Non le tableau n’est pas si noir... Dans le dernier classement établi par Reporters sans frontières, le Portugal se classe 10e, l’Espagne arrive 29e, la liberté des médias continue à progresser en Italie… Au sein des pays d’Europe méditerranéenne, les motifs d’espoirs existent pour les journalistes. « Il est même possible de travailler avec Matteo Salvini, si vous sollicitez une interview, vous l’avez, et ce sont des interviews qui se passent dans un climat respectable », nous explique ainsi Alban Mikoczy, correspondant de France 2 en Italie. L’époque “Berlusconi” est définitivement révolue : « Salvini ne possède pas de chaîne de télévision qui serait à ses ordres ». Le pays a gagné 36 places depuis 2016 dans le classement établi annuellement par RSF. L’Italie est aujourd’hui 41e. Au Portugal, les pressions externes sur les journalistes sont de moins en moins fréquentes. En Espagne, la situation varie peu depuis plusieurs années et là aussi, le statut des journalistes est globalement protégé.
Au coeur de la mer Méditerranée, le tragique assassinat de la journaliste d’investigation Daphne Caruana Galizia à Malte en 2017 a entraîné une crise politique au sein de l’île et a mis en exergue le harcèlement judiciaire et les pressions subis par les journalistes dans le petit pays qui n’arrive qu’en 81e place du classement mondial établi par RSF. Après cette prise de conscience, plusieurs mouvements issus de la société civile maltaises plaident désormais en faveur d’une plus grande transparence en matière de politique fiscale et de lutte contre la corruption.
En effet, les menaces sur les journalistes restent nombreuses dans le sud de l’Union européenne. En Grèce, lieu de naissance historique de la démocratie, la liberté d’information diminue depuis la crise financière de 2008. L’austérité a mis en péril la profession de journaliste et la possession e la plupart des médias par quelques grands hommes d’affaires a alimenté une crise de confiance entre la presse et le public. Le pays, 65ème dans le classement RSF, a également été le théâtre d’une vente aux enchères qui a abouti à l’attribution de licences nationales de télévision à six des huit propriétaires de stations de télévision privées.
Et outre la pression des milieux économiques, les médias doivent également faire face aux tensions politiques. En Espagne, lors des élections législatives de novembre 2019, le parti d’extrême droite VOX est devenu la troisième force politique du pays. Et le parti dirigé par Santiago Abascal s’est notamment fait remarquer pour avoir imposé un blackout à toute une série de quotidiens et de médias numériques espagnols. Les situations locales comme en Catalogne ne sont pas non plus rassurantes : Le 1er octobre 2019, lors de la célébration par les pro indépendantistes du deuxième anniversaire du résultat du référendum sur l’indépendance, la journaliste Laila Jiménez a été victime de violences physiques. Plus récemment encore, en janvier 2020, c’est un journaliste allemand couvrant une manifestation contre la présence de migrants en Grèce qui a été attaqué.
Ces situations problématiques ne datent pas d’hier. La démocratie est notamment rongée depuis des années à Malte et en Grèce. Cependant, les pays d’Europe méditerranéenne semblent être à un tournant. Ils peuvent soit continuer leurs efforts afin de préserver la liberté des médias en décidant par exemple en Espagne d’abroger la loi de protection de la sécurité publique qui interdit de filmer ou de photographier les actions de la police depuis le 1er juin 2015. Ou bien, ils peuvent laisser des problèmes émerger, comme la véhémence sur les réseaux sociaux qui s’est propagée au Portugal à l’encontre du hacker et lanceur d’alerte Rui Pinto, à l’origine de nombreuses révélations des « Football Leaks ». La liberté de la presse n’est jamais acquise, et la vigilance dans cette région d’Europe en particulier doit rester grande.
Lors de notre série spéciale « liberté de la presse en Europe en 2020 », retrouvez également des articles plus détaillés sur la liberté de la presse en Espagne, en Catalogne, au Portugal, à Malte, en Grèce, en Italie et dans les cinq micro-États européens (Andorre, Liechtenstein, Saint Marin, Monaco et Vatican).
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