Dans un premier temps David Cameron fonde une partie de sa campagne sur la promesse d’organiser un référendum sur l’éventuel maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Les choses prennent une tournure encore plus intéressante lorsque le parti travailliste dirigé par Ed Miliband infirme l’organisation d’un tel référendum dans le cas où il serait élu en 2015, ce dernier ne voulant pas risquer l’isolement de son pays en organisant un référendum qu’il juge imprégné de démagogie. À cela s’ajoutent les Écossais qui confondent la question européenne avec celle de leur éventuelle indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni.
Le parti travailliste méprise t-il la démocratie ?
On serait tenté d’énoncer que par cette décision le parti travailliste méprise la volonté du peuple britannique. Mais rappelons seulement qu’il n’est pas au pouvoir. Or en avertissant les électeurs britanniques avant la tenue des élections générales, le parti travailliste fait finalement preuve de bonne foi. Le Daily Mail, dans son éditorial du 12 Mars 2014, évoquait une « trahison ». Est-ce vraiment pertinent d’utiliser un tel vocabulaire quand au contraire les électeurs britanniques voteront en connaissance de cause ? Que ceux qui veulent organiser ce référendum quitte à risquer le maintien du Royaume dans l’Union votent pour le parti conservateur. Que ceux qui n’en veulent pas votent pour l’opposition travailliste. On ne peut pas être plus clair. Le peuple, loin d’avoir été trahi, aura donc l’occasion de s’exprimer de la manière la plus claire possible en votant pour l’une des deux propositions.
L’affront du parti travailliste renforce la dimension européenne des prochaines élections générales
Là où les questions européennes ont tendance à être occultées, on peut être sûr qu’il n’en sera rien cette fois-ci. La campagne pour les élections générales britanniques sera sans doute marquée par la question des risques engendrés par l’instrumentalisation du bouc-émissaire bruxellois afin de se dédouaner des difficultés intérieures. Elle ne pourra pas échapper à la question des coûts et des avantages de l’appartenance à l’Union européenne et, soyons fous, peut-être qu’elle amènera les Britanniques à regarder l’Europe autrement qu’à travers le prisme de l’utilitarisme nationaliste. Mais avant de considérer les élections générales britanniques, il faut rappeler que les Écossais s’exprimeront eux aussi sur leur indépendance...vis-à-vis du Royaume-Uni. Cette question a d’ailleurs tendance à être confondue avec la volonté d’adhérer à l’Union européenne. Mais les Écossais ont-il adopté le bon timing ?
Les consultations populaires britanniques et écossaises, un agencement incertain
Les Écossais se prononceront en Septembre 2014 sur leur éventuelle indépendance. Pays pro-européen, il a tendance à confondre la question de son indépendance avec celle de sa ré-adhésion à l’Union européenne. Dans ces conditions on peut se demander s’il n’aurait pas fallu organiser ce référendum après celui des Britanniques. Se prononcer avant le Royaume-Uni alors que l’on n’est pas encore certain de ses intentions vis-à-vis de l’UE n’est-il pas inconfortable pour les Écossais ? Imaginons un instant que ces derniers décident de rester dans le Royaume mais que cette décision soit fondée sur la certitude du maintien de celui-ci dans l’Union européenne. Comment réagir dans l’hypothèse où les Britanniques décident ultérieurement d’opter pour le « Brexit » ? Sans doute faut-il regretter cet enchevêtrement illogique de consultations populaires. Il aurait fallu mettre en place un agenda plus rationnel afin de permettre aux populations de s’exprimer de la manière la plus saine possible.
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