Finlande : Sauli Niinistö en grand favori à sa propre succession

, par Thomas Buttin

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Finlande : Sauli Niinistö en grand favori à sa propre succession
Le Président de la république finlandaise, candidat à sa propre succession, Sauli Niinistö. CC - TPKanslia

Le 28 janvier prochain, les finlandais sont appelés aux urnes pour élire le successeur à la présidence de la République de Sauli Niinistö, qui se présente à sa propre succession. Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue, un second tour sera organisé le 11 février. Cette élection constituera un tournant dans les relations qu’entretient le pays avec l’Union européenne à la lumière des débats passionnés mais clivants des candidats sur les enjeux européens.

Le Suomen Tasavallan Presidentti [1]

Le chef de l’Etat finlandais est élu pour un mandat de six ans. Ce scrutin a lieu au suffrage universel direct depuis 1994 à la fin janvier pour le premier tour (deux semaines plus tard pour le second), et le candidat élu prend ses fonctions au début du mois suivant son élection. Dans le cas où une seule personne serait candidate à la présidence, le scrutin n’est pas organisé et l’unique candidat est élu d’office à la tête du pays. Le président de la République ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Les candidats, qui doivent nécessairement être nés citoyens finlandais, peuvent être désignés par un parti ou un groupe rassemblant au minimum 20 000 électeurs.

Le Président finlandais exerce la politique étrangère et la défense du pays, il est le commandant en chef des armées. Cependant il reste étranger aux affaires intérieures sur lesquelles il n’a aucun pouvoir. Le 21 octobre 2011, une réforme constitutionnelle adoptée par l’Eduskunta [2] a modifié les pouvoirs présidentiels, en inscrivant dans la Constitution que la Finlande est représentée au sein de l’Union européenne par son Premier ministre.

Les candidats à la présidence de la République de Finlande

Huit personnes sont officiellement candidates à la présidence, dont plusieurs députés européens. Tout d’abord, Sauli Niinistö, indépendant, est candidat à sa propre succession à la présidence. Il a été ministre de la Justice (1995-1996) et des Finances (1996-2003), et ancien président du Parlement (2007-2011), il a été élu à la présidence de la République en 2012 à la tête du conservateur et libéral Parti de la coalition nationale (KOK).

La deuxième force politique du pays est représentée par Pekka Haavisto, 59 ans, candidat des Verts (VIHR). Ancien ministre de l’Environnement (1995-1999), il a également travaillé à l’ONU. En 2005, il est devenu le représentant de l’Union européenne au Soudan, puis a été élu député lors des élections législatives de 2011.

L’extrême droite est quant à elle représentée par Laura Huhtasaari, candidate du parti des Vrais Finlandais. Elle est actuellement membre de la commission des affaires juridiques, de la commission de l’Education et de la Culture, ainsi que de la délégation finlandaise au Conseil nordique.

Paavo Väyrynen est l’ancien président du Parti du centre (KESK) mais n’est pas candidat avec cette étiquette. Il a tout de même reçu le soutien de 20 000 électeurs et peut ainsi porter sa candidature. Il est député européen depuis 2014. Mais il n’est pas la seule figure centriste présente à ce scrutin : Matti Vanhanen est quant à lui le candidat du Parti du centre (KESK). Ancien vice-président de la commission de l’Environnement et du groupe parlementaire KESK (1994-2001) et également ancien Premier ministre (2003-2010), il a participé à la Convention sur l’avenir de l’Europe entre 2002 et 2003.

Plusieurs candidatures ont également émergé à la gauche de l’échiquier politique : Merja Kyllönen est la candidate de l’Alliance de la gauche (Vas). Ancienne ministre des transports (2011-2014), elle est élue députée européenne aux dernières élections de mai 2014. Tuula Haatainen est quant à elle la candidate du Parti social-démocrate de Finlande (SDP). Ancienne ministre des Affaires sociales et de la Santé (2005-2007) et de l’Education (2003-2005), elle travaille depuis 2010 en tant que directrice de l’organisation représentante des collectivités locales en tant qu’employeur. Enfin, Nils Torvalds député européen depuis 2012, représente le Parti populaire suédois de Finlande.

La question européenne au cœur de la campagne électorale

Grand favori de l’élection, Sauli Niinistö doit affronter un fort mouvement europhobe et eurosceptique révélé par la présence de plusieurs candidats proposant une sortie de la Finlande de l’Union européenne. Paavo Väyrynen se démarque de son ancien Parti du centre notamment sur les questions européennes en proposant un retour d’une monnaie nationale pour son pays. Mais la populiste Laura Huhtasaari est probablement la plus dangereuse en termes de suffrages, et également en ce qui concerne les valeurs communes aux européens : elle a estimé en février dernier que l’Union européenne va s’effondrer et que la Finlande devrait la quitter. De même, elle s’oppose à l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, alors même qu’elle soutient une coopération avec l’alliance. A l’instar de Donald Trump qu’elle soutient, la candidate du parti des Vrais Finlandais plaide pour le retrait de son pays de l’Accord de Paris sur le climat.

Comme lors du dernier scrutin, l’attitude à l’égard de l’Union européenne s’est imposée comme un clivage essentiel de l’élection présidentielle et des débats politiques en Finlande.

Cependant, la présence de candidats eurosceptiques à l’élection présidentielle finlandaise ne retire pas au pays son implication profonde dans la construction européenne, et son attachement grandement majoritaire à l’appartenance à l’Union . C’est d’ailleurs, à ce propos, un facteur d’inquiétudes sur une éventuelle ingérence russe qui pourrait conduire à l’isolement de la Finlande de l’Union européenne, ainsi que l’obstruction des discussions relatives à l’OTAN, qui ont mené en octobre dernier le Comité de sécurité du Ministère de la Défense finlandais à envisager différents scénarios sur le déroulement de cette élection.

Sauli Niinistö, grand favori de l’élection présidentielle

A deux semaines du premier tout de l’élection, Sauli Niinistö est le grand favori. Selon les analystes de sondages, il pourrait même s’imposer dès le premier tour du 28 janvier prochain, remportant ainsi la majorité absolue requise. L’écart entre le Président de la République sortant et les autres candidats n’a cessé de se creuser ces dernières semaines en raison d’une popularité grandissante lui ayant même permis de se présenter sans soutien d’un parti politique.

Selon la dernière enquête d’opinion réalisée, 70% des personnes interrogées soutiennent la réélection du Président de la République sortant. Son principal rival, Pekka Haavisto ne recueillerait, lui, qu’environ 14% des suffrages, égalant ainsi son score honorable de 2012, et faisant du parti écologiste la deuxième force politique du pays. Ce score s’explique notamment par les bonnes relations qu’a pu établir le Président Niinistö avec la Russie de Vladimir Poutine lors de son précédent mandat. Les candidats eurosceptiques, quant à eux, ne recueilleraient qu’un petit 6% des voix. Le suspens autour de cette élection n’est ainsi pas considérable, même il sera intéressant de suivre les résultats à la lumière des répercussions potentielles pour l’Union, et de la politique européenne qui sera menée par la Finlande au cours de ce prochain mandat. Alors que les élections législatives de 2015 avaient entrainé la constitution d’un gouvernement de coalition avec un parti d’extrême droite, ce scrutin semble témoigner d’un affaiblissement politique du parti des Vrais Finlandais. L’an prochain, les finlandais seront à nouveau appelés aux urnes pour la députation, ce qui pourrait mettre fin à la présence de l’extrême droite dans le gouvernement actuel. Pour ce qui est du scrutin à venir, à moins d’une surprise, la Finlande réélira Sauli Niinistö à la présidence de la République pour les six prochaines années.

Mots-clés
Notes

[1Président de la République en finnois

[2Parlement monocaméral de la Finlande

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