50.000. C’est le nombre d’habitants que gagne chaque année en moyenne la région Occitanie, soit l’équivalent d’une ville comme Sète ou Carcassonne. En 20 ans, l’agglomération toulousaine a gagné environ 200.000 habitants, dépassant en 2020, la barre symbolique du million d’habitants. Quatrième ville de France, Toulouse n’a plus grand chose de la capitale provinciale qu’elle était et s’impose de plus en plus comme une métropole européenne. L’attrait que suscite la ville du fait de son climat, de son cadre de vie et de ses industries de pointe pose la question de l’urbanisation d’une métropole en mutation. Confrontée à des difficultés quant à l’étalement urbain, à la densification de l’habitat et mal-reliée aux autres grandes métropoles nationales et européennes, Toulouse est plus que jamais au cœur des questionnements sur l’avenir de ses mobilités.
D’une capitale régionale isolée à une métropole attractive
Toulouse fut longtemps une simple « capitale provinciale », prospère grâce à l’aéronautique, sans pour autant connaître le développement caractéristique des métropoles européennes. La création des métropoles d’équilibre par l’Etat et les lois de décentralisation des années 1960 aux années 1980 changèrent néanmoins la donne. Toulouse devint progressivement une des villes les plus attractives du pays, sortant inconsciemment de son statut pluriséculaire de simple capitale régionale. Depuis la fin des années 1990, le développement de la ville semble connaître un nouvel âge d’or avec une démographie plus élevée que jamais et une situation économique qui reste très enviable en comparaison d’autres métropoles françaises. Si la crise de la Covid-19 constitue un coup d’arrêt, les fondements d’une attractivité de long terme sont posés.
En effet, l’attractivité d’un territoire se mesure à sa capacité à attirer les flux, c’est-à-dire les richesses, notamment les industries de pointe (dans le cas d’un pays comme la France), et surtout à les conserver sur son territoire. En se positionnant sur les industries de pointe dans les domaines de l’aéronautique et du spatial, en garantissant un cadre de vie de qualité avec notamment des écoles et des universités de renom, Toulouse s’est assurée un avenir prospère en se posant comme une métropole nationale d’envergure. Cependant, un fait demeure, Toulouse n’est pas une métropole européenne ou du moins elle est une métropole européenne en construction.
Devenir européenne : le projet Grand Matabiau
Siège d’une région Occitanie dynamique et qui se pense de plus en plus à l’échelle transnationale - comme en témoigne le développement des liens entre la région et la Generalitat de Catalunya et avec le gouvernement des Îles Baléares ou encore la diversité des programmes INTERREG - Toulouse ne connaît que peu de flux transfrontaliers en dépit de sa position géographique et de son rang de métropole. Si des liens étroits unissent Toulouse à Saragosse et dans une moindre mesure à Barcelone, la coopération entre ces villes reste loin de l’intensité des échanges de flux unissant d’autres métropoles comme Lyon avec Turin ou Genève par exemple.
Ce « mal toulousain » est lié à l’isolement de la ville du point de vue des transports autoroutiers et ferroviaires. Ville de l’aéronautique, Toulouse est mal desservie en train pour une métropole de son envergure. Les Pyrénées restent une barrière infranchissable là où les Alpes sont un espace d’échanges ultra-attractif au cœur de la mégalopole européenne. Or, si Toulouse peut jouer un rôle majeur dans le rééquilibrage de l’UE vers le Sud, cela passe par la création d’un pôle d’échanges multimodal d’envergure. C’est dans ce cadre qu’est né le projet Grand Matabiau.
D’ici à 2030, le quartier de Matabiau doit devenir un des plus importants pôles d’échanges de France. La gare de Toulouse-Matabiau va passer d’environ 50.000 voyageurs journaliers en 2020 à 150.000 voyageurs journaliers en faisant la 4ème gare française (hors IDF). L’arrivée future de la Ligne Grande Vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse-Narbonne (Sud-Europe-Atlantique) connectée à la LGV Méditerranée (Paris-Barcelone) en gare de Narbonne devrait faire bondir le trafic ferroviaire et donner une impulsion économique majeure à la métropole de Toulouse. Les travaux de ces deux LGV doivent s’achever à l’horizon 2040-2050, Toulouse doit être reliée à Bordeaux par la nouvelle LGV d’ici à 2030 c’est-à-dire au moment où la troisième ligne de métro de la métropole doit être inaugurée.
Mieux reliée aux autres villes françaises et à ses voisines espagnoles, le Grand Matabiau devrait acter la transformation de Toulouse en véritable métropole européenne. D’autant plus que le projet prévoit aussi de faire du quartier un véritable centre d’affaires européen à l’image de ce qui avait été fait avec le quartier d’affaires de la Part-Dieu à Lyon. En outre, 300.000 mètres carrés de bureaux et locaux sont en cours de création, 50.000 mètres carrés de locaux commerciaux et de services ainsi que plus de 2000 logements vont sortir de terre. Symbole de l’émergence de Toulouse comme métropole européenne : la construction de l’Occitanie Tower, haute de 153 mètres et premier gratte-ciel de la ville, un des plus hauts de France et imaginé par l’architecte polonais Daniel Libeskind à l’origine notamment du nouveau World Trade Center de New-York.
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