Le 15 mai doit avoir lieu le grand débat des Européennes. Les cinq candidats à la présidence de la Commission (Martin Schulz, socialiste – Jean-Claude Juncker, droite – Guy Verhofstadt, centre – Alexis Tsipras, gauche radicale – José Bové ou Ska Keller, Verts) s’affronteront dans un débat présidentiel. Comme annoncé il y a plusieurs mois par le Parlement européen, ce débat utilisera le même réseau que l’Eurovision via l’Union européenne de radiotélévision (UER) qui a en son sein notamment France Télévisions.
Or les chaînes membres de l’UER n’ont aucune obligation de diffuser ce programme, en direct ou en léger différé pour en permettre la traduction, comme le rappelle le journaliste Philippe Ricard sur son blog du Monde. Pire, France Télévisions estimerait que la diffusion de ce débat sur son internet suffit largement.
C’est ce que confirme le député Philip Cordery, nouveau secrétaire national du PS à l’Europe, dans une lettre adressée au président de France Télévisions. Plusieurs sources internes à France Télévisions confirment également cette tendance, au profit de « débats maisons ».
On ne peut qu’être inquiet quand on se rappelle que récemment pour Des Paroles et des Actes, France 2 a accepté de décommander Martin Schulz pour un débat face à Marine Le Pen sous prétexte que celle-ci voulait être opposée à un « Français ». Aura-t-on comme en 2009 un grand débat pour les Européennes où étaient présents sur le plateau plusieurs chefs de partis qui n’étaient pas pourtant pas candidats aux Européennes ?
Un scandale démocratique
Il est révoltant que le Service public audiovisuel refuse par principe de diffuser un débat si important fourni gratuitement. D’une part, on ne peut pas décider par avance que les Français ne sont pas intéressés par l’Europe alors qu’on ne leur a jamais proposé un vrai débat sur l’Europe. D’autre part, on se demande pourquoi France Télévisions refuse un débat où il n’y aura rien à dépenser en ces temps de réduction budgétaire.
France Télévisions n’est pas la pire des chaînes dans le traitement de l’actualité européenne. Régulièrement, des directs sont organisés durant le journal de 20h de France 2 avec le correspondant à Bruxelles, François Beaudonnet. Sur France 3, existent des revues de presse européennes dans Soir 3 et l’émission de Véronique Auger le dimanche « Avenue de l’Europe » est d’une très bonne qualité. Cependant, on s’interroge sur le pourquoi d’une telle décision.
C’est comme si le débat présidentiel en France n’était diffusé que sur le site internet du service public audiovisuel. Il ne serait pas sûr que les Français soient aussi intéressés par la campagne en France si nous avions si peu d’informations sur l’Assemblée nationale ou ce débat que nous en avons pour le Parlement européen et les élections du 25 mai. D’autant plus qu’il n’y aura qu’un seul tour à cette élection.
Pourquoi un tel rejet de ce débat pourtant si important pour la démocratie européenne ? Le débat sera animé en anglais, mais chacun des candidats pourra répondre dans sa langue maternelle et une traduction sera fournie pour chaque pays. Il n’y aura certes pas de présentateurs de France 2 à l’antenne, mais on ne peut pas croire que cela puisse influer sur ce genre de décisions.
L’heure de la mobilisation générale ?
Un député (national) a réagi. A la société civile pro-européenne, aux eurodéputés et aux candidats aux Européennes de réagir à leur tour. Pour que cela ait un peu d’ampleur, il faudrait que tout le monde signe un même texte demandant officiellement à être reçu par France Télévisions pour que cela ait un peu de visibilité.
Il est probable que les Jeunes Européens - France, l’UEF-France, Sauvons l’Europe, le Mouvement Européen - France, les Cabris de l’Europe, Puissance Europe, Nouvelle Europe, la Fédération des Maisons de l’Europe et autres associations suivent. Les candidats seraient-ils prêts à signer un texte transpartisan avec nous ?
Le nouveau secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Harlem Désir, s’honorerait à soutenir une telle démarche.
1. Le 18 avril 2014 à 23:17, par Yannick HERVE En réponse à : France 2 et France 3 refuseraient de diffuser le débat entre candidats à la Commission le 25 mai
LE vrai scandale c’est qu’aucun débat ne prévoit d"inviter tous les candidats d’une région. Les « petits » partis sont systématiquement écartés. Les candidats à la présidence du machin européen sont tous d’accord sur le fonctionnement mortifère de l’Union Européenne. Il faut inviter TOUTES les sensibilités même les opposants au projet européen. Où est le droit à l’information ? où est la démocratie ?
2. Le 29 avril 2014 à 21:37, par Coulon Paul En réponse à : France 2 et France 3 refuseraient de diffuser le débat entre candidats à la Commission le 15 mai
Un débat public télévisé est nécessaire, utile et opportun, compte tenu des enjeux ! Le contraire serait le signe d’un détournement du service public.
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