Les conséquences pour Gordon Brown
Glasgow-Est est devenu la troisième défaite électorale des travaillistes au cours de ces derniers mois. Le leader conservateur, David Cameron, a immédiatement réclamé des élections générales, juste après la perte désastreuse, pour les travaillistes, de leur fief et de celui de Gordon Brown. Cependant, on ne peut pas savoir si le 1er ministre démissionnera ou appellera à des élections avancées, sachant que le soutien aux travaillistes n’a jamais été aussi faible et qu’ils se trouvent actuellement à 15% derrière les conservateurs. « Les travaillistes doivent désormais entendre le peuple », a commenté Margaret Curran, la candidate du parti travailliste pour Glasgow-Est.
Le 1er ministre écossais, Alex Salmond, a prédit depuis le début de la campagne « un tremblement de terre politique qui donnerait des frissons aux travaillistes ». La nuit dernière, le candidat vainqueur du PNE, John Mason, a déclaré que sa victoire dépassait ce qui pouvait être "sur l’échelle de Richter" et que le résultat envoyait un message clair à Gordon Brown. A n’en pas douter, nombreux sont ceux qui remettent en question le futur de Brown en tant que leader des travaillistes, mais le parti ne semble pas avoir le choix entre beaucoup d’options viables.
Si Brown ne se maintient pas jusqu’à la conférence de l’automne, le parti aura vu se succéder trois leaders différents en l’espace d’une année, ce qui d’un point de vue politique, est peu convainquant en Grande-Bretagne. S’il reste et se trouve incapable de regagner sa popularité et de traverser avec succès les difficultés économiques, le parti devra concéder une inévitable victoire aux conservateurs. Dès lors, cela donnera peut-être bien des frissons à Bruxelles. Cameron est viscéralement contre tout signe d’union politique, il a critiqué la Constitution et le traité de Lisbonne (dont il pense que ce sont exactement les mêmes documents sous un nom différent), a proclamé le traité de Lisbonne mort et prévoit de faire sortir les conservateurs britanniques du groupe parlementaire du Parti du Peuple Européen (PPE).
Pour gagner les prochaines élections générales, les travaillistes devraient décrocher quelque chose d’extraordinaire. Même s’ils éliront un nouveau leader, ou mieux, aborderont les difficultés économiques de la nation (c’est-à-dire aideront le peuple à s’en sortir avec l’augmentation des prix de l’essence et de l’alimentation), la route vers la victoire sera très ardue.
Les conséquences pour l’Écosse
L’indépendance n’a pas vraiment marqué l’agenda du PNE lors de la campagne pour cette élection ; par contre, les facteurs socio-économiques étaient particulièrement présents. Glasgow-Est possède certaines des villes les plus pauvres de Grande-Bretagne avec l’espérance de vie la plus faible du pays, les hommes vivant en moyenne jusqu’à 54 ans. C’est beaucoup plus faible que dans de nombreux pays développés. Les taux de chômage et de criminalité sont élevés et la consommation d’alcool et de drogue dépasse largement la moyenne nationale. Glasgow-Est ne reçoit pas souvent autant d’attention…
Néanmoins, la victoire est incontestablement un autre vote de confiance pour Alex Salmond et le gouvernement écossais – qui assoit sa popularité – et clairement un vote de défiance pour Westminster. Mais on ne sait pas jusqu’à quel point l’indépendance a été un problème crucial dans cette élection. Plusieurs semaines avant le vote, Salmond avait comparé l’élection partielle à un sondage d’opinion entre les deux gouvernements. Yougov, un récent institut de sondages d’opinion, a indiqué que lors des prochaines élections parlementaires en Écosse, le SNP gagnerait contre toute attente 58 sièges, ne laissant au parti travailliste que 8 sièges. Selon l’importance que prendra le sujet de l’indépendance, on voit clairement de quel gouvernement le peuple de Glasgow-Est se satisferait.
Conclusion
Certains peuvent dire que Gordon Brown a été frappé par une période infinie de malchance. Cela pourrait bien être vrai, considérant la mort récente du parlementaire John McDougall qui déclenchera à nouveau une autre élection partielle en Écosse, et si les choses ne devaient pas s’arranger, ce serait dans le propre fief électoral de Gordon Brown, Glenrothes. Mais pour l’instant au moins, le résultat à Glasgow-Est a créé plus de pression sur le 1er ministre pour qu’il démissionne de son poste de leader avant les prochaines élections et/ou pour changer de direction politique, afin d’aborder le problème de l’augmentation du coût de la vie. Cela a également donné aux conservateurs une tête d’avance pour les prochaines élections générales britanniques.
En Écosse, le vote révèle à quel point les nationalistes remplacement lentement les travaillistes comme le parti numéro 1 du pays, avec des soutiens grandissants, y compris dans les fiefs les plus fidèles aux travaillistes, ce qui – selon les mots de John Mason – fera « trembler dans leur peau » nombre de parlementaires travaillistes écossais.
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