Vous avez 26 ans, vous êtes la plus jeune candidate tête de liste. Pourquoi se présenter aux élections européennes ?
Au collège, j’avais l’impression qu’on voulait nous forcer à aimer l’Europe, ça ne m’intéressait pas tellement. À l’université, j’ai découvert à quel point l’Union européenne avait une influence sur notre vie quotidienne. Et là, je me suis dit « Mais c’est une arnaque démocratique ! L’Europe fait tout ça et on n’est pas au courant ! » Alors je me suis dit qu’il fallait rapprocher l’Europe des citoyens. J’ai décidé de me présenter pour qu’ensemble nous donnions vie à l’Europe solidaire !
Que voulez-vous défendre dans cette campagne ?
Certains parlent de ma génération comme une génération perdue, dont 23,5% est au chômage, dont on sait qu’elle vivra moins bien que ses parents. Ils parlent de génération sacrifiée. Je veux montrer que nous sommes la génération volontaire, celle qui réussira à ce que les utopies d’hier deviennent les réalisations de demain. Pour cela, il faut faire confiance à la jeunesse. C’est le choix des militants d’Europe Écologie qui m’ont fait confiance pour incarner une nouvelle voix au Parlement Européen !
Quels sont les chantiers prioritaires en Europe pour vous ?
L’Europe ne peut pas être seulement un grand marché, la crise économique le montre. Le marché unique met les marchandises sur la même table, mais nous sommes assis sur des chaises de taille différente. Nous avons besoin d’harmoniser nos règles sociales. Si le modèle européen existe, il est encore trop disparate : les normes sociales doivent être harmonisées. Il faut créer un salaire minimum européen comme plancher, un fonds d’indemnisation chômage et mettre en place une sécurité sociale pour créer une solidarité de fait entre les Européens. Le deuxième chantier c’est celui de la sortie de la crise par une transition écologique. Qu’est-ce que ça veut dire ? Nous ne pouvons plus continuer à courir derrière une croissance qui nous endette et détruit nos ressources. Nous devons inventer de nouvelles manières de produire qui soient durables. Nous devons favoriser une agriculture débarrassée des intrants chimiques, qui protège notre santé et notre environnement. Nous devons investir dans des secteurs d’avenir où l’Europe est spécialisée, comme les transports en commun, avec un objectif de 20 % d’emplois industriels pour 2020.
Que voulez-vous faire une fois élue députée européenne ?
Je tiens à ce que les citoyens reprennent l’Europe en main. Pour cela je veux la rendre concrète. Je viendrai tenir des permanences, expliquer l’Europe dans les écoles et rendre comptes de mes votes aux citoyens. Pour que les citoyens s’approprient l’Europe ! Je voudrais également créer la possibilité pour tous de vivre un an ailleurs en Europe. J’ai eu la chance de faire un Erasmus. Cette année à l’étranger m’a enrichi et permis de me construire en tant qu’Européenne. Je voudrais que cette chance ne soit pas réservée à certains mais bien ouverte au plus grand nombre à travers une année d’Europe pour tous, quel que soit son statut, son métier et ses études. Parce que l’Europe c’est nous !
Quelle est votre vision de l’Europe en 2020 ?
En 2020, le monde aura déjà beaucoup changé, nous aurons d’autant plus besoin d’affirmer notre modèle social et environnemental européen. Nous aurons refusé le Traité de libre-échange transatlantique avec les États-Unis pour assurer une Europe sans OGM, sans gaz de schiste, une Europe où l’on a encore le pouvoir de choisir nos politiques publiques. Pour assurer notre modèle européen et éviter de nouvelles crises, nous aurons mis en place un gouvernement économique de la zone euro avec un vrai budget issu d’une Taxe sur les Transactions Financières, afin que les crises comme celles que nous connaissons ne mettent pas à mal la solidarité entre les États. Nous aurons aussi réussi à rendre le fonctionnement de l’Union plus démocratique, grâce à des pouvoirs accrus pour le Parlement, où les décisions seront prises dans l’intérêt des 500 millions de citoyens et pas seulement des plus gros États membres. En fait, nous aurons construit l’Europe qui nous ressemble. Mais pour cela j’ai besoin de vous !
1. Le 23 mai 2014 à 17:51, par shaft En réponse à : Clarisse Heusquin : « Construire l’Europe qui nous ressemble »
Mais ce n est pas une impression, on veut nous forcer à aimer l europe. Les programmes de première et de terminale sont élaboré s dans cette optique, sans parler d erasmus
2. Le 23 mai 2014 à 18:20, par Ferghane Azihari En réponse à : Clarisse Heusquin : « Construire l’Europe qui nous ressemble »
@Schaft
Si pour vous, éduquer à la citoyenneté européenne, c’est de la propagande, alors soit.
Pourtant quand on vérifie les connaissances des français quant au fonctionnement des institutions européennes, on se dit que l’éducation nationale fait très mal son boulot...
3. Le 23 mai 2014 à 18:47, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : Clarisse Heusquin : « Construire l’Europe qui nous ressemble »
Le sentiment que l’école contraint à « aimer l’Europe » ? Comme si, depuis toujours, l’école n’était pas ce lieu d’apprentissages et de socialisation destiné à faire les adultes de demain en les conduisant de l’état de nature vers un état de culture ? Comme, depuis toujours, éduquer ne consistait, étymologiquement, à « conduire au-dehors », de soi, vers l’autre, tous ses semblables, d’hier et d’aujourd’hui ???
Si refuser l’Europe, c’est aussi remettre en cause les mécanismes de transmission de la culture et du savoir, alors, je comprends mieux pourquoi l’on revendique dans certains milieux de remettre au goût du jour les frontières et pas seulement géographiques. L’enfermement dans tous les sens du terme !
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