2022, année européenne triculturelle
L’impact de la pandémie a forcé le label « Capitale Européenne de la Culture » (ECoC) à suspendre les deux capitales élues au titre de l’année 2021. C’est ainsi que Novi Sad a été reportée à 2022 et Éleusis à 2023. Le 3 janvier dernier, Mariya Gabriel, notre commissaire européenne chargée de l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse, a déclaré : « L’initiative Capitale européenne de la culture illustre l’importance de la culture dans la promotion des valeurs sur lesquelles notre Union européenne est construire : diversité, solidarité, respect, tolérance et ouverture. Une Capitale de la culture réussie est une capitale qui est ouverte sur le monde, illustrant la volonté de notre Union de promouvoir la culture comme vecteur de paix et de compréhension mutuelle du monde. C’est également un outil inclusif pour atteindre en particulier la jeune génération, en vue de lui donner les moyens de devenir un acteur des changements positifs dans le développement futur de nos villes. C’est également l’ambition de cette année 2022 qui est l’Année européenne de la jeunesse ». Cap sur la capitale extra-européenne : Novi Sad, la serbe.
Novi Sad, l’ « Athènes serbe »
Capitale de la province de la Voïvodine, Novi Sad est une municipalité d’environ 300 000 habitants située sur les rives du Danube. Deuxième ville serbe après Belgrade, Novi Sad signifie en serbe le « nouveau sillon » car elle est considérée comme un épicentre de la culture serbe, ce qui lui a valu le surnom d’ « Athènes serbe ». Territoire notamment occupé par les ottomans, les bulgares puis les byzantins, la ville s’est développée pendant la période austro-hongroise à la fin du XVIIème siècle avant d’être désignée sous son nom serbe actuel en 1748. Novi Sad 2022, « Pour de nouveaux ponts ! » Inaugurée le 13 janvier dernier, Novi Sad vient de débuter son année de festivités culturelles par Doček, le deuxième nouvel an serbe. Avec son slogan « For New Bridges » autrement entendu “4 new bridges” , cette année de renouveau culturel vise en premier lieu à dynamiser la vie culturelle de la ville grâce aux programmes et nouvelles implications tant des citoyens, des institutions, des associations que des artistes. Chaque pont symbolise une des valeurs fondamentales portée par la ville et qui s’immisce dans le paysage d’intégration européenne. Les quatre valeurs visent à rassembler les citoyens européens : Liberté, Arc-en-ciel, Espoir et Amour. Chaque pont est ensuite divisé en arches programmatiques : Docek & Migrations, Avenir de l’Europe & Héroïnes, Forteresse de la paix et La mer du Danube, Kaléidoscope de la culture & Autre Europe.
Le pont Arc-en-ciel : “La diversité est notre force”
Le pont Arc-en-ciel reliant l’arche “Doček” à l’arche “Migrations” représente la connexion des peuples à travers et grâce à la diversité. D’un côté, l’arche Doček symbolise l’identité interculturelle de Novi Sad qui dès la cérémonie d’ouverture vise à mettre en avant deux cultures, deux alphabets, deux arts et surtout deux cérémonies du nouvel an ! En effet, le nouvel an est célébré deux fois en Serbie : le 31 décembre suivant le calendrier grégorien, dit calendrier chrétien, et le 13 janvier suivant le calendrier Julien suivi par l’Église orthodoxe serbe. Conscient de la complexité de cette tradition, Novi Sad a donc utilisé celle-ci pour symboliquement lancer son programme culturel. Et c’est en s’inspirant des travaux de Nikola Tesla, qui a lui-même contribué à faire le pont entre ancien et nouveau, que la ville célèbre les valeurs de la diversité à travers l’expression tant de l’art traditionnel que de l’art contemporain. Unissant alors diversité et créativité, les performances proposées créent une atmosphère unique dans tout Novi Sad pour lancer cette année culturelle serbo-européenne. De l’autre côté du pont Arc-en-ciel, l’arche Migrations incarne les gens traversant les frontières, et les frontières traversant les gens. Partie fondamentale de l’existence humaine et de celle d’une ville, les migrations reflètent de “nombreux visages colorés”. De février à mi-mars, Novi Sad se transformera en un carrefour européen en se remplissant d’images esthétiques de migrations grâce à des expositions interactives, des débats, des performances musicales et théâtrales. En parcourant la ville, vous vous interrogerez alors : Y avait-il une cité avant la cité ? Un nom forge-t-il un destin ? Chaque retour est-il une nouvelle arrivée ? Cultivant les rencontres et les échanges locaux et plus globaux, ces activités culturelles vous transmettront la valeur fondamentale de “nos errances éternelles et échanges interpersonnels”, comme l’indique le programme.
Le pont Liberté : “Le début du nouveau. Maintenant !”
Puis dès le deuxième trimestre 2022, le pont Liberté se présentera à vous reliant l’arche “Avenir de l’Europe” à l’arche “Héroïnes”. De mi-mars à mi-mai, il s’agira de l’Avenir de l’Europe “avec les enfants et la jeunesse, grâce aux enfants et à la jeunesse, pour les enfants et la jeunesse”. Qui mieux qu’eux pour envisager l’avenir ? Ce programme de deux mois sera donc consacré aux enfants et à la jeunesse afin d’encourager leur créativité, talent et participation active à la communauté. Rappelons que la stratégie de l’Union européenne pour la jeunesse sur 2019-2027 donne un cadre pour développer les politiques jeunesse dans l’Union, dont le but est de mettre en œuvre une logique d’engagement civique, économique, social, culturel et politique des jeunes. En outre, dans Novi sad, il y a une ville dans la ville : l’université ! Considérée comme l’un des plus grands pôles scientifiques et éducatifs d’Europe centrale, l’université de Novi Sad regroupe plus de 50 000 étudiants. Il sera temps de considérer les étudiants comme des initiateurs de l’Europe. En tant que jeunes européens, nous ne pouvons qu’être d’accord ! Les Héroïnes s’installeront ensuite mi-mai pour mettre en avant les noms de ces courageuses femmes qui ont œuvré pour diffuser les idées européennes d’égalité, de féminisme et d’émancipation dans le contexte local. À travers ce prisme, la ville promouvra la culture féminine, la créativité et le patrimoine pour une société plus juste et égale. Novi Sad rappelle ainsi que le label même de “Capitale européenne de la culture” a été initié en 1985 par une femme, la célèbre actrice et ministre de la culture grecque de l’époque, Melina Mercouri.
Le pont Amour : “Découvrir nos trésors”
Mi-juin, il sera temps de naviguer sur le pont Amour reliant la “Forteresse de la paix” à “La mer du Danube”. Forteresse de la paix ? Si ces deux termes peuvent vous sembler antinomiques, Novi Sad ose les prôner comme symbole de l’Union ; cette Union qui s’est originellement construite après les horreurs vécues au cours de la Seconde Guerre mondiale et qui aujourd’hui promeut les politiques de paix dans le but de prévenir tout nouveau conflit. Le programme vous invitera à méditer sur les causes et conséquences des conflits armés dans la recherche d’une culture de paix et d’unité. En d’autres termes, “comment transformer la destruction dans la création, comme fondement permanent de la paix ?”. Dès mi-juillet, vous pourrez explorer la relation entre l’homme, la nature et la protection de l’environnement par la métaphore du Danube en tant qu’artère européenne et fleuve le plus pollué du continent. La mer du Danube qui sera face à vous vous obligera alors à user de votre créativité pour trouver la solution à ces récurrents problèmes de pollution dans quelque milieu naturel que ce soit.
Le pont Espoir : “La culture est un mode de vie”
Enfin le dernier trimestre 2022, le pont Espoir s’ouvrira sur la culture comme un mode de vie à travers le prisme du “Kaléidoscope de la culture” et “Autre ? Europe”. En septembre s’ouvrira le Kaléidoscope de la culture qui anime Novi Sad à chaque rentrée scolaire depuis 2018. Durant cinq semaines, cinq arts (danse, architecture, littérature, galerie visuelle, arts appliqués et performance artistique) prendront place dans cinq grands lieux de la ville qui chercheront à relier culture locale et culture européenne. Le but ? Créer un kaléidoscope à travers une unique culture de l’ensemble. Pour clôturer cette riche année culturelle, une dernière question sera soulevée : “Autre ? Europe”. Face à la complexité et à la richesse de l’identité européenne, Novi Sad mettra en avant la culture de l’art et l’importance de découvrir les “autres” de l’Europe : les autochtones, les marginalisés, les expressions minoritaires, les rebelles, etc. La culture peut et doit être un outil fondamental de l’activisme pour tous les citoyens européens. Alors n’oubliez pas de suivre NOVI SAD 2022 sur les réseaux (via les liens ci-dessous) afin d’observer, de s’émerveiller ou d’aller visiter cette capitale pour découvrir une autre vision de l’Europe !
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À suivre prochainement, le 2ème article de la trilogie sur les #ECoC2022 : KAUNAS 2022
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