Cette interview est la première que vous donnez en tant que commissaire européen au sport. Comment le sport s’inscrit-il dans vos compétences ? Quelle est l’importance de ce sujet par rapport à l’éducation, la culture et la jeunesse ?
Ce portefeuille, que je pense être le meilleur de la Commission, inclut l’éducation, la culture, la jeunesse et le sport. Ces domaines sont reliés par un objectif unique : la construction d’un esprit de communauté. Voilà ce qui rend mon travail aussi passionnant.
L’ensemble des domaines de mon portefeuille sont fortement reliés à ma propre vie : je suis professeur d’université, j’adore la culture et je suis passionné de sport, notamment en tant que supporteur de l’équipe de handball de ma ville natale, Veszprém. Comment pourrais-je favoriser certains de ces domaines par rapport à d’autres, alors que tous me sont si chers ? En tant que commissaire européen, ma mission est de servir les citoyens européens. C’est ce qui guide mon action. Le sport offre un formidable potentiel d’amélioration de la vie des Européens à bien des égards, et je suis prêt à développer ce potentiel au maximum.
L’Union européenne n’a développé des liens avec le sport que très récemment. Comment comptez-vous consolider les bases de cette relation construite au cours des cinq dernières années ?
C’est le traité de Lisbonne qui, fin 2009, a conféré à l’Union européenne des compétences en matière de sport. Plusieurs initiatives ultérieures, comme la Communication sur le Sport de 2011, ont contribué à façonner les priorités d’action de l’Union européenne en la matière. Nous avons mis en place des structures solides de coopération avec les Etats membres, et nous avons établi un dialogue structuré avec les mouvements sportifs.
Depuis 2011, les priorités du programme de l’Union européenne pour le sport ont notamment été déclinées avec les plans de travail pluriannuels de l’Union en faveur du sport. Je pense que la mise en œuvre du premier plan de travail a été un succès. Le deuxième plan de travail, davantage centré sur l’intégrité dans le sport, la dimension économique du sport et les relations entre sport et société, est au point et prêt à être lancé.
Nous avons fait des progrès important vis-à-vis de menaces pesant sur le monde du sport comme le trucage des rencontres sportives et le dopage. Par exemple, le nouveau Code mondial antidopage, auquel l’Union européenne a fortement contribué, va entrer en vigueur dans quelques semaines [Le code est entré en vigueur au 1er janvier 2015]. Dans le même temps, le volet sport du nouveau programme Erasmus+ offre un cadre de financement stable qui appuie notre agenda politique. L’ensemble de ces éléments sont une excellente base sur laquelle travailler au cours des cinq prochaines années.
Le sport est lié à de très nombreux enjeux économiques et sociétaux. Quelles seront vos priorités pour les cinq prochaines années dans le domaine du sport ?
En tant que commissaire au sport, je souhaite me concentrer sur trois priorités.
Tout d’abord, je veux promouvoir la dimension fondatrice du sport. Ce sujet m’est très cher. Pratiquer une activité sportive nous permet non seulement de vivre plus sainement, mais également de vivre en communauté. Le sport rassemble des personnes de tous âges, de toutes nationalités et de tous milieux sociaux. C’est une chose que nous devrions chérir, protéger et développer.
Ensuite, je souhaite m’attaquer aux grandes menaces pour le sport, qui remettent en question son essence même et sa place dans la société — du racisme à la corruption en passant par le trucage des rencontres sportives. Le sport est géré par les organisations sportives, est c’est ainsi que les choses devraient être. Mais le succès du sport dépend également de la confiance des citoyens. Je suis prêt à travailler en coopération avec la communauté du sport, les États membres et les acteurs régionaux et locaux, pour contribuer à restaurer et à protéger l’intégrité du sport.
Enfin, je voudrais susciter davantage de prise de conscience sur ce que le secteur du sport apporte à la croissance, à l’innovation et à la création d’emplois. Je veux faire en sorte que la Commission européenne, tout comme les Etats membres, reconnaissent et utilisent son potentiel pour relancer l’économie européenne. Nous devons nous appuyer sur ce potentiel pour que le sport joue son rôle et contribue à la croissance économique.
La semaine européenne du sport sera certainement le moment le plus marquant de l’année 2015. Comment cet évènement se concrétisera-t-il ? Quel impact aura-t-il sur les citoyens européens ?
La santé est une préoccupation que nous partageons tous. Une activité physique régulière contribue à un rythme de vie plus sain et permet de prévenir de nombreuses maladies. Nous devons aider les citoyens à en prendre conscience et c’est ce à quoi nous travaillons au niveau européen.
La semaine européenne du sport, la première dans son genre, devrait être un instrument important de promotion du sport et du rôle de l’activité physique dans notre société et dans notre vie de tous les jours. Cet évènement sera organisé sur une base annuelle à partir de 2015, et le programme Erasmus+ y apportera une aide financière considérable.
Nous avons besoin de partenaires pour que cette semaine soit un succès. Pour ce faire, nous allons signer un premier partenariat avec 14 organisations au Forum européen du Sport à Milan. J’espère que cet exemple inspirera d’autres fédérations et organisations sportives et partenaires à unir leurs efforts aux nôtres.
Sport et Citoyenneté est le premier think-tank dédié aux politiques européennes du Sport. Comment pourrions-nous contribuer à vos objectifs et quelles sont vos attentes à l’égard de la société civile en général ?
Je compte sur vos idées pour contribuer à enrichir nos activités et pour identifier de nouveaux domaines dans lesquels la politique européenne du sport devrait être active. Concernant les organisations de la société civile, je voudrais les voir s’impliquer davantage dans nos projets, mettre en place nos objectifs communs et nous faire part de leurs remarques sur nos priorités d’action.
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