Flux et barrages à l’hydraulique en Europe

Un article de la série « énergies en Europe : un état des lieux »

, par Jérôme Flury

Flux et barrages à l'hydraulique en Europe
Barrage de Fedaia en Italie (Source Image : Pixabay)

Article s’inscrivant dans la série sur les énergies en Europe. Objectifs de réduction des émissions, tensions géopolitiques sur l’approvisionnement, la question de l’énergie est essentielle pour l’Union européenne. Parmi les diverses sources, l’hydraulique ne doit pas être sous-estimée.

Sur la planète bleue, il s’agit en 2020 d’une des sources d’énergies renouvelables les plus importantes : l’énergie hydroélectrique. La puissance cumulée des barrages et centrales installés dans le monde fait de l’hydroélectricité, d’après le site European Rivers Network (ERN), la troisième source de production électrique mondiale (16%), derrière le charbon (41 %) et le gaz (21%). Et si les principaux producteurs de cette énergie restent la Chine, le Canada, le Brésil et les États-Unis et que le barrage qui fait le plus parler ces derniers mois est le barrage de la Renaissance, construit par l’Éthiopie sur le Nil, l’Europe n’est pas en reste.

Des capacités méconnues

Sur le Vieux continent, le pays le plus producteur d’hydroélectricité était ces dernières années la Norvège avec 31 626 MW de puissance installée, d’après les données de l’ERN. Sur la production d’électricité du pays en 2020, 92% provient de l’hydroélectricité, 2% des énergies fossiles… Le pays nordique pourrait même former un « hub pour décarboner l’UE » selon une note du Centre Énergie et Climat de l’Ifri publiée en 2020. La France occupe la deuxième place du continent et la première de l’Union européenne (UE) avec 25 405 MW, devant l’Italie et l’Espagne. Les capacités actuelles et les potentiels futurs sont tous deux très variables entre les divers États membres de l’UE. L’Union n’a en tout cas plus d’autre choix que de miser sur une évolution majeure à la fois de sa consommation mais aussi de sa production d’énergie si elle souhaite atteindre l’objectif de neutralité carbone fixé à 2050.

L’hydroélectricité présente des avantages certains. La source d’énergie, l’eau, est stockable, contrairement à d’autres types d’énergies. “Aujourd’hui les centrales hydroélectriques jouent un rôle important dans la production d’énergies renouvelables et dans la diminution des émissions de CO2”, est-il ainsi écrit dans une brochure émise par la Commission européenne, qui ajoute cependant que “cette activité peut avoir diverses conséquences négatives sur le cours des rivières, les habitats des populations de poissons et autres organismes aquatiques, et sur la faune et la flore protégées par la législation de l’UE”.

S’il est plus simple de construire de petits barrages “au fil de l’eau”, des constructions en augmentation ces dernières années, les “grandes installations”, qui ne constituaient que 9% des aménagements existants dans l’Union en 2011 génèraient pourtant près de 87% du total de la production hydroélectrique cette année-là. Au sein de l’Union européenne coulent plusieurs fleuves d’importance, comme le Rhin, le Danube ou la Loire, sur lesquels sont implantées de nombreuses centrales hydroélectriques.

La Commission fait sa loi

Notre conviction est que l’hydroélectricité va jouer un rôle majeur dans l’avenir en accompagnant le développement des autres énergies renouvelables intermittentes”, développe Roland Vidil, président d’Hydro 21, association située à Grenoble et regroupant une soixantaine d’acteurs du domaine. Mais attention, la Commission européenne veille à la bonne gestion des barrages hydrauliques. Elle a lancé une procédure d’infraction au début de l’année 2019 contre huit pays dont la France pour « faire en sorte que les marchés publics dans le secteur de l’énergie hydroélectrique soient attribués et renouvelés dans le respect du droit de l’UE ». Libération mais aussi les Décodeurs de l’Europe sont alors revenus sur les questions posées en termes de privatisation des structures hydroélectriques.

La Commission demande plus précisément aux États membres de respecter la mise en concurrence des concessions hydrauliques, en procédant à des appels d’offres. Et les récalcitrants ne l’entendent pas forcément de cette oreille. L’État français pourrait ainsi placer le secteur en quasi-régie pour éviter l’ouverture à la concurrence, ce à quoi s’oppose par exemple la Société hydroélectrique du Midi (Shem), filiale d’Engie.

Un autre point qui sera à surveiller concerne une proposition de la Commission européenne sur la taxonomie de la finance durable. D’après le site Atlantico, cette proposition conduirait entre autres “à distinguer l’hydroélectricité et le nucléaire des autres énergies “propres” comme l’éolien ou le solaire”. “Souhaite-t-on lutter contre les émissions de CO2 et la crise climatique ou pas ? Si oui, alors il faut mettre toutes nos forces dans les moyens de production décarbonés, nucléaire et hydraulique inclus”, explique le docteur en physique Alexis Quentin. Mais cela n’est encore qu’une supposition, le texte n’ayant pas encore été publié. L’hydroélectricité reste en tout cas un enjeu pour l’UE et pour les pays membres. En France, le président d’Hydro21 a écrit une tribune à la mi-décembre de 2020 sur cette “filière stratégique”. Alors, peut-être que l’hydroélectrique serait bien une source d’énergie sur laquelle compter dans un avenir plus ou moins proche.

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