ancienne député européenne, Clotilde Tascon-Mennetrier, conseillère générale d’Ille-et-Vilaine et Micaël Fischer, conseiller municipal à la ville de Rennes. « J’ai fait de nombreux voyages à Berlin. Ce jour-là, j’étais à Rennes, j’ai vécu fortement cet événement », raconte Clotilde Tascon-Mennetrier. « Je suis même allée chercher un morceau du mur lorsque je suis retournée en Allemagne ! Cet événement fut pour moi un pas vers la liberté des peuples mais également l’installation de la paix ».
Il existe encore de nombreux murs dans le Monde
Pour Roselyne le François, c’est aussi la liberté retrouvée de familles trop longtemps séparées qui l’a le plus marqué. « C’est l’occasion de s’interroger sur le sens du Monde dans lequel on vit aujourd’hui. Mon père, revenu d’Allemagne après la guerre où il avait été prisonnier, m’a toujours encouragé à agir dans le sens de la réconciliation entre la France et l’Allemagne. Mais il existe encore de nombreux murs dans le Monde », poursuit-elle. « A Nicosie dans l’île de Chypre, en République Tchèque où des murs sont bâtis pour refouler les Roms ; les hommes devraient construire des ponts plutôt que des murs ».
Cette action paneuropéenne a permis de rappeler l’espoir de paix, de démocratie et de prospérité que suscita l’ouverture du Rideau de Fer et témoigner de l’importance de la construction européenne à cet effet : ce n’est pas seulement l’Allemagne qui est réunifiée aujourd’hui, c’est également l’Europe, suite aux élargissements de l’Union européenne en 2004 et 2007. Le 11 novembre, ce sera au tour de l’armistice du 11 novembre d’être célébré des deux côtés du Rhin. Un autre événement, tragique, de notre histoire commune. Y aurait-il de quoi faire de ces quelques jours une grande fête de l’Europe ?
1. Le 11 novembre 2009 à 08:39, par Valéry-Xavier Lentz
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Un bien bel événement pour une simple association. bravo à tous.
Berlin est une ville européenne, les peuples libérés de la dictature communistes sont désormais nos concitoyens dans l’Union européenne. cette fête nous concerne, en France, au même titre que tout le reste de l’Europe. il est heureux que les pouvoirs publics l’aient compris et ils doivent être crédités pour cette clairvoyance.
Le succès de ces célébrations partout où elles ont été organisées est un cinglant démenti aux nationalistes qui faussement naïvement font mine de s’étonner que la France s’associe avec autant d’ampleur à la commémoration d’un événement « allemand ». Tant pis pour ces passéistes aigris. Ils finiront pas rejoindre les communistes dans les poubelles de l’histoire
2. Le 11 novembre 2009 à 12:26, par Ronan
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Ben pour ma part, je suis plus circonspect quant à ces « commémorations ». Non pas qu’il ne faut pas saluer l’avénement d’une plus grande liberté politique, bien entendu.
Mais on aurait sans doute gagné à être plus sobre et à coller davantage au déroulement historique des seuls faits dans leur complexité politique et leurs enjeux géopolitiques. Plutôt qu’à faire dans cet espèce de « kermesse autocélébrante » et hagiographique à la « embrassons-nous folleville » de ces derniers jours.
Dans la mesure où l’on peut tout de même s’interroger sur ce que les jeunes générations retiendront d’un événement qu’elles n’ont pas vécu. Et dont elles ne seraient finalement amenées qu’à retenir un caractère « festif » et terriblement « irénique » tout de même un peu « too much » qui ne correspond en fait en rien à l’ambiance polique de l’époque.
Qui ressemblait davantage à l’incertaine promenade d’un somnambule unijambiste perché sur un fil à une dizaine de mètres au dessus du sol... qu’à la joyeuse marche irrésistible vers la liberté qu’on aurait tendance à imprudemment nous décrire aujourd’hui.
Bref : l’histoire et la mémoire, ce n’est pas la même chôse. L’Histoire, prenons garde à ne - tout de même - pas trop la réécrire à convenance au risque de donner dans une nouvelle forme de propagande. Faut-il donc tuer les vieux qui ont vécu les faits dans leur complexité pour donner naissance à de nouveaux mythes politiques singulièrement univoques ?!
3. Le 11 novembre 2009 à 19:14, par Laurent Nicolas
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Je partage ton analyse sur l’importance de véhiculer un message aux jeunes générations sur ce qu’a représenté, et représente encore, la chute du Mur pour l’Europe. Mais je suis convaincu que l’action coordonnée par la JEF Europe et reprise par (quasi) tous les groupes locaux des Jeunes Européens France permet justement de donner une visibilité différente à cet événement. Les gens se sont arrêtés à Rennes, pour voir ce qui se passait, pour demander des explications ; à Bordeaux ça a été fait sur le campus et beaucoup d’étudiants se sont intéressés et ont posé des questions. C’est aussi notre rôle de militants, et je crois que cette action a été une réussite...encore et toujours, par rapport à nos moyens.
Il manque peut être un effort de réflexion politique de notre part (notre = JE, JEF, MEF etc.).
Je crois comprendre que derrière tes critiques se cachent une réelle ambition pour l’Europe et pour l’action que nous devons mener. Mais soyons constructif ! Proposons, agissons.
4. Le 11 novembre 2009 à 19:58, par Ronan
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Disons que ça me dérange toujours de voir les jeunes générations parler de ces événements (qu’elles n’ont pas vécu...) comme une espèce d’irresistible farandole euphorique galopant en chantant vers la liberté...
Alors que ces années 1980 de fin de guerre froide (et d’un dégel un peu bordélique qui accoucha aussi des guerres de sécession yougoslaves et des guerres du Caucase...) furent surtout des années de très profondes trouilles où on a tout de même frôlé l’apocalypse thermonucléaire une bonne demi-douzaine de fois...
A chaque péripéties, nous avons craint le pire mais la pente des événements conduit à en oublier le détail. Sitôt les alertes passées, nous avons élaboré de fausses explications déterministes qui sont autant de compresses mentales rétrospectives et rassurantes posées sur des angoisses pourtant récurrentes.
Qui se souvient encore de l’année 1983 : de la crise des euromissiles « Pershing » contre « SS 20 », de cet avion de ligne sud-coréen que les soviétiques décidérent d’abattre, de ces manoeuvres militaires hyper-réalistes de l’OTAN en novembre 1983 (Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Able_Archer ), des blagues idiotes d’un candidat Reagan déjà en campagne présidentielle et d’un Youri Andropov, agonisant, hésitant alors à lancer des frappes préventives contre l’ « Ouest » ?!
Quand on voit comment l’histoire est aujourd’hui parfois réécrite (et quand on la compare aux archives...), c’est vraiment à se demander si nous n’avons pas été victimes d’hallucinations collectives...
Pourtant, le soit même du 9 novembre 1989, les garnisons soviétiques à Berlin ont été mises sur le pied de guerre et on y fit tourner les moteurs des chars d’assaut toute la nuit. Un grave soulagement rétrospectif devrait donc sans doute aujourd’hui l’emporter sur l’insouciante euphorie un peu délirante affichée ces derniers jours.
5. Le 12 novembre 2009 à 11:01, par Jacques Chauvin
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Merci, Ronan. Merci de ces utiles rappels d’angoisses passées, dont même les vieux (j’en suis !) finissent par perdre le souvenir.
6. Le 12 novembre 2009 à 12:05, par Pierre-Franck HERBINET
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Chute du rideau de fer et désirs d’avenir de la construction européenne au XXI ème siècle !
Moi aussi, j’ai célébré chez Europe direct à Besançon la chute du mur de Berlin. En fait, le mur permit la réunification de l’Allemagne. C’est alors que se fit jour l’idée d’une négociation réunissant les deux Allemagnes. En fait, la chute du Mur est un symbole, puisqu’il est la signification de l’écroulement de l’URSS, et ce n’est pas l’inverse qui se produisit. Oui, la bataille pour l’Europe est un combat quotidien, que je conduis depuis 2005, avec les JE. Il y a 20 ans, un vent d’espoir et de liberté a soufflé. Ceci étant dit, tout le monde s’accorde sur la lenteur de la contruction. Que c’est long et laborieux.
Dire son projet, c’est dire quels buts seront les notres demain ? Face au pessimisme ambiant,voici ma pensée. Ce que je souhaite pour demain, davantage de démocratie et donc la généralisation du vote à la majorité qualifiée pour toute législation européenne. L’Europe politique doit défendre la démocratie, l’efficacité, la transparence. Quelle est l’urgence en matière de construction harmonisée et d’intégration renforcée ? La réponse est sans équivoque : la réforme des institutions, les droits fondamentaux, la politique économique et sociale, la sécurité et la défense, l’élargissement, le développement durable, l’obtention de l’abandon du droit de véto : obstacle farouche à la démocratie européenne.
Je soutiens notre Présidente, Madame Sylvie GOULARD, et comme elle, je clame : « la vie l’emportera ».
Amicalement,
Pierre-Franck HERBINET
7. Le 12 novembre 2009 à 18:43, par Laurent Nicolas
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
C’est vrai qu’il y a un « cadrage » médiatico-politique du discours tenu sur la Chute du Mur, qui fait passer aux oubliettes toutes les tensions et les incertitudes liées à cet événement très complexe. A ce titre l’interview (et le livre, dont nous publions une critique le 18 novembre prochain) de Pierre Verluise que nous avons publié mardi 10, replace quelques problématiques de novembre 89 dans leur contexte historique.
Une lecture utile.
8. Le 17 novembre 2009 à 23:42, par Thibaut Temmerman
En réponse à : Rennes et les Jeunes Européens célèbrent les 20 ans de la chute du Mur de Berlin
Je n’ai pas encore eu l’occasion de réagir à vos commentaires mais je vous remercie de vos réactions à mon billet.
Je comprends ta méfiance Ronan et crois bien qu’aux Jeunes Européens, nous sommes conscients de la complexité de ces événements. A ce titre je crois que l’on peut saluer l’effort des médias (France Télévisions et Radio France) pour avoir fait consacré nombre d’émissions, documentaires et reportages qui présentaient la vie en RDA, la nervosité des protagonistes (l’URSS allait-elle réagir ? Comment ? Qui succéderait à la SED en RDA ?), les difficultés d’une réunification pas encore totalement achevée... Et c’est ce que nous-mêmes faisons lorsque nous intervenons dans les médias, dans des forums ou séminaires, dans les écoles...
Mais chaque chose en son temps ; ici il s’agissait d’un rassemblement qui se voulait festif, invitant les passants à célébrer un événement particulier et de réfléchir à ce que cela signifiait aujourd’hui. Tu peux trouver cela décalé par rapport à la réalité de cette époque, mais je suis persuadé que ce genre de manifestation est nécessaire pour sensibiliser aux enjeux communautaires dans une Europe qui manque encore de mythes et d’événements fédérateurs, contrairement aux États-nations. Et pour ce que j’en sais à Rennes, le succès de cette manifestation montre bien que les citoyens sont sensibles à ce genre de symboles.
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