Heureux d’un nouvel euro ? L’euro numérique arrive !

, par Justin Horchler

Heureux d'un nouvel euro ? L'euro numérique arrive !
Conférence de presse tenue par Valdis Dombrovskis (vice-président de la Commission européenne), Paolo Gentiloni et Mairead McGuinness (commissaires) sur l’euro numérique, le 28 juin 2023. Audiovisual service - European Commission

La Banque centrale européenne, comme ses nombreux homologues étrangers, ambitionne de créer une monnaie numérique avant 2028. Est-ce donc la fin de la monnaie sous sa forme physique ? Les évolutions technologiques récentes feront-elles disparaître les billets et les pièces ?

L’idée a déjà été lancée. Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), avait engagé des consultations publiques dès 2020. La semaine dernière, la Commission européenne a présenté une proposition de son « paquet monnaie unique » allant également dans ce sens.

L’idée est que cet euro numérique sera la monnaie digitale des États membres de la zone euro. Les caractéristiques de cette monnaie seront similaires à celles des crypto-monnaies que nous connaissons. Cependant, la spécificité principale sera que cette monnaie aura un cours légal, donc ne pourra être refusée. Son nom : Cash+.

Une initiative portée par les pouvoirs publics

Dans une tribune publiée par plusieurs presses européennes, Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne, et Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE considèrent que “notre système monétaire, qui a pour fondement notre monnaie unique, doit s’adapter pour répondre aux avancées numériques”. Ils expliquent que “le recours aux espèces pour effectuer des paiements est, à l’évidence, en recul dans de nombreuses régions du monde, y compris en Europe. Alors que nous nous acheminons vers une économie véritablement numérique, la suite logique est d’adapter l’argent liquide à cette nouvelle ère”.

Ainsi, l’idée n’est pas de forcer la dématérialisation de la monnaie mais plutôt d’accompagner ce processus qui est déjà en cours. L’objectif est aussi d’éviter que cette numérisation des transactions monétaires se fasse sans l’intervention des pouvoirs publics. En effet, le secteur privé (d’ailleurs basé généralement hors de la zone euro) ambitionne de profiter de cette évolution et de gagner des parts de marché en développant ses propres solutions, ce qui est impossible avec la monnaie physique en raison du monopole public sur son émission. La BCE ne souhaite pas perdre son hégémonie sur la monnaie et participe ainsi à ces changements.

Cela permet à la BCE, inter alia, de s’assurer de la stabilité de l’économie et de pouvoir réguler si besoin pour "protéger l’autonomie européenne en matière de paiement". C’est aussi une stratégie vers l’autonomie stratégique du continent en luttant contre la domination de Visa et Mastercard en Europe. La Commission et les États membres encouragent cette initiative car considèrent que l’inaction aurait un coût bien plus important.

Un nouvel outil au service des européens

Lors d’une conférence de presse, Dombrovskis réassure et explique qu’ « avoir un portefeuille numérique en euros rechargé sur votre téléphone, ou un autre appareil, sera la même chose qu’avoir des pièces et des billets dans votre poche. Vous pourrez payer tout aussi facilement et vous n’aurez même pas besoin d’une connexion internet ». Ce n’est donc que le support qui évolue, du papier aux appareils électroniques, sans pour autant bouleverser les habitudes. Les européens pourront accumuler 3000 à 4000 euros dans ce porte-monnaie dématérialisé (en plus de leur porte-monnaie physique, car les billets ne disparaîtront pas pour autant).

L’euro numérique sera avantageux pour les européens. Ce service sera entièrement gratuit (contrairement aux prestataires privés), plus accessible (notamment à ceux qui se voient aujourd’hui refuser un compte par les banques privées) et plus sûr.

Des inquiétudes quant aux données

La BCE pourrait donner son accord dès octobre 2023, et cet euro numérique serait en circulation à partir de 2027 (plus probablement 2028 ou 2029). Le chemin reste cependant très long. Le Parlement européen et le Conseil devront valider ce projet. De plus, les autorités devront rassurer les citoyennes et les citoyens européens très concernés par la protection de leur vie privée.

La BCE promet que Cash+ ne sera pas un outil pour surveiller et que de nombreuses garanties seront instaurées. La Commission européenne de son côté précise que les utilisateurs « pourraient effectuer des paiements numériques en communiquant moins de données à caractère personnel qu’ils ne le font aujourd’hui lorsqu’ils paient par carte, exactement comme lorsqu’ils paient en espèces, ou comme lorsqu’ils retirent de l’argent à un distributeur automatique. Personne ne pourrait voir ce qu’ils paient hors ligne en euros numériques. »

L’euro numérique est en effet une évolution de notre usage de la monnaie, mais ne sera pas pour autant une révolution. Il offrira de nouveaux avantages qui assureront une plus grande sécurité et favoriseront les échanges

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