Pour elle, la mobilité des personnes est un élément clé du projet européen et un atout - économique, social, culturel - pour tous les Etats-membres. Celle-ci permettrait d’élargir l’espace des possibles pour les citoyens tout en leur donnant l’impression d’appartenir à une même communauté de destin. Elle souhaite ainsi une meilleure coopération entre la France et la Roumanie, sur la base d’une convergence de valeurs : selon ses propos ces deux pays auraient en commun de nombreux principes et idées issues des philosophes des Lumières et entretenaient autrefois des relations très étroites ; Bucarest est d’ailleurs surnommé « Le petit Paris » !
Le blocage de certains pays à l’adhésion de la Roumanie s’expliquerait par des raisons politiques, centrées autour d’enjeux électoralistes nationaux, car cette adhésion est « légitime » sur le plan économique, social et sécuritaire. Elle dénonce notamment l’instrumentalisation du faux problèmes des Roms dans le débat.
Le faux problème des Roms dans ce débat
« L’accès à un espace de libre circulation des personnes inciterait définitivement les Roms à se déplacer vers l’Ouest » prétendent certains détracteurs. De fait il s’agit d’une population « nomade » et donc amenée à se déplacer sur l’ensemble du territoire européen, que les frontières physiques soient ou non maintenues (ils le font déjà malgré les contrôles). Ensuite, comme pour les travailleurs roumains, rien n’indique que la fin des contrôles aux frontières induira de facto la venue en masse de cette population en France.
Ce qu’il faut souligner c’est que la Roumanie n’est pas leur pays d’origine pour beaucoup d’entre eux. De nombreuses personnes font la confusion entre roumains et « romani » alors qu’il s’agit de peuples aux trajectoires historiques et nationales très différentes. La Roumanie ne devrait donc pas assumer seule les responsabilités de leur intégration et la question de son adhésion à Schengen doit également amener l’UE à trancher sur le problème, en engageant une politique communautaire précise.
Ainsi, il est superficiel de vouloir reporter le processus d’intégration de la Roumanie dans Schengen au prétexte qu’il présenterait un risque d’afflux plus important de Roms vers la France. Cet argument paraît malheureusement très recevable auprès de l’opinion publique - dans un contexte où les polémiques sur l’intégration des Roms sont très médiatisées - et il se nourrit des peurs collectives et populaires suscitées par l’éventuelle arrivée illégale d’étrangers sur leur territoire.
En revanche ceux qui sont pénalisés par ce « faux débat » ce sont les étudiants, les journalistes, les artistes, bref les travailleurs roumains. Ils sont marginalisés du sujet alors qu’ils pourraient apporter une plus-value indéniable dans les échanges intra-communautaires.
Lavinia Sandru représente ainsi également un mouvement écologiste qui émerge progressivement en Roumanie, très engagé contre l’exploitation des gisements de gaz de shiste au bord de la mer Noire. A la recherche de soutiens extérieurs pour son mouvement, elle espère également que « l’entrée au sein de Schengen va faire en sorte que le mouvement écologiste au niveau européen devienne plus fort, plus puissant ».
Mais Lavinia ne s’arrête pas à une ouverture politique. C’est une participante active de la vie culturelle de son pays. Elle organise notamment un festival de films indépendants (EcoFest Manifesto for Earth) qui lors de sa dernière édition a réuni des courts-métrages en provenance de 25 pays.
Pour elle, l’ouverture de son pays à l’espace Schengen est aussi l’occasion d’enrichir l’espace culturel européen en favorisant les échanges entre artistes et intellectuels roumains avec ceux des autres pays membres. En tant que journaliste elle espère ainsi que cette adhésion favorisera le travail et la coopération entre les médias européens, pour finalement rapprocher l’Ouest de l’Est de l’Europe.
Lavinia Sandru incarne donc cette autre facette de la Roumanie, bien réelle et dynamique, pourtant trop souvent occultée des médias. L’adhésion à Schengen constituera pour tous ces « oubliés » - comme pour l’ensemble de la communauté intellectuelle et culturelle européenne - une véritable opportunité d’enrichissement mutuel.
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