Débat pour la présidence de la Commission : donner un (nouveau) visage à l’Europe

, par Louise Descombes

Débat pour la présidence de la Commission : donner un (nouveau) visage à l'Europe
Ska Keller Crédits photographiques : Sarah Benke

Ce soir, j’assiste au débat pour la présidence de la Commission. J’ai cette chance car les Jeunes Écologistes ont pu organiser partout en France des retransmissions de ce débat, alors que les médias du petit écran ont sciemment fait l’impasse sur cette confrontation historique. C’est la deuxième fois que j’assiste à un tel débat. Je suis militante, jeune, écologiste, j’ai donc déjà de la matière concernant l’opinion que je peux me faire des questions européennes. Je constate de prime abord que tous les candidats choisissent de ne pas s’exprimer dans la même langue. La traduction monocorde et méthodique des propos de chacun de ces animaux politiques efface un peu leurs émotions. La rhétorique européenne n’est pas la même que celle que nous pouvons trouver sur nos propres plateaux français.

Chacun des candidats a l’occasion de s’exprimer pendant quelques secondes. A chaque fois que la journaliste s’adresse à eux, poliment, nous les voyons déglutir comme pour lancer le plus rapidement et le plus justement possible une formule apprise par cœur. Guy Veorshtadt tente un énervement contenu, un agacement maîtrisé. Martin Schultz, inexpressif tente de ravaler ses contradictions. Jean Claude Juncker nous dit qu’il souhaite aider les pauvres, avec le même émoi que lorsqu’il déclame que l’Europe a bien assez supporté la Grèce. Dans cet enchevêtrement de propos techniques, politicard, je comprends pourquoi l’Europe dite « de Bruxelles » ne parle pas. Je dis qu’elle ne parle pas, parce que je ne pense pas qu’elle ne parle plus. Elle n’a jamais été rendue assez accessible pour permettre aux citoyens de devenir les maîtres des traités. Je suis donc surprise de m’engluer dans des propos dont le destinataire n’est jamais prononcé. Cet européen, cet individu, s’efface devant le montant de la dette européenne ou le traité TTIP.

Dans cet ensemble un peu morne, une voix s’élève un peu plus clairement. Ska Keller, plebiscitée pour représenter les Verts européens, parle dans notre direction. Elle parle de moi, de nous, simplement. Elle nous inclus dans chacune de ses phrases et nous communique son espérance pour l’Europe. Les pieds fermement plantés dans le sol, elle vient pour nous représenter sans faux semblant. Elle explique qu’une Europe en pleine expansion, doit avoir un visage. Sûre d’elle et jamais arrogante, elle reprend à la volée les incorrections de Martin Schultz. Si d’aucun peuvent lui reprocher sa jeunesse, Eschyle éminent poète tragique grec, nous apprenait que la vraie sagesse est de ne pas sembler sage. Nous ne voulons pas rester sages et vissés au conformisme qu’imposent les autres candidats dans leur conception de l’Europe ! Ainsi, l’énergie et l’argumentaire audacieux de Ska, apportent un renouveau à une Europe peuplée par de vieux dinosaures, hantée par les fantasmes d’un nationalisme qui résoudrait tout, perdue aux confins d’institutions sous estimées. J’assiste à ce spectacle, en espérant surtout une chose : qu’en 2019, nous soyons des millions à regarder ce débat.

Le Taurillon rappelle que les articles qu’il publie n’engagent ni sa rédaction, ni les Jeunes européens. Sa ligne éditoriale trans-partisane mais résolument en faveur de la construction européenne permet à chacun d’exprimer ses opinions politiques conformément au pluralisme.

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