L’action de l’Union européenne contre le terrorisme
L’ensemble des dirigeants des institutions européennes ont rapidement réagi et exprimé leur tristesse et leur soutien à la France en ces moments de deuil. Le président du Conseil, le Polonais Donald Tusk, le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, le Président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, mais également l’ensemble des députés et commissaires européens ont témoigné de leur soutien envers le peuple français. Tous ont respecté des minutes de silence, et ils sont nombreux à avoir participé à la marche dimanche.
Il est vrai que l’Union européenne est, depuis longtemps, confrontée à de nombreuses formes de terrorisme, motivé pour des raisons diverses, idéologiques, territoriales ou religieuses notamment. Les extrémistes de tous bords, les fondamentalistes de toutes confessions se sont régulièrement attaqués aux pays européens, s’en prenant soit à leurs symboles, soit à leurs citoyens, qu’ils soient membres d’une communauté particulière ou anonymes. La France a souvent été meurtrie, mais d’autres pays ont également été touchés, tels l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, et, hors UE, la Bosnie-Herzégovine, la Norvège ou la Suisse.
Le caractère transfrontalier de la menace, des revendications et des procédés terroristes ont rapidement amené l’Union européenne à développer une politique de coopération face au terrorisme. Ce travail commun prend différentes formes. Au niveau de la réflexion, plusieurs stratégies et plans d’actions ont été élaborés, rédigés et actualisés, afin de déterminer les menaces et priorités communes.
A un niveau plus opérationnel, des listes d’organisations ou de personnes responsables d’actes terroristes sont établies, les avoirs de ceux qui y figurent sont gelés et leur entrée sur le territoire européen impossible. Les services de renseignements travaillent main dans la main et s’épaulent lors de missions de prévention d’actes terroristes ou d’alerte attentat par l’échange d’informations. Depuis plusieurs années, ce sont des dizaines d’attentats qui ont été évités ou élucidés grâce à ces coopérations. Le mandat d’arrêt européen, instauré en 2002, permet également aux autorités nationales d’accélérer les procédures judiciaires anti-terroristes en remplaçant les longues et difficiles procédures d’extradition. Enfin, un certain nombre d’agences de l’Union européenne sont directement impliquées dans la lutte contre le terrorisme, comme l’Office européen de police (Europol), l’Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne (Eurojust) ou le Collège européen de police. Un coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme (actuellement le Belge Gilles de Kerchove) veille à une meilleure coordination de toutes les instances européennes en la matière et à l’élaboration d’une stratégie commune pour faire face à la menace terroriste.
La solidarité de l’Union européenne face au terrorisme
Ce qu’il faut retenir, plus encore peut-être que les politiques publiques mises en œuvre au niveau européen pour prévenir, résoudre et punir les actes terroristes, c’est le formidable élan de solidarité de nos voisins européens. Les dirigeants politiques de tous les pays, de toute sensibilité politique, philosophique et religieuse, Angela Merkel, David Cameron, Matteo Renzi, pour ne citer qu’eux, ont condamné immédiatement dans les termes les plus forts ce massacre innommable qui endeuille la France, et surtout ont exprimé la solidarité de leurs peuples, en se joignant au peuple français dans la rue ce dimanche.
Ces mots n’étaient pas creux. En témoignent les très nombreuses manifestations spontanées, qui se sont tenues à Londres, Bruxelles, Berlin et bien d’autres villes encore. Ces rassemblements ont permis aux Européens de communier en ce moment de douleur et d’incompréhension. Les images « Je suis Charlie », « Charlie Hebdo » ou reprenant des dessins de presse se sont répandues plus vite qu’une traînée de poudre ; elles se sont multipliées dans les rues, aux fenêtres, sur les réseaux sociaux, portées par des anonymes, brandies par des citoyens.
Cet élan prouve que ce qui nous unit est bien plus fort, bien plus important, bien plus essentiel - au sens propre - que ce qui nous sépare. Nos différences linguistiques, culturelles et politiques ne sont rien en comparaison de notre attachement commun, unanime, aux valeurs aussi essentielles à notre démocratie que sont la liberté de la presse, la liberté d’expression et l’Etat de droit. De Dublin à Bucarest, de Stockholm à Athènes, de Madrid à Vilnius, les citoyens européens ont montré leur attachement profond, viscéral à ces principes fondamentaux qui sont constitutifs de notre liberté et de notre sécurité, qui sont des piliers de notre identité commune.
C’est pourquoi il est également important de ne pas céder aux sirènes de la simplicité. Certains, bien qu’ils s’en défendent, cherchent déjà à désigner des boucs émissaires par amalgames : les musulmans, qui entretiendraient les intégrismes ; l’Europe, qui ouvrirait grand nos frontières aux djihadistes ; les journalistes, qui l’auraient finalement « bien cherché ». Ces réactions sont choquantes et indignes. Ne cédons pas à la facilité, ce ne serait pas rendre hommage aux militants de la démocratie qui ont payé de leur vie leur défense acharnée, jusqu’au-boutiste, héroïque de nos valeurs.
Les yeux du monde sont braqués sur nous, sur notre réaction. Soyons à la hauteur des attentes qui sont placées en nous. Ne cédons ni à la peur, ni à la panique, ni à la perniciosité des mouvements qui veulent prospérer grâce à cette ignominie. Face à une telle violence, dans ces moments tragiques, garantissons la pérennité de notre modèle de démocratie et de liberté, en France, en Europe et ailleurs.
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