Les eurodéputés globalement satisfaits de l’action de la BCE
L’action de la BCE durant la pandémie notamment a été applaudie par la plupart des eurodéputés. Le rapporteur, Dimitrios Papadimoulis (Gauche européenne), salue la mise en place de « politiques importantes » qui ont permis « l’amélioration de la situation actuelle ». L’eurodéputé Kyrtsos (PPE), quant à lui, « reconnaît le travail accompli par la BCE » et fait remarquer que la politique monétaire a « fonctionné ». Kostas Mavridis (S&D) va plus loin, selon lui les mesures prises par la BCE étaient bonnes, et « doivent être poursuivies » en tenant compte néanmoins de leurs conséquences sur les citoyens. Très vite cependant le ton change. Les félicitations laissent place aux critiques et demandes d’aller plus loin, d’être plus ambitieux, ou au contraire de limiter l’action de la Banque centrale à un champ d’action bien précis.
Le mandat de la BCE en question
Christine Lagarde le répète et le martèle, « la BCE n’a qu’un mandat : la stabilité des prix ». Cela n’est cependant pas suffisant pour des députés Verts et de La Gauche. Ces derniers souhaitent que la banque centrale prenne un tournant « vert ». « Nous avons besoin de plus d’ambition pour la transition énergétique », l’interpelle l’eurodéputé Svenja Hahn (Renaissance). Pour certains membres des Verts, comme l’eurodéputé Ernest Urtasun, favoriser des investissements « verts », écoresponsables permettrait même de mettre un terme à la crise énergétique qui touche un grand nombre d’européens actuellement. Le rapport le rappelle d’ailleurs “dans le cadre de son mandat, [la BCE] s’est engagée à contribuer à la réalisation des objectifs de l’accord de Paris” : le changement climatique a des conséquences sur l’économie et la stabilité des prix, et la seule manière d’éviter une crise serait de prendre des actions concrètes, “vertes”. Ce point de vue ne fait cependant pas l’unanimité. Un certain nombre d’eurodéputés plus à droite dans l’hémicycle sont en effet assez frileux à l’idée que la BCE s’engage dans une direction qui n’est pas strictement stipulée dans son mandat. “La BCE n’est pas une banque d’investissement climatique” interpelle l’eurodéputé allemand Sven Simon (PPE). Grant (ID) appelle quant à lui à ce qu’il n’y ait pas de “rigidité excessive” dans les politiques menées par la BCE et demande la révision des accords de Paris, afin qu’ils prennent en compte les effets de la pandémie. Un autre point est souligné par un grand nombre d’eurodéputés : l’inflation galopante de ces derniers mois n’est pas en passe de s’améliorer, et cela a des conséquences sur le quotidien des citoyens qu’ils représentent. “Tout coûte plus cher, les gens sont pris à la gorge”, alerte Manon Aubry (Gauche européenne). Et de poursuivre, “l’Europe ne peut plus être le seul endroit où la politique monétaire n’est pas débattue démocratiquement”. L’eurodéputée plaide elle aussi pour une refonte du mandat de la BCE. Christine Lagarde finit par prendre la parole afin de répondre aux eurodéputés. Elle rappelle que la base de son action est de garantir la stabilité des prix : “les objectifs secondaires de la la BCE ne peuvent avoir d’impact sur cet objectif premier”, martèle-t-elle. “Nous sommes portés par un seul mandat, la stabilité des prix mais nous devons prendre en compte les répercussions du changement climatique sur l’action qu’il nous incombe d’engager”. Elle réaffirme néanmoins sa volonté de dialoguer avec les eurodéputés : “nous dépendons de vous pour appliquer les critères [...] nous ne sommes pas dans le cockpit, vous l’êtes, ainsi que les pays membres”.
Le rapport Papadimoulis
Ce rapport, publié le 15 décembre dernier, a pour but de dresser le bilan des actions de la BCE et de proposer un certain nombre d’orientations à l’institution. C’est un exercice de transparence et de reddition de compte qui est ordonné par les traités. Dans ce rapport de 2021, plusieurs points se dégagent. Tout d’abord, le rapport salue la politique menée par la BCE lors de la crise qui a permis de maintenir un euro “stable”. Néanmoins plusieurs éléments sont jugés “inquiétants”. L’inflation qui a atteint en octobre 2021 son niveau le plus élevé depuis dix ans, à 4,1% en est un. Le rapport met en garde sur les conséquences que cela pourrait avoir sur les “couches les plus pauvres de la population” en aggravant notamment les inégalités économiques et sociales. Il invite la BCE à prendre les mesures nécessaires. Il alerte en outre sur le risque d’une reprise de la croissance inégale entre les États membres, qui “pourrait conduire à une Europe à plusieurs vitesses”. Le rapport Papadimoulis souligne également l’importance des PME pour l’Europe, véritable “épine dorsale de l’économie européenne” (elles constituent 99% des entreprises européennes et génèrent plus de 50% du PIB européen). Il appelle la BCE à soutenir. ces entreprises, malmenées durant la crise. De plus, le rapport Papadimoulis demande à la BCE de respecter les engagements pris dans le cadre des accords de Paris et de favoriser la réalisation d’une économie neutre d’ici à 2050. Il salue au passage le nombre croissant d’obligations vertes dans le portefeuille de la Banque centrale, tout en regrettant que "certains programmes de refinancement et d’achat d’actifs soutiennent indirectement des activités à forte intensité carbone”. Le rapport Papadimoulis pousse enfin la BCE à accentuer ses dispositions sur la transparence, la responsabilité et la communication avec les citoyens européens.
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