Boycott des écrans pour la Coupe du Monde au Qatar : Jusqu’à quand ?

, par Volkan Ozkanal

Boycott des écrans pour la Coupe du Monde au Qatar : Jusqu'à quand ?
La Coupe du monde de football masculin a lieu cet année au Qatar, pour la première fois de son histoire en pleine saison hivernale. crédit : Tourmag

Après de longs mois d’attente, la Coupe du monde arrive enfin. Un événement planétaire un peu particulier dans une édition, au Qatar, sujette à beaucoup de débats. Sur fond de boycott, notamment en France, de la retransmission des rencontres sur écrans géants.

Un événement planétaire attendu depuis 4 ans malgré la controverse

On y est, la 22ème édition de la Coupe du monde de football masculin a débuté au Qatar. La France, tenante du titre, remet en jeu le trophée obtenu en Russie en 2018. Un moment toujours attendu avec impatience par les amateurs du ballon rond qui, à l’instar des Jeux Olympiques, est censé promettre de grandes attentes, et des performances à la pelle attendues pour les Messi (PSG), Cristiano Ronaldo (Manchester United) et autres Neymar ou Mbappé (PSG également). Des buts, de la festivité, un oubli des soucis du quotidien en supportant son équipe nationale favorite, ainsi qu’une bonne occasion pour les peuples de se rapprocher. Ce qui, par les temps qui courent, n’est pas du luxe. Cependant, cette édition présente tout un ensemble de controverses, de contradictions ainsi que des problématiques qui n’ont jamais été aussi prégnantes. Dès le début, entre l’attribution suspicieuse, en 2010, envers un pays qui n’avait pas, au départ, d’appétence particulière pour le football. Même si le cheikh Al Thani est passionné de sport, que la chaîne « beIN » est présente sur de nombreux bouquets et que l’équipe du Paris Saint-Germain est sous pavillon qatari.

Pêle-mêle, citons dès lors, la construction de stades flambants neufs pour un petit état situé sur la péninsule du Golfe Persique. Une démesure liée à leurs coûts exorbitants en termes financiers mais également humains avec de nombreux ouvriers morts sur les chantiers. Le coût engendré par la climatisation et leur répercussion sur l’environnement sans compter un “football business” de plus en plus haut qui considère davantage les spectateurs comme des consommateurs. Le bilan carbone effréné que risque d’engendrer le mouvement de supporteurs et le nombre d’avions mis en place pour cela est symptomatique d’une compétition démesurée. Ajoutez à cela la persécution permanente des personnes LGBT, et vous comprenez l’ampleur de la polémique.

Bref, dans une Coupe du monde qui va se dérouler pour la première de l’histoire en plein période hivernale, tout est réuni pour alimenter le scandale. À tort ou à raison donc, une nouvelle polémique s’invite avec le boycott pur et simple par de nombreuses municipalités françaises des écrans géants censés diffuser les matchs de la Coupe du monde. Ces retransmissions, si importantes lors des éditions précédentes (qui ne se souvient pas de France 98 ou du Mondial en 2018 au Trocadéro ?) dans des « fans zone » créées spécialement pour l’occasion n’auront pas cours pour cette édition.

« Très peu écologique et très peu respectueuse en terme social, ce boycott est la conséquence d’une organisation de Coupe du monde inédite. Stades construits en plein désert, climatisation en extérieur à volonté et ouvriers surexploités, la liste des villes françaises qui font le choix de ne pas diffuser les matchs risque de s’étendre d’ici le début de la compétition fixé au 20 novembre prochain »

De Paris à Marseille en passant par Bordeaux, Lille ou Montpellier, les mairies, souvent tenues par des personnalités marquées à gauche ou écologistes, refusent de diffuser les matchs sur ces écrans. Des décisions qui sont débattues et défendues selon les points de vue. Entre restrictions budgétaires, volonté de ne pas participer à la promotion d’un évènement récusé par ces mairies. Ou bien encore par calcul politique, toutes les options sont ouvertes. Pour autant, ce n’est pas la première fois qu’un mondial est sujet à caution. Tout le monde se rappelle de l’édition 1978 qui s’est déroulée en Argentine. Sous la junte militaire du Général Videla. Le football et la politique étant souvent liés par des intérêts communs.

Tout un système remis en cause...

Dès lors, c’est tout un système qui est remis en cause dans sa globalité, et en premier lieu celui de la FIFA. Invitant les participants à faire fi des protestations pour se concentrer uniquement sur le football, l’organisation internationale, par la voix de son président, Gianni Infantino, est dans l’œil du cyclone. À l’heure où les demandes de justice sociale, d’égalité, de promotion des valeurs et de l’écologie sont des éléments appelés de leurs vœux par de nombreux citoyens, cette Coupe du monde détonne. À l’heure de l’argent roi et avec des salaires astronomiques offerts aux joueurs d’une part.

Et, d’autre part, dans un pays, le Qatar, qui souhaite accueillir les supporteurs selon ses valeurs et traditions. Un écart entre deux visions et un système globalement défini comme inique par ses détracteurs. Cette Coupe du monde est donc placée sous l’auspice de la contestation et d’une volonté de mettre en avant d’autres valeurs.

Quelles que soient les récriminations ou les idées prononcées, le « foot business » communément tancé par les médias trouve sa mesure rien que dans le montant jamais investi jusque-là. Huit milliards de dollars alors que les crises se succèdent de par le monde et qui font donc tâches.

« Nous savons que le football ne vit pas dans son monde et nous sommes également conscients qu’il existe de nombreux défis et difficultés de nature politique partout dans le monde. Mais s’il vous plaît, ne laissez pas le football être entraîné dans toutes les batailles idéologiques ou politiques qui existent » Gianni Infantino qui défend sa Coupe du monde

... mais jusqu’à quand ?

Quoiqu’il en soit, passionnés de football ou non, tout le monde a un avis tranché sur la question. Les uns, défendant le jeu et croyant en ce que le football puisse permettre des évolutions majeures au sein des pays qui accueillent la Coupe du monde. Les autres, critiquant une organisation nébuleuse et une volonté affichée d’un pays de continuer à alimenter son « soft power » à l’échelle mondiale ; à l’instar de l’acquisition d’un club comme le PSG qui a permis au petit émirat de devenir un « grand » pays nominativement parlant, reconnu dans le monde entier à travers ce qui est devenu sa marque parisienne.

Dans ces conditions, toutes les polémiques peuvent continuer, comme cesser, aussi rapidement que la compétition a débuté. Que ce soit en Allemagne, au Danemark, pays parmi les plus véhéments envers les conditions d’organisation, l’Angleterre ou la France, on peut s’interroger sur la durée du boycott. Tant et si bien que les organisateurs qatari misent sur de beaux parcours des pays en lice, telle la France, pour tenter d’atténuer le courroux.

Dès lors, si par exemple la France arrive en demi-finale, l’engouement populaire aura-t-il raison de la contestation ? Les buts du quatuor offensif « M.B.G.G. » des « Bleus », Mbappé, Benzema, Griezmann, Giroud, pour être chauvin, permettront-ils aux mairies concernées de revenir sur leurs décisions sur pression des fans ? C’est un facteur qu’il faudra prendre en compte d’ici au 13 décembre, date de la première demi-finale.

Au football, c’est à la fin de la partie que l’on désigne le vainqueur de la confrontation. Dans une Coupe du monde, les choses sérieuses commencent toujours au stade de la demi-finale. Au Qatar, plus qu’auparavant et au-delà du terrain, ce seront les coulisses qui seront mises en avant tout autant que les joueurs présents. Une Coupe du monde aussi atypique qu’intrigante attend donc les supporteurs (ou non), qui sera scrutée jusqu’au bout de l’édition. En attendant, peut-être, que la situation dans un sens évolura grâce ou à cause du football ? Réponse le dimanche 18 décembre 2022 pour connaître la vérité du terrain et surtout celle de l’organisation.

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