Du côté de la Commission comme de plusieurs Etats, l’idée d’une défense et d’une politique de sécurité intérieure communes fait son chemin, que ce soit par le renforcement d’Europol, l’échange de renseignements, la mise en commun de matériels militaires ou la création d’un véritable Etat-major européen sur le modèle de l’Eurocorps. Ce sont des idées que nous saluons.
La défense européenne ne suffit pas
Cependant, elles resteront lettre morte si d’autres sujets ne sont pas abordés. Il n’y a pas de défense européenne possible, sans stratégie commune, sans diplomatie commune pour la définir. Comme Jean-Claude Juncker l’a proposé dans son discours sur l’état de l’Union le 14 septembre, il est grand temps de doter l’Union européenne d’un ministre européen des Affaires étrangères au sein d’un véritable gouvernement européen, remplaçant la Commission et responsable devant le Parlement européen. Cela n’est possible que par la création d’une véritable union politique. Seule une diplomatie européenne unique peut peser dans le concert mondial, donner une voix influente, puissante et respectée, à l’Union dans les négociations internationales, notamment pour la résolution du conflit syrien. Et il ne s’agira pas de donner ce titre à Federica Mogherini, il s’agira aussi de lui en déléguer les compétences pour élaborer une diplomatie européenne effective.
La défense européenne ne peut servir l’intérêt d’un seul. C’est pour cela que cette voix européenne sur la scène internationale est nécessaire, tant pour dépasser les égoïsmes nationaux, que pour faire de l’Union un acteur de paix dans le monde, assumant pleinement son rôle humanitaire, par son aide au développement et par l’accueil partagé des réfugiés qui affluent vers notre continent.
Le terrorisme n’a pas de frontière, n’en imposons pas à l’antiterrorisme
De même, les frontières nationales sont des carcans dans la lutte des Européens contre le terrorisme, et laisser mourir Schengen ne fera qu’aggraver la situation. Pour garantir la libre circulation, que nous considérons comme un droit inaliénable du citoyen européen, il faut permettre aux forces de sécurité et aux renseignements d’agir sur le territoire de l’Union. Pour ce faire, l’Union doit se doter d’une agence partagée de renseignements, d’une force de police fédérale et d’un parquet européen compétant dans les affaires terroristes et de grand banditisme.
De plus, la mise en place d’un corps de gardes-frontières européens tarde à se mettre en place. Ce retard nuit à la lutte antiterroriste, ne contrôlant pas les entrées et les sorties sur le sol européen et attise la méfiance des Européens envers les réfugiés, dont l’accueil doit être une priorité absolue.
L’Union européenne est aussi la seule à pouvoir calmer les ardeurs sécuritaires de certains Etats membres, adoptant des mesures liberticides contraire à nos principes fondamentaux, à l’Etat de droit et à la démocratie.
La bonne idée de Jean-Claude Juncker : un Corps européen de solidarité
A la suite de la proposition de Jean-Claude Juncker de créer un Corps européen de solidarité, mobilisant les jeunes volontaires sur les théâtres de crises humanitaires, nous exhortons le Parlement et le Conseil à se saisir au plus vite de cette idée et à donner un calendrier clair pour une mise en place rapide de ce dispositif. Les jeunes doivent être impliqués entièrement dans la refondation de l’Union, qui est à un tournant de son histoire, et dans la réécriture indispensable du projet européen.
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