Il y a un an, le Président Juncker affirmait que l’Europe avait de nouveau le vent en poupe et présentait une vision ambitieuse en faveur de profondes réformes, inspiré par les propositions du Président français Emmanuel Macron, en faveur d’une Europe souveraine et démocratique.
A l’approche de la fin de son mandat, l’autoproclamée “Commission de la dernière chance” semble avoir perdu beaucoup de cet enthousiasme. Le Président Juncker a raison de reprocher aux Etats membres, et dans une certaine mesure, au Parlement européen, de ne pas avoir suivi les propositions de la Commission et de progresser lentement sur des défis majeurs. Et pourtant, lorsque le vote du Parlement visant à soutenir pour la première fois une procédure au titre de l’article 7 contre un Etat membre est ce qui décrit le mieux la situation de l’Union après ses quatre ans au pouvoir, le président Juncker ne peut pas refuser toute responsabilité.
En tant que Jeunes Européens Fédéralistes, nous avons demandé à plusieurs reprises des propositions plus ambitieuses de la part de la Commission européenne. Dans son dernier discours sur l’Etat de l’Union, le président Juncker aurait eu l’occasion de décrire une image réaliste et précise de l’UE en 2019, mise en péril par un défi nationaliste grandissant, et nécessitant grandement de réformes, afin de conclure son discours sur un plaidoyer fort en faveur d’un agenda de réformes cohérent et complet.
“C’était le moment pour le président Juncker de réveiller les Etats membres somnambules face à la réalité d’une Union en crise profonde et nécessitant des actions concrètes. Malheureusement, cette opportunité a été gaspillée par Jean-Claude Juncker qui a donné l’impression d’un capitaine démissionnaire, désireux de quitter le navire.”, a déclaré le président de JEF Europe, Christopher Glück.
A l’image des récents débats, le discours du président Juncker a porté sur la migration et le contrôle des frontières. Cependant, en l’absence de propositions de solutions européennes globales, cela ne fait que rassurer les électeurs sur le fait que ces questions seront la pomme de discorde des prochaines campagnes électorales, alimentées principalement par la rhétorique populiste contre les migrants.
“Nous nous félicitons de sa proposition concernant le véritable corps européen de gardes-frontières et gardes-côtes, car nous avons assisté à l’échec des services actuels opérant sous le contrôle décentralisé des autorités nationales. Cependant, cela ne suffit pas pour apporter une véritable solution européenne à la migration : des normes européennes communes pour les services d’assistance et d’intégration à travers l’Union, financés au niveau européen, sont nécessaires pour créer une situation dans laquelle aucun Etat membre n’est laissé seul dans la gestion de l’accueil de réfugiés et de demandeurs d’asile. Les voies légales menant vers l’Europe pour les réfugiés et les demandeurs d’asile sont un autre élément essentiel pour que les politiques d’asile européennes soient compatibles avec nos valeurs communes.”, poursuit Christopher Glück.
JEF Europe se félicite que le Président Juncker ait ouvertement abordé la question de l’Etat de droit. L’Union européenne est restée trop longtemps patiente avec Viktor Orban. Il est grand temps que le Parti populaire européen défende également l’Union des valeurs et le Président Juncker a trouvé des mots justes à cet égard.
Nous regrettons néanmoins de constater qu’un an après le précédent discours sur l’Etat de l’Union, de nombreuses propositions encourageantes et tendant vers le fédéralisme ont été laissé en jachère. Les nouvelles - bien que vagues - propositions en faveur d’un vote à la majorité qualifiée sur davantage de domaines relevant de la politique étrangère, et d’une nouvelle relation avec l’Afrique sont les bienvenues, mais à neuf mois des élections européennes, il est peu probable que ces idées se concrétisent. Avec la Commission européenne se résignant face à l’inaction du Conseil, il incombe désormais plus que jamais à la société civile de garder l’idée européenne en vie.
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